Réindustrialisation et pénurie de talents : entre défis et opportunités

Réindustrialisation et pénurie de talents : entre défis et opportunités

Reconnue comme l’une des clés du renforcement de notre économie, la réindustrialisation du pays s’inscrit parmi les priorités de l’agenda national. L’industrie fait face à des difficultés de recrutement inédites. Selon l’Insee, 67 % des entreprises du secteur sont confrontées à une pénurie de compétences, un taux qui n’avait pas été observé depuis 1991. Et 25 % des employeurs considèrent que cette carence en talents limite sérieusement leur production.

Cette situation est d’autant plus pénalisante que de nouveaux besoins et de nouveaux métiers émergent sous l’effet de cette réindustrialisation, synonyme de nouvelles créations d’emplois… et donc de postes à pourvoir !

Ce ne sont pas moins de 100 000 nouveaux profils par an qu’il faudrait former jusqu’en 2035 pour répondre à la pénurie de candidats.

Si un certain mouvement pour dynamiser l’industrie émerge dans notre pays, ce dernier reste encore trop timide. Fin 2023, la part de ce secteur dans l’économie locale n’avait pas encore retrouvé son niveau prépandémique et au rythme actuel, le pourcentage de la population active travaillant dans l’industrie atteindrait seulement 14 % en 2070, quand la moyenne actuelle de l’UE se trouve déjà à 16 %.

Freiné par une pénurie généralisée de talents, le nombre d’emplois industriels vacants a ainsi triplé entre 2017 et 2023, pour atteindre le nombre de 60 000 selon la Dares. Pourtant, notre système de formation en France devrait théoriquement être en mesure de pourvoir la main-d’œuvre nécessaire :

Le nombre de jeunes formés chaque année aux métiers industriels correspond aux besoins de recrutement dans l’hexagone.

C’est ce paradoxe qu’il convient d’explorer : le nombre de personnes diplômées en France devrait suffire à notre réindustrialisation, mais trop peu de jeunes, pourtant formés à ces métiers, rejoignent le secteur industriel. Alors comment réduire cet effet d’évaporation ? Il est crucial d'attirer les talents formés vers les postes à pourvoir. Un effort particulier peut aussi être porté sur l’attraction des femmes, encore trop peu présentes.

A la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, s’ajoutent la concurrence accrue entre les entreprises du secteur et bien sûr l'évolution rapide des nouvelles technologies qui impactent directement la nature des postes et les profils recherchés.

En effet, les besoins en recrutement gravitent de plus en plus autour des nouvelles technologies, du fait de la digitalisation des usines, de l’exploitation et la sécurisation de la data en production, en supply chain & en maintenance, mais aussi de la transition énergétique.

Or les jeunes diplômés en France, sont encore parfois trop généralistes, pas suffisamment experts sur ces enjeux industriels nouveaux.

Alors quelles sont les solutions concrètes permettant aux entreprises de pallier leurs difficultés de recrutement ? Pas de remède miracle mais des bonnes pratiques et quelques idées : les organisations doivent travailler sur une meilleure diffusion de leurs offres d’emploi, un ciblage accru des compétences comportementales (soft skills) versus les compétences techniques (hard skills), une plus grande transparence quant aux salaires proposés, d’autant qu’ils sont souvent plus élevés dans l’industrie  – le salaire reste le critère de choix numéro un selon notre dernière étude "Talent Trends 2024" –, l’agilité dans l’organisation du travail, un management bienveillant ou bien encore des opportunités de carrière et des programmes de formation.

Elles peuvent aussi affiner la communication autour de leur activité, de leur marque, mieux valoriser leurs engagements RSE et capitaliser sur la quête de sens que les candidats mettent de plus en plus en avant. Ce n’est pas anodin car l’industrie française est un vecteur puissant quand on aborde les moyens de diminuer notre impact environnemental, elle est aussi un facteur clé de lien social car dans l’entreprise industrielle se côtoient, plus qu’ailleurs, des profils très divers. Enfin l’industrie participe grandement à porter dans nos régions une activité économique essentielle. Ce sont des arguments qui méritent d’être mieux valorisés et qui apportent une clé de lecture différente.


Zoom sur les métiers du secteur du nucléaire et les techniciens

En France, le nucléaire est la troisième filière industrielle après l’agroalimentaire et l’automobile et le deuxième parc en activité du monde, après les Etats-Unis. Près de 70 % des besoins en électricité du pays sont couverts par l'énergie nucléaire. Dévoilé en 2022 par le Gouvernement, le plan de relance du nucléaire prévoit la construction d’au moins six nouveaux réacteurs nouvelle génération (EPR2), ce qui place la filière face à un défi de taille : recruter entre 10 à 15 000 ingénieurs et techniciens par an d'ici 2030, soit a minima 80 000 personnes.  

Chiffres clés du secteur, enjeux et chantiers à venir, état des lieux de la parité, métiers les plus demandés et salaires pratiqués : nos experts, spécialisés sur l’ensemble des métiers de l’industrie nucléaire, ont réuni toutes les informations essentielles pour réussir vos recrutements dans un livre blanc inédit.

La pénurie de techniciens disponibles sur le marché de l’emploi n’est pas nouvelle. Elle est même devenue un vrai problème structurel en France tant il existe un important déséquilibre entre l’offre et la demande sur les métiers techniques. Loin d’être sur le point de se résorber, cette tension semble plutôt être appelée à se renforcer dans un futur proche au vu des besoins de recrutement grandissants de certains secteurs et des nombreux départs à la retraite prévus. 

Conséquence : ces profils sont extrêmement sollicités. Ils se font aujourd’hui chasser par les recruteurs exactement au même titre que des profils cadres. Les employeurs doivent donc s’investir pleinement dans le recrutement, mais aussi la fidélisation de ces professionnels. Les experts de Page Personnel Ingénieurs et Techniciens ont mené une étude auprès de 500 techniciens afin de vous offrir un éclairage exhaustif de leurs attentes.


Jerome Gouin

Responsable projets RDI mines & carrières, hydrogéologie, géotechnique

5 mois

Bien d'accord avec vous, mais cette fois peut-être avec plus de faiseurs que de contrôleurs 😉 Après 40 ans à avoir tout casser, depuis les politiques jusqu'aux médias et à l'école, il va falloir se remettre au travail sérieusement... J'entends parler de la pénurie et de l'exode des talents depuis la fin du dernier millénaire 😅 Ca fait depuis les années 2010 qu'on parle d'inverser la tendance, suite à la crise des terres rares puis la crise aux USA, remis au goût du jour en 2020 après le covid et maintenant l'Ukraine. On attend quoi en fait depuis tout ce temps ? Au-delà des métiers hyper qualifiés, il y aura aussi besoin de compétences dans les métiers de base, car tout ne se fera pas à travers des écrans par des ingénieurs. Pour réindustrialiser, nous aurons aussi besoin de #mines, de #carrières, d'usines de #transformation. Nous aurons besoin d'électriciens, de soudeurs, de conducteurs d'engins, de secrétariat, de foreurs, de prospecteurs, de chimistes, de techniciens en environnement, etc. pour trouver, extraire de manière responsable et raffiner les matières minérales nécessaires à l'#électronique, l'#aéronautique, le #nucléaire, l'#automobile, le #bâtiment, le #digital, la #santé, etc.

Jean-Yves Pennerath

Professeur chez Lycée Pange

5 mois

Merci d’avoir partagé

La culture qualité impulsee par l'arrêté du 10 08 1984 signé Édith Cresson m'a complètement changé ma trajectoire professionnelle au sein du CEA. En témoigne mes ouvrages AFNOR en particulier "l'amélioration continue selon le PDCA de Deming". Réédité en 2023.

jean-jacques quinquis

Retraité chez Independant

5 mois

Nous avons ce que nous méritons. Les jeunes Francais se pensent arrivés avec des diplômes au rabais, des compétences insuffisantes, des formations plus axées sur le management ou les sciences molles que sur la technologie et les sciences de haut niveau, celles qui permettent l'innovation, essentielles dans l'industrie pour rester dans la compétition internationale. Tant qu'on ne relève pas à la fois les exigences académiques et la reconnaissance salariale et hiérarchique, redonnant aux vrais ingénieurs des postes majeurs de direction, on ne peut pas espérer de changement.

Jean-François Bruneau

Référent métier contrôle-commande nucléaire

5 mois

Article intéressant. Cela fait plusieurs décennies que la France s est industrialisée ce qui a eu pour conséquence la désaffection logique de ses filières pour les jeunes...si on est rationnel on peut penser qu inverser le processus prendra plusieurs années,et ce quels que soient les efforts déployés !

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