Rétrospective : l'angoisse de l'orientation
J'ai déjà eu l'occasion d'écrire des articles mais jamais signés et ça m'arrangeait bien. Il est important pour moi de le faire aujourd'hui suite à une rencontre cette semaine avec une jeune fille en terminale. Elle me sollicitait pour en savoir plus sur le vaste monde de la communication, et avec cette angoisse de devoir choisir sur la plateforme Parcoursup. On a repris les choses depuis le début et je lui ai raconté une petite histoire.
Il y a 5 ans, j'étais en L1 de philosophie. Au vue de mon activité actuelle, choix étrange me direz-vous. Je venais d'obtenir mon bac, et comme la moitié des élèves qui sortent du lycée, je ne savais absolument pas quoi faire, je ne me connaissais pas encore assez pour choisir LA voie, cette sorte de Graal qu'il faut impérativement trouver. J'étais perdue, j'avais peur, et pourtant, il fallait quand même choisir.
Donc la philosophie. Parce que j'avais de bonnes notes dans cette matière, parce qu'elle m'intéressait (quand même!) et que, question culture générale, elle apporte des bases solides. J'ai tenu 4 mois. Un.e étudiant.e de première année à l'université, si il.elle ne sait pas où aller, il ne faut pas s'attendre à des miracles. Donc 4 mois. J'avais besoin de concret. J'ai arrêté les études et postulé à plusieurs offres d'emploi, sans avoir la moindre expérience professionnelle.
Je me suis retrouvée dans une petite brasserie comme serveuse pour la saison d'été. Un rythme soutenu, un rapport au client, un travail en équipe. Je n'ai pas eu le temps de voir passer les deux mois. Je ne savais toujours pas où j'allais, mais ce premier emploi, tout en sachant que je ne le ferais pas toute ma vie, m'allait très bien. La saison s'est terminée, j'ai repris un poste de barmaid à mi-temps pour redescendre tranquillement du rythme effréné vécu jusqu'alors. Mes ami.e.s faisaient tou.te.s leur rentrée, l'air sûr.e.s d'eux.elles, tandis que je pataugeais dans cette incertitude. J'ai donc choisis de partir. Un sac à dos, une pile de CV, et l'idée d'aller faire une saison d'hiver à la montagne.
J'ai atterrie dans une des stations les plus riches du domaine des 3 Vallées. Un autre monde, plein de paillettes, un univers de fête. Le hasard des rencontres a fait que le gérant de la nouvelle boîte de nuit de la station me propose un poste comme hôtesse vestiaire. Très bien rémunéré, logé, à 19 ans, c'était trop beau. J'ai passé 5 mois là-bas, au cours desquels je me suis petit à petit rendu compte que je ne pouvais pas continuer comme ça. Je ne me sentais pas à ma place. J'exécutais, je ne réfléchissais plus. J'aimais rencontrer les clients, les conseiller, apprendre d'eux, mais rien dans mes tâches ne me motivait. Un appel avec mes parents fut le déclic. Ils s'inquiétaient du fait que je n'ai qu'un bac en poche, "parce que tu comprends, maintenant avec un bac, tu ne vas plus très loin". Très bien. Je me renseignais sur les formations, tout en gardant à l'esprit ce que j'aimais faire dans la vie de tous les jours. Rencontrer, conseiller, créer par l'écriture et le dessin, organiser, faire du lien entre les gens, et surtout apprendre.
Mon choix se porta sur le BTS Communication. Je repérais un CFA à Paris, me permettant de faire mes études en apprentissage (impossible de couper avec le monde du travail) et gratuit, mes parents ne pouvant pas me soutenir financièrement. J'ai envoyé une centaine de candidatures, spontanées ou non, à des structures dont les projets m'intéressaient. Je n'ai eu que peu de réponses et toutes négatives. "Pas d'expérience dans le domaine" était l'argument principal. La date de la rentrée approchait, et j'avais bien en tête le fait que je ne pouvais pas intégrer la formation si je ne trouvais pas de patron. Début septembre et pas d'alternance. Passons au plan B. Je suis allée dans une école privée caennaise, que des proches m'avaient recommandée. Des entretiens, exposer ma motivation, de l'angoisse. J'ai été acceptée, en formation BTS Communication initiale, sous réserve de pouvoir payer la formation. Ce "sous réserve de" rencontré à chaque étape commençait à m'énerver. Je me suis renseignée chez Pôle Emploi, pour voir s'ils pouvaient prendre en charge les coûts de formation, dans la mesure où j'avais cumulé des droits. "La communication n'est pas un secteur en demande, cependant si vous voulez faire une formation en restauration, nous pouvons vous aider." Mais j'en sors ! Je suis donc repartie bredouille, et me suis tournée vers la seule solution restante : la banque.
J'ai intégré ce fameux BTS Communication. Je me suis débrouillée. J'ai cumulé stages et "petits boulots" sur la première année. Et j'ai trouvé une alternance pour la seconde, une fois passée le cap de ce fameux "pas d'expérience". J'ai fait le choix de repartir en stage pour découvrir un secteur qui m'intriguait : la culture.
Aujourd'hui, j'ai trouvé ce que je veux faire. Je suis dans un secteur en mouvement perpétuel, me permettant de travailler avec différentes personnes, sur différents sujets, certains dont je ne sais parfois strictement rien, si ce n'est qu'ils m’intéressent, avant de commencer. J'ai 23 ans, deux diplômes en communication, 5 ans d'expériences professionnelles, un PVT pour le Canada, peut-être que je ferais mon master en rentrant ou peut-être pas, peut-être que je me lancerais dans l'entrepreneuriat ou peut-être pas. Mais ce que je sais, c'est qu'après 2 ans de flou, d'incertitude et d'angoisse, je me sens bien alors que je ne sais pas où je serais demain.
Cette jeune fille rencontrée mercredi n'est pas la première à me solliciter, et n'est sûrement pas la seule dans cette situation. Alors, de ma petite échelle et du haut des quelques expériences traversées, toi qui dois remplir Parcoursup et qui est perdu.e, le meilleur conseil que je puisse te donner, c'est de prendre du temps. Pour réfléchir, vivre tes expériences, et prendre du recul. Tu rencontreras des contraintes, mais aussi des gens extraordinaires qui, sans le savoir, t'aideront, te donneront de précieux conseils et la force nécessaire pour avancer.
Conseil et Benevolat chez Open art international | Design d'intérieur, Marketing Communications, Photographie
4 ansBonjour Margot , c est par hasard que j ai lu votre post et je le trouve formidable ... j ai un âge canonique et une très longue histoire professionnelle entre autre dans la com à très haut niveau , et depuis que je rencontre des jeunes de 20 ans j ‘ai retrouvé un peu d espoir .... je veux dire dans la capacité des français .... à être ouverts , curieux, flexibles , courageux , entrepreneurs etc.... ce qui, me semble t il, a beaucoup manqué à la génération de leurs parents.... Alors bravo pour le militantisme , je pense qu’il faut raconter à quel point les chemins de traverse peuvent être riches, à quel point le travail est une source d’épanouissement incomparable si on l’envisage comme une façon d apprendre et non comme une punition .... et ce quel que soit le job ... etc ... Alors bravo continuez à parler à vos congénères, poussez les à réfléchir sur eux mêmes, à prendre des distances par rapport aux diktats de la société pour trouver une première voie et ensuite ne pas hésiter à en changer ....bon voyage au Canada ... Béatrice
Socio-psychologue - psychologie du travail - psychologie comportementale.
5 ansBravo pour cette première initiative de partage et bien sûr qu'il faut se donner le temps ; non pas pour faire le bon choix mais que pour le bon choix se présente à soi..!! 👍 Et c'est aussi une excellente chose de faire part de ton expérience à d'autres personnes plus jeunes que toi, mais sache qu'il y a beaucoup de personnes même plus âgées, qui sont encore à la recherche de ce qui leur convient le mieux ; donc il n'y a pas de quoi être perdue..!😉... Excellente continuation et si tu vas au Canada tu vas t'éclater..!! 🍁👌
Conseillère en insertion professionnelle et formatrice
5 ansMerci d'avoir partagé ton expérience..... Je trouve ton parcours magnifique et rempli d'espoir pour nos jeunes. Courage, volonté, remise en question, témérité, endurance.... De belles qualités tu as.
👉Je passe mes journées sur Internet mais c'est pour le boulot 💻 | Business developer 🚀 | Doliprane de l'ERP 💊
5 ansMerci de partager ton expérience ! Toujours une bonne idée de venir à Caen 😉 Pour répondre aux questions : J'ai pris le temps (environ 10 mois) et je me suis lancé dans l'entreprenariat en passant mon Master en même temps. Je pense que c'est ce que j'ai toujours voulu faire car c'est dans le domaine de mon 1er stage il y a... 10 ans 🙄