"Réparer les vivants" * de Katell Quillévéré
Au petit matin, Simon, 17 ans et fan de surf, quitte la chambre de sa petite-amie pour rejoindre ses potes, direction la mer. Mais sur le chemin du retour, ils ont un grave accident de voiture et Simon, qui était le seul à ne pas avoir bouclé sa ceinture, se retrouve blessé avec un important traumatisme crânien. Finalement, les médecins le déclarent en état de mort cérébrale. Le corps est maintenu en vie, uniquement dans le cas où les parents accepteraient de faire don des organes de leur fils. Entre en scène l’infirmier Thomas Rémige qui a pour rôle d’expliquer cette procédure aux parents qui vont dans un premier temps se montrer réticent face à cette idée. Mais au bout du compte, ils finissent par accepter à condition qu’on ne lui prenne pas ses yeux. Au même moment, Claire, ancienne musicienne et mère de deux garçons, attend une greffe de cœur.
Adapté du livre éponyme de Maylis De Kerangal, « Réparer les vivants » est le quatrième long-métrage de la réalisatrice Katell Quillévéré (« Suzanne », « Un Poison Violent », « L’échappée »). Tous les ingrédients étaient réunis pour en faire un grand film, sa grande faiblesse est que d’un point de vue narratif la réalisatrice a voulu rester fidèle au livre.
Tout avait pourtant bien commencé. Durant la séquence d’ouverture, on découvrait Simon, ce jeune homme à la tignasse blonde qui s’engouffrait dans la nuit pour réapparaître dans le creux des vagues avec un montage privilégiant les ralentis et les arrêts sur image. Ensuite, venaient les séquences à l’hôpital avec un Bouli Lanners métamorphosé dans le rôle du médecin Pierre Révol et Tahar Rahim dans celui de Thomas Rémige. Tout ce petit monde était rejoint par les parents de Simon, incarnés par Emmanuelle Seigner et Kool Shen.
Mais très vite, tout va basculer. Cette volonté exprimée par la réalisatrice de vouloir faire un film de relais, sans personnage principal va en quelque sorte ruiner le film. Ce glissement d’un portrait à un autre va nous empêcher de nous attacher aux personnages. Et c’est là que le rejet se fait. Car lorsqu’on est devant un film au cinéma, on s’attend bien évidemment à éprouver de l’empathie face aux personnages. Ces derniers qui en plus doivent faire face à la mort ou à la maladie. Mais malheureusement, il ne se passe rien. Enfin, presque rien. Le film accorde un peu plus d’importance à Claire et à sa relation avec ses deux fils, mais tout va très vite et on arrive au moment fatidique où le cœur de Simon est retiré de sa poitrine pour être placé, un peu plus tard, dans celle de Claire. Petit moment de suspens. Ce cœur va-t-il battre ? On entend la chirurgienne dire « allez mon petit cœur », ces quelques mots qui viennent résonner en nous comme une dernière tentative d’éprouver une émotion.
(Nathalie De Man)