Quelle approche pour mieux appréhender l'intérêt des couverts végétaux ? Un investissement sur le capital sol amortissable !

Quelle approche pour mieux appréhender l'intérêt des couverts végétaux ? Un investissement sur le capital sol amortissable !

Un couvert végétal est une technologie du vivant. C'est un intrant comme un autre, mais dont les avantages sont moins visibles et lisibles que pour un engrais ou un produit phytosanitaire. C'est un intrants plus difficile à vendre pour les technico-commerciaux qui doivent rendre objectifs les avantages pour en expliquer le coût...mais aussi les immenses bénéfices agronomiques.

Un couvert végétal n'est pas un intrant à effet "immédiat" bien que dans de nombreuses situation un couvert réussit bénéficie à la culture et au sol dès la première année. Pour un appréhension efficace des couverts végétaux, la meilleure posture est de les considérer comme un investissement sur le moyen et long terme : il peut s'amortir tout comme un investissement matériel.

Pour qu'un système agricole soit cohérent d'un point de vue agronomique il doit favoriser un bilan humique positif et limiter/supprimer les temps de sols nus car il favorise tout deux une diminution très importante de l'activité biologique. Dans cette optique, les couverts végétaux deviennent indispensable pour gérer le temps d'interculture de façon efficace et apporter cette cohérence. Ils sont un intrant qui devient incontournable pour asseoir la logique agronomique du système.

La diversité des espèces et des cycles végétatifs doivent nous aider à construire une approche cohérente, comprise à la fois par le technicien et l'agriculteur. Il faut au moins 1 à 2h pour caler un système et tester des hypothèses viables avec l'agriculteur si on veut aller loin. C'est le suivi et la rigueur à respecter les succession cultures/intercultures qui par la suite permettra d'asseoir le système dans le temps.

Les effets bénéfiques des couverts végétaux sont nombreux :

  • Apport de matières organiques labiles par les résidus mais aussi par les exsudats racinaires qui nourrissent les microorganismes du sol et alimentent de façon active les réseaux trophiques. Le sol est le point de départ de nombreuses chaines alimentaires, le couverts végétal permet d'éviter les rupture d'alimentation et d'habitat quand aucune culture est en place. Ainsi, le couvert végétal devient un outil de maintien de la biodiversité très efficace à l’intérieur même des parcelles. Il est inutile de préciser de nouveau que la matière organique est la source d'énergie des être vivants et qu'elle constitue le premier facteur limitant pour améliorer la présence de cette biodiversité tant réclamée.
  • Maintien et entretien de la structure du sol par l'occupation racinaire + l'activation des microrganismes utiles (bactérie et champignon) qui produisent des mucilages et de la glomaline, véritable "colle biologique" pour lier le sol. Ceci est vrai si le choix des couverts est judicieux et si le couvert bien développé. On peut constaté sur des couverts "loupés" une reprise en masse lors de fortes pluies : viser au moins 3TMS.
  • Restitution d'éléments nutritif sous forme biodisponibles notamment P, K et oligo-éléments. Ceci est très important, notamment dans les sols calcaires où les plantes permettent de rendre de nouveaux disponibles le phosphore et la potasse, mais aussi des oligo-éléments.
  • Biocontrôle par effet direct ou indirect (en augmentant l'activité et la diversité biologique les pathogènes peuvent moins s'installer par exemple)
  • Concurrence vis-à-vis des adventices, sauf si le couvert est peu dense et les laisse s'installer. Encore une fois, le soin au semis, la vigueur de départ et la productivité sont essentielle. Ainsi, fertiliser un couvert est une pratique logique et tout à fait valable.

Ces avantages sont visibles à moyen terme, peuvent ne pas s'exprimer si le couvert lève et se développe mal. En dessous de 1 à 2 T de MS, selon le type de couvert, le bénéfice agronomique est diminué : les adventices peuvent prendre le dessus et salir la parcelle, l'apport en matières organiques est trop faible pour un effet levier sur les organismes du sol, et le développement racinaire est trop faible pour bien occuper le sol et la structure n'est pas améliorée/préservée.

Ainsi, le couvert doit être réussit pour bénéficier de ses avantages. Objectif 3 à 4 T de MS pour des bénéfices max en interculture d'été, viser 6 à 8T pour des bénéfices maximums en interculture d'hiver.

Quelques exemples de couverture hivernale simple et efficace pour démarrer...

La régularité du résultat peuvent être atteint par des mélanges peu chers et facile à réaliser à base essentiellement de graminées et de légumineuses. Par exemple, et pour les schémas les plus simple et efficace : triticale, seigle ou avoine pour la base graminées et vesce, féverole, pois fourrager pour les légumineuses. Selon les disponibilités de la semence ces espèces pourront être utilement combinées. Ces mélanges de type méteils, seront composés d'au moins 60% de légumineuses pour maintenir une bonne fourniture azotée et en cas de culture de printemps gourmande.

Quelques exemples de couverture estivale : Les intercultures d'été sont plus complexes notamment car les étés sont de plus en plus secs. En sec, les stratégies gagnantes ont comme objectif de favoriser la levée du couvert avec peu d'eau. On peut citer : un trèfle annuel en semis à la volée dans la céréales au printemps qui s'épanouira après récole, ou un semis de crucifères/légumineuses juste derrière la batteuse en ayant pris soin de récolter haut pour favoriser une humidité relative élevée dans les pailles (qui récupère mieux la rosée, parfois la seule eau disponible...pendant les semaines suivants la moisson). Les graminées en C4, de type sorgho ou moha, sont capables souvent de produire avec peu d'eau en été tout en produisant de la biomasse. Les mélanges de type BIOMAX (au moins 6 ou 7 plantes : tournesol, vesce, phacélie, féverole, trèfles, moutarde, avoine, sorgho...) sont excellents si vous êtes sûr d'avoir 30 ou 40mm durant l'été, cela vous assure un rendement d'au moins 5TMS/ha.

En tous les cas, pour favoriser la levée d'un couvert d'été en climat continental, implanter en semis direct ou simplifié moins de 24/48h après récole est de mise pour ne pas perdre l'humidité du sol après récolte. Le mieux restera encore de semer avant la récolte.

Si la parcelle est irrigable (ou la pluviométrie suffisante) un ou deux tours d'eau permettront de sécuriser la levée et le développement, les sorghos ou les couverts plus exigeants en eau ou semences chères pourront être utilisés comme la phacélie, ou le sarrasin par exemple. En cas de culture irrigué, il est possible durant l'été et entre 2 pailles de pouvoir réussir un sarrazin par exemple, faisant de l'interculture une culture de vente à part entière.

Bref, les combinaison sont nombreuses et les avantages aussi, il est cependant nécessaire de viser la réussite du couvert par un biomasse maximale qui passe par une bonne implantation et un soin particulier.

Pour un état des lieux objectif des couverts, un articles rédigé par les services du CDA disponible ci-dessous

https://centre-developpement-agroecologie.fr/couverts-vegetaux-dinterculture/

Marie Schroeder-Wiesinger

Agronomist, Msc, Regulatory Manager Specialist bei Vetviva Richter GmbH

5 ans

Article pragmatique et très interessant! Merci

François Omnes

Chef du Service Usages et Gestion de la Biodiversité à l'Office français de la biodiversité

5 ans

Très juste. Les différentes techniques d'implantation de couverts ont aussi des intérêts pour la faune sauvage. Voir le document à l'adresse suivante : http://www.agrifaune.fr/fileadmin/user_upload/National/004_eve-agrifaune/Publications_GTNA_Intercultures/Brochure_GTNA_interculture_-web.pdf 

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