Quel modèle économique pour la ville de demain ?

Quel modèle économique pour la ville de demain ?

Dans mes précédents post, j’ai souligné les possibilités offertes par le numérique et l’importance du facteur humain dans la construction des villes de demain.

Il existe encore une interrogation de taille : celle de la viabilité des modèles économiques de la smart city ! Pour répondre à cette question concernant le nécessaire équilibre économique, il convient d’aborder ce sujet sous les différents angles perçus par les parties prenantes.

Côté clients usagers, l’équation est simple ! Tout doit être gratuit - ou presque - compte tenu de l’habitude que nous avons tous prise de bénéficier de nombreux services grâce à la révolution digitale. Certes, c’est une vue tronquée puisque nous payons indirectement ces services au travers des modèles économiques développés par les acteurs du numérique. Ces derniers reposent notamment sur la publicité ou la massification et la mutualisation des services sur les plateformes numériques. Le succès d’un smart service sera conditionné à une triple condition de simplicité, de mieux vivre et de gains de pouvoir d’achat. Par exemple dans le domaine de l’énergie, en plus de la fourniture de l’énergie, un smart service intéressera un client s’il lui apporte une réduction significative de sa consommation d’énergie.

Côté entreprises, la maturité du marché est probablement plus avancée car la recherche permanente de productivité conduit les entreprises à rechercher toujours plus d’innovations. Par exemple, la maîtrise des charges locatives multiservices et multifluides des bâtiments tertiaires est promise à un bel avenir compte tenu des possibilités offertes par l’internet des objets connectés pour adapter l’environnement de travail aux nouveaux modes d’organisation et de flexibilité des entreprises.

Côté collectivités, la pression des finances publiques est très forte et il s’agit de trouver des solutions « smart » permettant de dégager de nouvelles marges de manœuvre sur les investissements de long terme. Par exemple, les nouvelles technologies en matière de collecte et de traitement de données pour simuler les choix d’infrastructures énergétiques et de mobilités faciliteront l’arbitrage des élus selon les scénarios les plus optimisés en termes de capex et d’empreinte carbone.

En outre, quels que soient les usages et les segments de marchés adressés, le caractère systémique des solutions smart city s’imposera compte tenu des nombreux acteurs et expertises en jeu. Prenons ainsi l’exemple de la mise en œuvre combinée de solutions de mobilités, d’espaces de tiers lieux et de services de proximité sur un hub d’échanges avec des modes lourds de transport type RER ou métro. Plusieurs acteurs publics et privés seront concernés et, le cas échéant, deviendront opérateurs de ces solutions combinées. Le lissage des pointes de charges des transports lourds en heure de pointe résultant de l’attraction de nombreux salariés par des tiers lieux pour y travailler ou y faire des réunions de travail remettant en cause le traditionnel caractère pendulaire des déplacements domicile/travail, créera de la valeur en optimisant les investissements sur les modes de transport lourds. La question qui se posera alors sera la répartition de cette création de valeur. Quels modes contractuels, quels consortiums d’industriels, quels véhicules juridiques, quelle répartition des coûts et des recettes ? …. Autant de questions aujourd’hui ouvertes compte tenu de l’organisation silotée des services urbains.

Nous voyons ainsi qu’au travers de ces exemples simples, c’est une nouvelle gouvernance et de nouveaux modes contractuels qu’il faudra inventer. Nous n’en sommes qu’au tout début de ce phénomène de transformation de la ville et beaucoup de sociétés se préparent pour être aux avant- postes le jour où le marché va décoller ! En effet, il n’est pas question pour elles de se tromper car, outre sa capacité à créer de l’inclusion sociale, de l’innovation de services, la ville de demain ne sera aussi durable et synonyme de qualité de vie et d’harmonie sociale que si elle repose sur des modèles d’affaires autoportants.

Le 20 février 2017

Jacky DANILO

Gilles CORDON

Head of Living Workplace chez BNP Paribas Real Estate IM

7 ans

Je partage votre vision de la Smartcity et des nouveaux modèles d'affaires qui vont se créer grâce à la digitalisation des services. Les nouveaux bâtisseurs seront les créateurs de nouveaux services à valeur ajoutée autour des usages d'aujourd'hui, précurseurs de ceux de demain : se déplacer, chercher et trouver facilement les ressources, les espaces, les lieux adaptés à nos nouveaux modes de travail et de vie réels et virtuels, à nos besoins de rencontres, de créativité, d'échanges. Le smart building sera un des maillons majeur de cette transformation. Ceux qui réussiront à créer ces services, réussiront à convaincre propriétaires et locataires de partager leurs données d'usages. Alors jaillira des immeubles une nouvelle source de revenu qui viendra irriguer la smart City.

et oui, quel modèle social? quand une majorité de parents comprendront que la filiation relève du pénal (non assistance à personnes en danger de mort) car la pollution atmosphérique des grandes agglomérations est devenue létale, que se passera t'il ? fuir la ville mais il faut des moyens ou accepter le sacrifice de 1 ou 2 générations pour amorcer une transition brutale de nos modes de vie? combien vont se sacrifier et pourquoi au fond?

Philippe Gilardeau

Photographe de la faune, de la flore, de la biodiversité et du patrimoine.

7 ans

Plus je vois le monde citadin, plus je rêve de campagne, de retour aux sources de la vraie vie, celle d'un air non pollué, de moyens transport lent et silencieux, d'un espace vital allant à l'encontre de villes dortoirs surpeuplées, d'un contact avec des vrais bois, pas ceux d'un parc structuré et modelé. Les villes du future avec leur soit disant habitats écologiques, économisant l'énergie, dans des matériaux dits recyclable. Quand on voit les isolations avec des laines de verre et autres matériaux tous plus horribles, les uns que les autres en déchets toxiques, c'est beau le progrès qui se veut écologique!

Patrick Roblin

M.sc.economics / Product Owner / Scrum Master

7 ans

Que ce soit pour le développement durable ou celui des «Smart Cities», il est impératif que nos gouvernements bifurquent vers des politiques axées sur «l’Économie des ressources» en imposant des taxes de Pigou sur toutes les formes d’énergie (y compris l’électricité et toutes sources renouvelables). Pour être efficace et ainsi engendrer l’innovation, celle-ci devrait être croissante sur un axe, disons de 50 années afin que tous les acteurs du marché, incluant les consommateurs, soient incités à utiliser des services et des biens peu énergivores. Finalement, pour compenser cette hausse, les gouvernements devraient éliminer la taxation sur l’emploi, car celle-ci constitue un frein à l’embauche (le réusinage des marchandises et le recyclage) en faveur du gaspillage des ressources. Je vous suggère la lecture de Factor 4 pour plus de détails.

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