Comment changer le système éducatif Français ?
Jean-Michel Blanquer a voulu placer cette rentrée 2018 "sous le signe du bonheur". Je l'espère sincèrement... Pourtant, et au risque d'être rabat-joie, le dernier rapport annuel de l'OCDE intitulé "Regards sur l'Education" donne peu de raisons de se réjouir et montre à quel point le système traditionnel français ne fonctionne plus. Alors que le temps passé sur les apprentissages des fondamentaux ne cesse de se renforcer, les résultats des élèves français continuent inéluctablement à baisser... Et je ne parle pas de l'apprentissage des langues étrangères.
La faute à qui ? A quoi ? Visiblement un problème de répartition du temps et de méthodes. Alors qu’est-ce qui nous empêche de faire les transformations qui nous semblent si évidentes ? Sans doute les mêmes raisons qui expliquent l'immobilisme généralisé face à la crise écologique : notre modèle mental et le fonctionnement du cerveau humain.
Qu'est-ce que nous apprennent aujourd'hui les neurosciences cognitives et comportementales ?
1. Réticence au changement : Le cerveau humain est fondamentalement réticent aux réformes et transformations : le changement est extrêmement énergivore et stressant pour l’organisme, qui va essayer de diminuer cet impact en s'accrochant aux comportements habituels car rassurants, et donc aux dogmes dominants
2. Difficulté à se représenter l’avenir : notre cerveau a du mal à se représenter les phénomènes de long terme. Même si l'avenir de nos enfants semble donc en danger, l'échéance est tellement lointaine qu'elle en devient "irréelle"
3. Oubli ou déni : chaque individu se construit un cadre de référence selon ce qu’il a vécu dans le passé et son enfance. A partir du moment où il s’en écarte, il est difficile d'envisager que le système s’effondre surtout s’il ne semble pas bouger tant que cela, à l’échelle du cadre de référence individuel
4. Dysfonctionnement collectif : normalement, la responsabilité de l’enseignement incombe au gouvernement. Mais si celui-ci ne bouge pas ou pas suffisamment, les individus se retrouvent dé-sensibilisés et donc dans l’impuissance et l’inaction
En conclusion : en matière d'éducation comme dans tous les autres domaines, le changement est difficile parce qu’il implique un changement au plus profond de ce qui nous définit... et au regard de notre culture française. Pourtant, l'urgence est là et nous oblige à réagir !
Alors quelles pistes pour agir ?
=> Sans doute redonner davantage d'autonomie aux établissements et aux enseignants moteurs, qui osent sortir du cadre et tester de nouvelles choses
=> S'appuyer sur les nouvelles tendances et paroles d'experts qui contribuent déjà à remodeler les approches de la petite enfance : importance du plaisir et du jeu libre, autonomie, respect du rythme de l'enfant, besoin d'attachement plus que d'autorité...
=> S’inspirer aussi des alternatives qui existent déjà à l'étranger et en France, et dont les résultats sont mesurables. Et là, les exemples sont pléthores : dans les pays nordiques bien sûr, mais aussi au Canada, aux USA, au Japon, en Belgique... ou en France dans des structures pédagogiques alternatives et positives. Or les cours d'attention, de méditation, d'empathie, de bonheur... sont loin d'être secondaires : ils sont aussi au service des apprentissages fondamentaux. N’apprenons-nous tous pas mieux lorsque nous sommes joyeux et détendus ?
=> Donner à voir à quoi ressemblerait un système plus libre, plus bienveillant, où le rapport enseignant / élèves serait plus horizontal... et donc plus désirable. Rien de plus efficace pour convaincre que de donner du concret !
=> S’appuyer aussi sur la cohésion sociale, l’action collective et contagieuse... voir la co-éducation : l'Education de nos enfants n'est-elle pas l'affaire de tous ?
Alors, êtes-vous prêts à agir ? Si oui, n'hésitez pas à liker :-)
Sources :
"Comment le modèle mental s'oppose au changement : la tragédie des colons du Groenland", Phillipe Silberzahn
"Pourquoi le drame écologique mobilise si peu", Reporterre.net