Quel fer intraveineux est le plus efficace pour traiter l'anémie liée aux MICI ?
L'anémie est une complication fréquente des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin qui est souvent liée à une carence martiale. La prise orale de fer étant fréquemment mal tolérée et/ou mal observée dans le temps, le recours à une alternative intraveineuse est parfois envisagé. L'ECCO (European Crohn’s and Colitis Organisation) préconise que le traitement par fer IV soit envisagé en première ligne chez les sujets présentant une maladie active et une anémie ferriprive (Hb <10 g/dL). La formulation, la densité et la structure des formulations étant différentes, des études suggèrent que leur balance bénéfice-risque n'est pas identique. Une méta-analyse parue dans Alimentary Pharmacology & Therapeutics fait le point sur la question.
Méthodologie
- Une revue de la littérature anglophone a été conduite à partir des bases de données Pubmed, Scopus, Web of Science et Cochrane Library, afin de sélectionner la bibliographie traitant des maladies inflammatoires intestinales, de l'anémie et des traitements intraveineux suivants ; 'fer parentéral', 'fer dextran', 'fer saccharose'/'saccharate de fer', 'fer isomaltoside', 'carboxymaltose ferrique', 'gluconate de fer', 'ferumoxytol' (non enregistré en Europe). Leur publication s’étendait de 1997 à 2016.
- Les études prospectives et rétrospectives ayant suivi les patients traités durant au moins 4 semaines et publiées in extenso étaient incluses dès lors que les données à l'inclusion et au cours du suivi thérapeutique étaient disponibles.
- La méta-analyse en réseau a permis les comparaisons directes ou indirectes. L'objectif principal de l'étude était la proportion des patients présentant une réponse thérapeutique, définie par la normalisation du taux d'hémoglobine (Hb) ou par l'augmentation de ce taux d'au moins 2 g/dL par rapport à l'inclusion.
- Le critère secondaire de cette méta-analyse correspondait à l'ensemble des évènements indésirables liés au traitement et aux évènements indésirables sérieux (données poolées).
Résultats
- Parmi les 322 publications identifiées dans le cadre de la revue de la littérature, 50 ont été étudiées et 15 comparant une formulation IV à la voie orale ont été éligibles pour être intégrées dans l'analyse. Elles concernaient uniquement les traitements par carboxymaltose ferrique, fer saccharose/saccharate de fer, fer isomaltoside et fer dextran.
- Elles avaient évalué un traitement par fer injectable durant 4 semaines à 6 mois et avaient inclus 10 à 483 patients. Au total, ces études avaient inclus 1.746 patients. Toutes concernaient des adultes, mais deux études avaient élargi leur recrutement aux patients à partir de 15 et de 16 ans.
- Cinq études randomisées et contrôlées, soit 1.143 sujets, ont été incluses dans l'analyse. Dans 4 d'entre elles, le fer injectable présentait une efficacité supérieure à la voie orale. Le cinquième, qui comparait le carboxymaltose ferrique et fer saccharose/saccharate de fer a décrit une supériorité du premier sur le second.
- Les traitements par fer injectable étaient globalement bien tolérés. Le taux d'évènements indésirables a été de 17,0% et de 15,3% pour le fer isomaltoside et pour le fer saccharose ; il était de 12,0% sous carboxymaltose ferrique comme sous fer dextran. Un évènement indésirable sérieux lié au traitement a été rapporté sous carboxymaltose ferrique et sous fer isomaltoside ; un autre évènement a probablement été lié au traitement par fer saccharose. La seule étude ayant comparé deux formulations intraveineuses n'a pas montré de différence du taux d'évènements indésirables. Par rapport à une formulation orale la tolérance était statistiquement supérieure.
- À partir de la méta-analyse en réseau, la réponse au carboxymaltose ferrique IV a été statistiquement supérieure à celle obtenue sous fer oral : odds ratio (OR) de 1,9 [IC95% : 1,1-3,2]. Les autres traitements injectables ont aussi montré une efficacité supérieure au traitement oral mais ces données n'étaient pas significatives.
- À partir des scores de probabilité calculés, le carboxymaltose ferrique est apparu comme le traitement le plus efficace, suivi par le fer saccharose et le fer isomaltoside jusqu'au fer oral.
- L'hétérogénéité des études a été non significative.
Limitations
- Les comparaisons réalisées dans la méta-analyse étaient indirectes.
- Les critères d'inclusion ou d'évaluation choisis n'étaient pas toujours homogènes d'une étude à l'autre.
À retenir
Le fer intraveineux serait une voie sûre et efficace pour traiter l'anémie ferriprive des sujets présentant une maladie inflammatoire chronique de l'intestin. Le carboxymaltose ferrique est apparu dans cette étude comme la plus efficace par rapport au traitement oral. Pour autant, des études permettant de comparer directement ces différents composés pourraient conforter ces données.
- Références
Aksan A et al. Systematic review with network meta-analysis: comparative efficacy and tolerability of different intravenous iron formulations for the treatment of iron deficiency anaemia in patients with inflammatory bowel disease. Aliment Pharmacol Ther. 2017 May;45(10):1303-1318. doi: 10.1111/apt.14043
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8 moisOù puis-je trouver des sources d’informations ?