Métier-passion : à quel prix ?!

Métier-passion : à quel prix ?!

Piège ou Life Goal absolu ?

Holà, que tal ?

Aujourd’hui, on va creuser le sujet abordé lors de mon live sur Instagram dimanche passé à savoir… Le métier-passion et la place de la passion dans une vie rythmée par le pro’.

Sujet brûlant mais très actuel, tentons de démêler le mythe de la réalité, même si ma vision et mes observations ne sont qu’une proposition face à cette vaste question.

Avant de commencer, une précision : mon approche autour du métier-passion est davantage inspirée pour tous les métiers créatifs (illustration, arts graphiques, photo, écriture, cuisine, travail manuel, artisanat, etc.).

D’avance, j’espère que cette réflexion te parlera et nourrira tes propres pensées. Bonne lecture ;-)


Métier-passion : comment trouver son juste équilibre ?

1. Machine à précarité, buzz autour de la reconversion et choux gras des “formateurs” et “conseillers”

Vivre de sa passion, en particulier dans le monde créatif, est loin d’être évident. Pourtant, l’image que nous renvoie la société - en particulier à travers les réseaux sociaux et les “influenceurs” - donne l’illusion d’une source d’épanouissement et de rentabilité pleine de belles promesses.

On a tendance à voir ceux qui se “rabattent” vers l’enseignement de leur passion (exemple : le prof’ de chant qui a lâché sont rêve de devenir chanteur pro), les métiers plus “alimentaires” ou les missions “moins sexy” comme des sortes de démissionnaires de leurs rêves, des pseudo-losers qui ont fait un choix par défaut ou ne sont pas parvenus à vivre pleinement DE leur passion.

Fleurissent donc les formateurs ou créateurs aux talents de “marketeux” pour te proposer à foison des formations pour “craquer le game”, “tout déchirer avec ton business-passion”, “générer 10K dès le 3e mois grâce à tel process”, etc.

La reconversion est presque devenue une injonction dans un monde où faire quelque chose qui ne nous “anime pas”, ne nous “fait pas vibrer” ou n’est pas “aligné avec notre Moi” est un total échec !

Dans ces discours inspirants, le travail semble non plus être un simple moyen mais une FIN pour vivre enfin la “vie de ses rêves”.

Allez, on respire, on prend du recul, et on change un instant ses lunettes… Ça va aller. Il n’y a aucune obligation à changer de voie là, maintenant. Il n’y a pas de nécessité absolue à faire de sa passion son gagne-pain. Lâchons-nous un peu la grappe, et arrêtons un instant d’écouter ce vacarme épuisant et culpabilisant.

2. Le temps qu’il faut…

Le temps est un élément indispensable pour espérer vivre de sa passion. Seulement, dégager un revenu stable en faisant ce qui nous passionne ne se fait pas du jour au lendemain. Les compétences techniques mais aussi en termes de marketing / communication, la stratégie mise en place, la constitution d’un réseau, le perfectionnement de son style, la maturité émotionnelle, etc. sont autant de paramètres qui ont besoin… de TEMPS !

Et puis n’oublions pas que le fait de se dédier à un métier-passion réduit le temps libre qu’on s’octroie à nourrir cette passion en expérimentant, en sortant de sa zone de confort, en laissant fleurir l’inspiration lors des pauses et dans le silence… Puisqu’on doit courir après le temps et la rentabilité, il devient moins évident de laisser sa passion s’épanouir avec douceur et bienveillance.

Enfin, à dédier tout son temps à sa passion qui devient aussi son métier, les frontières vie pro / vie perso deviennent poreuses… Au risque de passer sa vie à bosser en ayant l’impression que “c’est OK”, puisque c’est sa passion !

Attention quand même au risque de saturation, de dégoût ou de fatigue qui peut avoir des conséquences dramatiques.

Spoiler : La passion ne protège pas de l’usure. La passion en excès peut devenir délétère. Oui, on peut finir en burn out à cause de sa passion.

3. Le métier, produit de micro-événements de vie

Un métier, c’est jamais A (formation) = B (job).

C’est A + E + C + Z + X + T + V … (parcours de vie)= B (job à l’instant T)

Un métier, c’est une série d’ “accidents” qui font qu’on arrive à un moment à se poser des questions, à faire des choix, à bifurquer, à renforcer, à se former, à moduler sa trajectoire…

Alors, le métier-passion, un life goal ?! Je pense plutôt qu’il s’agit du résultat d’un long cheminement, qui - j’insite à nouveau - s’inscrit nécessairement dans une temporalité et évolue au fil des mois et des années.

Ce n’est pas parce qu’actuellement tu n’exerces pas de métier-passion que ça ne sera JAMAIS le cas. Et ce n’est pas parce qu’en ce moment tu ne vis que de ton métier-passion qu’à un moment tu seras épuisé.e et que tu auras envie qu’il devienne un job à temps partiel, avec une autre activité plus stable à côté.

4. Chacun sa réalité, chacun sa vérité

Comme je l’ai exprimé dans un live sur Instagram, tu ne sais pas si untel ou bidule parviennent à vivre de leur passion sans être… aux crochets de leurs parents, héritier d’une maison de campagne, rentier grâce à des placements antérieurs, à l’aise après s’être constitué plusieurs années un matelas financier avec une autre activité, etc.

La réalité qu’on nous sert à la “sauce réseaux sociaux” et “ma-life-is-the-best”, c’est une petite facette minime de la réalité de chacun.e !

Alors avant de lorgner sur ceux et celles “qui cassent la baraque” en vivant “trop bien de leur passion” (tu remarqueras qu’en général, beaucoup sont reconvertis dans le coaching ciblant un type de communauté, et sont excellents en com’)… Prends de la distance et rappelle-toi que tu ne vois qu’une partie de l’iceberg.

(Ce ne sont pas des “paroles de rageuses”, mais ce sont des paroles réalistes).

5. Du surinvestissement affectif dans le travail ?

Elizabeth Gilbert, l’autrice du livre Comme par Magie, l’affirme : ce n’est pas à notre créativité / passion de prendre soin de nous, mais à nous d’en prendre soin !

Mettre ses tripes dans ce qu’on crée et espérer qu’en plus :

  • ça plaise
  • ça paye toutes les factures
  • ça soit rassurant et stable…

Ben… c’est un sacré pari ! Parfois, ça marche, mais attention à la distance quand même.

À surinvestir son travail et ses créations, on les voit comme une extension de soi-même. Ça ne fait pas partie de nous, ça devient carrément nous-même ! “Je suis mon job”, “je suis mes créations”.

Avec une telle vision des choses, plus dure sera la chute si elle finit par arriver. L’avantage de faire un métier qu’on aime mais dans lequel on ne se jette pas corps-et-âme, c’est qu’on garde possession de soi-même. De sa tête, de son corps, de son cœur, de son âme. On reste entier. On ne se définit pas par ce qu’on fait, ce qu’on vend, ce que les autres valident.

Et si on veut tenir sans péter les plombs jusqu’à la retraite… C’est peut-être pas une mauvaise stratégie… (😂)

6. L’épanouissement ne vient pas (que) du métier

On peut “kiffer” sa vie et s’épanouir à fond les ballons, sans faire TOUS LES JOURS ce qui “nous fait vibrer”.

Avoir un job alimentaire qui paye les factures et nous permet d’avoir du temps et de l’argent pour assouvir nos passion à côté, c’est carrément OK.

Ça veut pas dire que t’as jeté l’éponge. Ça veut pas dire que t’es naze. C’est un choix courageux, même.

7. Se passionner pour un métier qui n’est pas sa passion

Spoiler : on peut être passionné par son métier sans le bâtir autour de sa passion.

Ben oui ! Tu penses qu’un avocat est passionné par les lois ? Qu’un cardiologue, sa passion, c’est le cœur ? Q’un pizzaiolo, sa passion c’est la pâte à pizza (lol) ? Qu’un enseignant est amoureux de l’enseignement ?

Non, en général, ce qu’on kiffe, c’est : le sens, les responsabilités, les collègues, le cadre, les avantages, l’aménagement temporel, la formation continue, l’impact qu’on a, les challenges qu’on relève, etc.

8. Mon propre partage d’expérience

J’ai été prof pendant 10 ans, et j’ai adoré. Pourtant, ce n’est pas une passion d’enseigner ou d’être avec des enfants. Mais ce que j’aime, c’est aider les gens à s’exprimer, à prendre confiance en eux, à mieux se connaître. Ce qui m’anime, c’est monter des projets, imaginer des ateliers, inventer des dynamiques collectives…

Maintenant, la Kaz Azul est mon side project et me nourrit intérieurement, émotionnellement, créativement, humainement… Ma créativité est centrale, et je suis ravie quand une de mes œuvres trouve preneur. Mes ateliers créatifs à l’atelier me comblent de joie…

Mais à côté, j’ai un boulot en ligne plus récurrent et routinier.

Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Mais je sais que je ne veux pas faire porter à ma passion pour la créativité la responsabilité de la rentabilité et de la stabilité financière.

Cheminer vers son juste équilibre...


C’est mon équilibre. Le temps et les événements me rapprochent chaque fois un peu plus de ce qui est bon est bénéfique pour moi. Ce qui me permettra de le faire ensuite rayonner autour de moi.

L’important, c’est de déterminer ton propre équilibre.

Et de l’ajuster à tout moment si tu en ressens le besoin.


Une oeuvre qui résonne

Assez éloquente et imagée pour te laisser la ressentir et la percevoir à ta façon… et créer tes propres ponts entre elle et mes propos ;-)

Teun Hocks,

Une nourriture créative

Voici les différents contenus que je te propose de découvrir pour alimenter la question du métier-passion :

Tu as d’autres ressources à partager ? N’hésite pas à me les transmettre, je les partagerai volontiers !


Mes actus du moment

Certes, je ne demande pas - pour le moment - à mes expériences créatives et à mon art de me faire vivre, mais j'additionne les petits pas pour diffuser ma veine créative et la faire connaître.

Si tu veux découvrir cela :

Dans l'idéal, j'adorerais un jour vivre de mes passions (l'art, l'écriture, les ateliers et séjours créatifs...).

Mais je ne veux rien forcer et surtout pas finir dégoûtée de ces dernières. Donc pour l'instant, je laisse les choses se mettre en place doucement, avec patience et indulgence.


Voilà, j’ai tenté de creuser la question du métier-passion, mais impossible d’être exhaustive tant il y aurait à dire !

Je te propose de lancer ce sujet de conversation avec ton cercle de confiance, car je pense qu’il est vraiment passionnant et très révélateur de notre société, de notre perception et de notre identité.

Je crois que - si je devais finir sur une conclusion - ça serait que la vie n’est pas linéaire et qu’elle est pleine de surprises. Notre métier est souvent le résultat d’expériences et de micro-faits/effets cumulés.

Et à notre époque, rares sont ceux qui ont le même métier toute leur existence. Le plus important ? S’écouter, cheminer, réajuster… Pour, sans cesse, (re)trouver son juste équilibre. À soi.

Je te dis à très vite, pour une carte postale spéciale. Elle regroupera des témoignages de diverses personnes issues de professions variées, et de leur rapport (ou pas) à la passion via le boulot !

D’ici là, prends soin de toi et de tes passions. Elles ont besoin de toi autant que toi d’elles ☀️

Pour l'instant, je prends soin de faire vivre ma créativité, et je ne lui exige pas qu'elle me fasse vivre et prenne soin de moi...


Laetitia.

Emeline Baschiera

Je vous réconcilie avec l’art contemporain / Co-fondatrice de La Purple Gallery

8 mois

Bravo pour votre article. Ma fille m’a dit qu’elle ne voulait faire les Beaux arts et faire de sa passion son métier par peur de se faner, de s’en dégoûter. Elle avait 18 ans quand elle m’a dit ça. Elle rejoint parfaitement votre analyse.

Nicolas Habert

Polytechnicien responsable service clients en Gestion de machines à café automatiques et distributeurs automatiques.

8 mois

Oh que oui ! Je vais prendre le temps de lire tes sujets.

Nicolas Habert

Polytechnicien responsable service clients en Gestion de machines à café automatiques et distributeurs automatiques.

8 mois

Je la trouve trop belle ta carte postale le lieu, cette maison a l'air super chouette ! j'adore ce bleu😍

Ghislène Ghouraïb 📸 Photographe

Je mets en lumière ton activité, ton savoir-faire, ta personnalité grâce à des photographies authentiques 👉 Je réalise aussi des reportages pour les particuliers

8 mois

Cette newsletter tombe à pic merci beaucoup, ça me parle ! Et surtout ça m'encourage beaucoup 🙏

Adeline Cubères

J'accompagne les artistes à devenir leur meilleur agent 🚀 Voix des podcasts Être artiste & Les Passionariarts 🎙️Fondatrice de l'agence Artwork in promess et du programme Maslow

8 mois

Bravo !!! Et merci pour ton partage et clin d'œil ! ;) à bientôt !

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