Rébus : Le lien de la phonétique
Il existe des « applis » sur nos smartphones qui nous traduisent le son des syllabes des mots en images : des machines à rébus qui célèbrent les liens de la phonétique. Il devient tentant d’imager le mot « déconfinement » en rébus : le résultat est plein de sens et d’ironie.
« Dé » comme dé, puisqu’une pandémie nous remet sous la dictature du hasard ou de la probabilité et nous fait relever d’un coup de dés. Pour imager « con », l’appli est laborieuse. Elle montre un K, une apostrophe et le mariage du « il » et du « elle » qui désigne le mot neutre « on » qui n’a pas la faveur de la novlangue politique du moment. Il eut été plus simple d’imager un « con » en présentant son portrait, car la pandémie en a fait sortir sur les plateaux télé, avant le confinement, mais comment le faire sans être désobligeant ou sans verser dans l’argot? Ensuite la lettre grecque φ écrite phi pour « fi » qui signifie 500 en grec et qui évoque sans doute la citation bien connue « Nous partîmes 500 ; mais par un prompt renfort nous nous vîmes 3000 en arrivant au port », sachant qu’il ne peut s’agir ici que du port de l’angoisse. Un « nœud » prend le relais pour nous rappeler que les nœuds sont compliqués et naissent dans des sacs, et enfin un Pinocchio symbolique dont le nez se rallonge lorsqu’il « ment » : belle chute qui nous rappelle à quel point le confinement avait été précédé par des mensonges.
Le mot « pandémie » est plus simple : il se « rébuse » avec la roue d’un Paon pour « pan » et nous rappelle au passage à quel point la pandémie s’en est prise à notre Ego, se prolonge avec le « dé » du coup de dés déjà cité, et s’achève sur une petite note de musique, un « mi » : le mi, note grave, cruelle et plaintive qui rime si bien avec tragédie.
Le rébus du mot « virus » image la vie sous la forme d’un ovule fécondé par un spermatozoïde, puis l’image d’une rue animée dont photographiée avant le déconfinement, et trouve sa conclusion dans le « sss » du sifflement d’un serpent, sans doute pour ses points communs avec le virus.
Nous émergeons d’un labyrinthe, d’un carnaval de mots dont la mise en rébus qui les démasque est décidément bien instructive lorsqu’elle vient pécher ses images dans nos cerveaux reptiliens
Jean-Pierre Guéno.