Quitter un job de rêve pour retrouver l'alignement

"Le secret du bonheur, c'est l'alignement entre ce que vous pensez, ce que vous dites et ce que vous faites". Gandhi

30 septembre 2020, je quitte une super entreprise et un post de brand manager après 8 ans dans la communication et le marketing pour ouvrir un nouveau chapitre professionnel : celui de l’enseignement. Je vais préparer le CRPE pour devenir professeur des écoles. Et je reste également et intimement convaincue que j’entreprendrai un jour dans ma vie. Bien sûr, ce changement est le fruit d'un cheminement qui a commencé il y a plusieurs années. Ce n’est pas la crise de 2020 qui m’a fait prendre cette décision, mais elle ne me retient pas non plus. 

J'ai envie de partager une partie de mon parcours professionnel et de mon cheminement car j'ai moi-même beaucoup avancé grâce aux témoignages de personnes très différentes qui m'ont inspirée en partageant leurs parcours, leurs doutes, leurs choix. Je sais que ces témoignages de personnes reconverties et / ou entrepreneurs sont très nombreux. C'est donc une manière pour moi d'apporter ma pierre à l'édifice, et je serais ravie si ce texte pouvait également aider certaines personnes à avancer.

Le contexte : un parcours classique 

En quelques lignes, voici ce qui s’est passé ces 10+ dernières années : bonne élève en terminale ES, je ne sais pas (ou plutôt “je ne sais plus”) ce que je veux faire plus tard : j’aime la photo et le dessin mais les adultes qui me conseillent sur mon orientation, (j’entends: des personnes sincères et bienveillantes ayant en moyenne 35 ans de plus que moi) me dissuadent de me lancer dans études spécialisées en arts appliqués. Selon eux “il y a très peu de débouchés, la concurrence est rude, c’est très difficile de percer”; et “il ne faut pas confondre loisir et vie pro.”

A 18 ans en 2007, n’ayant pas encore de recul, je décide de me fier à ces conseils et de m’orienter vers une formation généraliste qui “ne me fermera pas de portes”.

Dès la première année en école de commerce, j’envisage d’arrêter : je ne me sens pas à ma place. Mais chaque année je me convaincs de continuer et de faire une année de plus. J'ai la chance de pouvoir étudier en France et à l’étranger, et de combiner périodes de cours et de stages. Je me retrouve diplômée 6 ans plus tard d’un Master 2 en Management. 

Toujours attirée par la communication visuelle (et le graphisme auquel je me forme en parallèle avec des cours du soir et des stages), je m’oriente naturellement vers des métiers dans la communication.

J’essaie l’agence de pub : sortie d'école de commerce, je dois faire partie de l'équipe commerciale et non créative. Cette séparation des tâches stricte me paraît absurde et j’en conclus que l’agence n’est pas ce qui me convient.

Je me tourne alors vers l’annonceur et j’ai la chance de trouver une entreprise qui recherche une personne pour avoir les deux casquettes: créative et chef de projets. Je suis heureuse j’ai enfin trouvé un job dans lequel je peux m’exprimer de manière globale.

Au bout de 2 ans, à l’été 2016, une nouvelle vague de questionnements m'envahit. Je pratique très régulièrement le yoga, j’écoute énormément de podcasts sur l’entrepreneuriat et le freelancing, je rentre dans une phase introspective et je réalise que mon emploi ne me satisfait plus.

Comme de très nombreuses personnes de ma génération et aux parcours similaires, je recherche plus de sens et plus de liberté, je veux quitter Paris et j’aspire à me rapprocher d’un secteur qui me passionne: celui du yoga, du sport et du bien-être. Je suis à deux doigts de me lancer en indépendante quand une super offre se présente à moi dans le secteur du sport en dehors de Paris. Parfait! Je me dis que le freelancing peut toujours attendre mais qu’une opportunité telle ne se représentera pas deux fois.

Ainsi, je me retrouve au sein d’une nouvelle équipe, un poste de rêve, une entreprise en pleine croissance. J’adore l’ambiance, le management est challengeant et bienveillant, je m’organise comme je veux, j’ai des perspectives d’évolution et je suis dans une ville verte et calme. Les premiers beaux projets voient le jour. Pourtant, je suis de nouveau rattrapée par l’inconfort, cette évidence à l’intérieur de moi : je peux continuer à faire semblant mais ce n’est toujours pas ce qui me convient. 

Étant de nature optimiste avec une forte tendance à relativiser, je me convaincs que je me pose trop de questions : "Cette quête de sens et de réalisation personnelle veut avant tout dire que tous mes autres besoins sont satisfaits. Allez, apprécie tout ce qui va bien et profite du moment présent."

Le déclic : un changement s’impose.

Malgré tout, peu à peu, ce qui était un sentiment d’inconfort latent, puis une quête de sens, est devenu une contradiction de plus en plus difficile à accepter, comme si mon activité professionnelle m’empêchait de révéler ma vraie nature, comme si je mentais à moi-même et à mon entourage en continuant à incarner un rôle qui n’est pas “Moi”.

Puis, au-delà de la contradiction, j’ai vu naître et grandir l’angoisse de voir le temps filer à toute vitesse, et avoir ce sentiment de ne pas l'utiliser à bon escient. J’étais de plus en plus mal à l’idée de consacrer ma bonne santé et mon énergie à des actions qui me semblaient trop peu durables (à mon sens bien évidement).

Pour calmer cette angoisse, la décision de changer de job s’est presque imposée à moi : j'ai compris que le risque de quitter ce poste était devenu moins grand que le risque de rester dans un inconfort quotidien et de le regretter plus tard.

Le choix: ouvrir le champ des possibles.

Après avoir décidé de changer, j’ai dû faire un choix pour avancer avec un nouvel objectif clair : oui, mais lequel?

Option 1 - Rester dans la communication en tant que freelance et miser sur ma fibre entrepreneuriale

Depuis mes années étudiantes, je suis attirée par l’idée d’être à mon compte et de monter quelque chose qui me ressemble autour de mes passions, pour in fine accompagner les personnes dans leur développement et épanouissement professionnel et personnel. Cela dit, je me connais mieux aussi, et je sens que ce n’est pas le moment de m’y consacrer à 100%. Présentement j’ai besoin d'avoir de l'impact, de me nourrir de concret, d'aller sur le terrain, d'apprendre, d'explorer, de questionner.

Une fois l'option 1 écartée, je me suis d'abord sentie bloquée. Et puis j’ai lâché, j’ai compris que je devais aller chercher les réponses en moi, que le champ des possibles est bien plus large.

Option 2 - Réaliser que mes études et expériences ne conditionnent pas ma vie pro et que celle-ci ne se résume pas à choisir entre salariat et entrepreneuriat

Quand j’étais enfant, lorsqu’on me demandait ce que je voulais faire plus tard, mes réponses variaient toujours entre les 4 suivantes : “Monitrice de ski”; “Peintre ou architecte”; “Maîtresse”; “Vétérinaire pour les tortues”.

• 1er constat: je ne suis finalement allée explorer aucune de ces pistes.
• 2e constat : il y a 4 pistes différentes, et non pas une seule ferme et définitive
• 3e constat: ce sont des activités qui me parlent et me correspondent encore totalement aujourd’hui

Aujourd’hui je fais le choix de me diriger vers l’enseignement. J'ai envie de partager des connaissances fondamentales, mais aussi des valeurs. Je serai heureuse si j'arrive à éveiller la curiosité et donner le goût d'apprendre aux enfants en école primaire. Je veux les valoriser, les aider pour qu'ils aient confiance en eux et en leurs rêves. Ce choix me parait maintenant simplement évident et répond à mon besoin de donner un sens à ma vie professionnelle. Je suis consciente qu'il y a aussi une part d'irrationnel dans cette décision. Avec les années, j'apprends de plus en plus à faire confiance à mon intuition. C'est d'ailleurs quelque chose dont le pouvoir me fascine, mais je ne vais pas développer cela ici volontairement.

La suite: rester en mouvement pour rester alignée

Avec ce choix, j'ouvre un nouveau chapitre. La préparation du concours CRPE va être ma priorité dans les mois à venir. En parallèle, je souhaite donner des cours de yoga et continuer à approfondir les sujets qui me passionnent, en lien avec la créativité et la connaissance de soi notamment.

Evidemment, j'ai encore des doutes et des craintes. Les incertitudes sont nombreuses : vais-je réussir le concours? Comment vais-je me sentir en classe? Serai-je capable de m'épanouir dans cette administration au cadre institutionnel réputé à l'opposé de mon aspiration pour l'entrepreneuriat? Cette part d'inconnue est inévitable et inhérente à chaque changement. Je l'accepte, et j'y vais avec confiance.

La suite exacte je ne la connais pas, et heureusement. L’important pour moi c’est de ne pas avoir le sentiment de stagner, d'avoir des objectifs clairs, et de garder cet alignement entre mes pensées, mes paroles et mes actions qui me permet d’être heureuse.

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Note de fin: Je ne me suis pas autorisée à généraliser mon propos, ni à donner des conseils à travers cet article. Mais évidemment, si cela vous parle ou résonne en vous, je ne peux que vous encourager à vous écouter et à suivre votre instinct : ça fait beaucoup de bien et ça réserve de belles surprises.