Réforme des retraites : où est l'égalité ?

En France, on a une tendance particulière et paradoxale : on veut des réformes, mais on ne les accepte pas quand elles nous concernent.

Il y a 24 ans, en 1995, le gouvernement Juppé voulait s'attaquer aux régimes spéciaux de la fonction publique. Bilan, réforme abandonnée, et Juppé se fera débarquer en suivant.

Plusieurs autres réformes ont été engagées, et à chaque fois, ce ne sont que des demi-mesures, ayant pour conséquences des contreparties pour faire passer la pilule.

Là, le gouvernement en place veut généraliser un système de retraite à point, alors que le seul problème, dans ce pays de l'égalité, de l'égalitaire, voire de l'égalitarisme, c'est la différence de traitement existante entre un régime général salarié, et des régimes d'un autre temps des différentes sphères publiques ou para-publiques.

Si la question posée concerne la réforme indispensable des régimes spéciaux de la fonction publique au sens large qui sont, pour la plupart, co-financés par l'Etat, et donc pas l'impôt, la réponse doit être indéniablement oui, au sens, où un régime de retraite par répartition doit s'équilibrer naturellement et non par le recours à de la dette ou à de la redistribution.

Mais si la question, actuellement proposée, est de mettre dans un même sac, non seulement ces régimes, mais les régimes des indépendants (commerçants, artisans, professions libérales...) dans ce cas, l'égalité n'est pas respectée.

En tout premier lieu parce qu'un indépendant est justement indépendant. En terme de protection sociale, il n'a droit à quasiment rien. Moins de droit à la retraite, pas d'âge de départ, peu de couverture maladie, quasiment aucun dédommagement en cas d'arrêt de travail, pas de droit au chômage...

Normal. Oui, tout ceci est normal. Nous avons fait le choix de l'indépendance, de la liberté d'entreprendre, nous en assumons donc les conséquences, dans tous les cas. On travaille plus, on n'est moins absents, on prend moins de congés, on n'a moins de droits.

En second lieu les caisses de retraite des indépendants et de leur profession respective sont AUTONOMES. C'est-à-dire qu'elles ne sont équilibrées que par leurs cotisations, leurs actifs et leurs retraités. Nul contribuable ne finance ces régimes autonomes.

Alors, puisque la devise Française semble toujours être Liberté - Egalité - Fraternité, donc même le Conseil Constitutionnel a entériné récemment le fondement juridique de la Fraternité, il convient, pour notre gouvernement, d'avoir le courage de réformer ce qui doit l'être, au nom de l'égalité, et de laisser les indépendants autonomes et indépendants, au nom de leur Liberté.


Emmanuel Drai

Associé - Restructuring & Transformation chez SIMON ASSOCIES - Le Droit d’Entreprendre -

5 ans

Du bon sens - enfin

Delphine MAZAT

Expert-Comptable @ J'accompagne les Groupes de sociétés dans leur développement @

5 ans

Très belle analyse Frédéric ! Je valide 😉

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