Quelles compétences pour demain ?

Quelles compétences pour demain ?

Dans le cadre de la semaine européenne des compétences professionnelles mise en place à la demande de la commission européenne, s’est tenue la semaine dernière une conférence inaugurale intitulée « Aujourd’hui, quelles compétences pour les métiers de demain ? ». Avec pour objectifs « d’échanger sur les liens et articulations entre les compétences et les métiers. »

Compte tenu de ma situation qu’on pourrait pudiquement appeler « à l’écoute du marché » (marché soit en dit en passant assez taiseux en ce moment, et pourtant mes deux oreilles sont bien ouvertes !), j’étais venue plutôt pour la seconde partie. Pour savoir quelles compétences mettre en avant, moi dont le métier à lui seul ne permet pas d’ouvrir toutes les portes.

Objectif : Identification des compétences pour l’entreprise et pour l’individu

Deux axes pour deux tables rondes composées chacune de 5 à 6 personnes. Des intervenants de grande qualité, plutôt à l’aise quand ils n’étaient pas tenus par un devoir de réserve, certains avec le sens de l’humour. Bref, un moment plaisant. Je me permets cependant de m’interroger sur l’absence dans les deux tables rondes de personnes de l’entreprise. Des représentants de l’état, de l’Europe, des partenaires sociaux, de la région, des apprentis… mais aucun PDG ou RH pour apporter le point de vue concret et actuel du recrutement, de l’adéquation des compétences aux besoins. Cela me semble aberrant de parler de l’identification des compétences pour l’entreprise sans avoir un représentant direct d’une entreprise. Probablement que certains présents avaient dans leur cursus une expérience en entreprise. Peut-être était-ce le prisme de la formation (la conférence était organisée par le Centre Inffo, organisme qui décrypte l’actualité de la formation). Où peut-être m’a-t-il tout simplement manqué une clef de lecture ?

Etat des lieux en 3 chiffres

40% … des employés ne trouvent pas de métiers adaptés à leurs compétences et 40% des entreprises avouent ne pas trouver les compétences nécessaires à leurs besoins

50 000 adultes formées chaque année en Île-de-France

1400 entreprises (6000 emplois) ont obtenu le label Entreprise du patrimoine vivant

Un lien fort entre diplôme/certification et compétences qu’il faut assainir

Il existe un lien encore très fort entre certification/diplômes et compétences. Malheureusement trop souvent lors d’un recrutement c’est par le diplôme que le recruteur établit sa short list et ensuite seulement il s’intéresse aux compétences pour faire son choix. Un patron de PME cherche d’abord l’employabilité avant des compétences. Le diplôme introduit encore de nos jours une question de reconnaissance sociale. En France, il permet d’identifier un métier et un niveau. Il devrait pouvoir aussi traduire des compétences. Il est d’ailleurs intéressant de noter que parfois, la certification n’est pas toujours explicite pour un recruteur. Sait-on tous ce que signifie un niveau B1 en langue ? En revanche, dire que la personne « Peut produire un discours simple et cohérent sur des sujets familiers et dans ses domaines d'intérêt », c’est déjà plus concret sur ses aptitudes et sa capacité à répondre au besoin du recruteur. Parce que l’aptitude s’apprécie dans une situation donnée. La compétence est donc une notion dynamique qui permet d’identifier un besoin spécifique non lié à un métier.

Il est urgent de travailler à proposer des recrutements basés sur les aptitudes et le potentiel des candidats plutôt que sur les diplômes (on commence à voir plusieurs initiatives sur ce thème voir ce post).

Le gouvernement va également dans ce sens en proposant un plan d’investissement des compétences pour les demandeurs d’emploi en 2018. Il sera porté par le Ministère du Travail, en coopération avec les Régions.

Ce volet, intitulé "Plan d’Investissement compétences" ou "PIC", aura pour objectif de former un million de demandeurs d’emploi peu qualifiés et un million de jeunes peu qualifiés et éloignés du marché du travail. 

Cliquez pour plus de détails.

Mais attention à ne pas tomber dans un travers qui consisterait à former pour finalement fournir... un diplôme de compétences. Et la notion de diplôme est encore ancrée, il suffit de voir l'intitulé de cette vidéo, au demeurant excellente.

Adapter la formation aux nouveaux modes de travail, aux nouveaux métiers, nouvelles compétences

Si on veut comme le dit le gouvernement créer une "société de compétences", il va falloir donner les moyens de s'adapter aux acteurs de la formation. Qui doivent faire face à de nouvelles compétences dues :

  • à la globalisation,
  • à la dématérialisation,
  • à la structuration de l’accès à l’information
  • au management digital.

Les métiers changent tous les 10 ans ; selon plusieurs études, 60 à 85% des métiers qui recruteront en 2030 n'existent pas encore. Il faut donc accompagner la formation et la réflexion sur ces changements. Leur permettre de faire une veille intelligente et efficace. Identifier les compétences à développer sur un territoire en prenant en compte les besoins des demandeurs d'emploi, le bassin d'emploi et le besoin sectoriel.

Certaines entreprises peinent à recruter ou à fidéliser sur des postes spécifiques. Parfois les formations n'existent plus, sont trop éloignées géographiquement ou ont un contenu inadapté au besoin.

Adapter la formation, c'est aussi ne pas oublier la formation des formateurs et des enseignants.

Alors, quelles compétences pour les métiers de demain ?

Comme souvent dans ce genre de rencontre, peu de réponse directe à la problématique pourtant claire : quelles compétences pour les métiers demain ?

J'en retiendrai pourtant deux :

  • l’adaptabilité (en PME), qu’on nommera polyvalence pour une TPE ou mobilité pour une entreprise de plus grande envergure.
  • la capacité à se former en permanence, pour se construire, au-delà des compétences, un parcours professionnel riche, cohérent et épanouissant.


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