RÊVER - Manager - Performer
La première réflexion est évidemment celle de se demander "pourquoi un tel slogan en guise de titre d'article?"
Peut-être tout simplement parce que c'est le titre du podcast qui a été choisi par Yoburo dans le podcast du "Café des Sports" qu'ils ont fait l'honneur de me consacrer... et pour lequel je souhaite une nouvelle fois remercier Elisabeth Feigneux et Simon Halperin. J'en profite surtout pour mentionner le grand honneur de partager la même rubrique que de nombreuses personnalités du sport que j'ai eu la chance de côtoyer directement ou indirectement au cours de ma jeune carrière. Pour n'en citer que deux: Denis Naegelen (avec qui je partage les origines alsaciennes, et que j'ai eu le plaisir d'interviewer dans le cadre des Internationaux de Tennis de Strasbourg lorsque j'animais l'émission Totalement Sport sur Radio Dreyeckland pendant 3 belles saisons) et Arnaud Simon (qui a été mon "boss" sur Eurosport pendant de nombreuses années et qui m'a permis dès ma sortie de l'ESJ Paris, en juin 2011, de faire de l'antenne en direct pour commenter de magnifiques événements sportifs).
Rêver - Manager - Performer : Peut-être également, parce qu'à eux seuls, ces trois verbes résument parfaitement non seulement plus de 15 ans de carrière professionnelle, mais aussi et surtout 33 ans d'une vie intense, rythmée par un nombre d'expériences incalculables. Le fil conducteur de ce CV qui paraît tantôt décousu pour les uns, atypique pour les autres voire extrêmement riche pour les derniers... est qu'il a toujours été guidé par une seule et unique passion; celle du sport. Alors je vais simplement lancé dans ce premier article la naissance de ce rêve et les premiers faits de gloire du jeune enfant, qui découvrait plus qu'une simple occupation.
RÊVER : Le premier vrai contact avec le sport duquel je me souvienne pleinement est ce Tour de France 1994, conclu par un classement général Indurain - Ugrumov - Pantani - Leblanc - Virenque, que je n'ai cessé de fredonner pendant tout l'été 1994. Forcément, quand tu es petit et que tu découvres que ton passe-temps de l'été (le vélo!) est également à la télé, en mode "compétition" - ça devient vite très facile de s'identifier aux coureurs, qui tantôt gravissent des pentes aussi raides que le talus devant la maison familiale, tantôt s'affrontent dans des sprints épiques à vitesse folle. Finalement, le plus facile, en roulant tout seul, était de reproduire le contre-la-montre, que j'ai dupliqué à volonté dans les rues de mon village natal de Rouffach, en jouant successivement les rôles de Boardman, Indurain, Rominger et autre Alex Zülle... et en essayant d'améliorer le temps pour parcourir les 800 mètres qui correspondaient exactement au tour du quartier, en partant sur une simili-rampe de lancement et en franchissant une ligne d'arrivée à toute allure matérialisée par l'entrée de la cour de la maison. Et si cette étincelle au cœur de l'été 1994 n'était pas suffisante à confirmer une passion déjà très forte, les Jeux Olympiques d'Atlanta 1996 allait le faire de la plus belle des manières, quand un gamin, de même pas 8 ans, mettait le réveil (sur son radio-réveil à l'époque) au beau milieu de la nuit pour assister à la cérémonie d'ouverture, dans le plus grand des silences, pendant que tout le monde dormait. Voilà comment le rêve est né - et si les anecdotes sont innombrables - j'aurais forcément l'occasion d'y revenir dans de futurs articles: la déclaration à mon papa que je voulais devenir "Thierry Roland", l'incapacité à choisir un sport dans lequel je rêvais de performer car tous me plaisaient énormément, l'admiration innocente et insouciante devant des performances qu'un enfant ne peut jamais quantifier, évaluer, comparer... voire remettre en question. Sans oublier de parler de ce fameux cahier, dans lequel étaient collées toutes les images de sport découpées ici ou là, dans des magazines, des journaux, le programme télévision, qui devenait inutilisable à peine quelques minutes après avoir franchi le seuil de la porte... l'histoire retiendra que plusieurs années après, en rentrant d'un événement golfique caritatif, auquel Abdelatif Benazzi m'a invité, chez lui au Maroc à Oujda, ce cahier était signé dans l'avion du retour par David Ginola et Laura Flessel - à l'endroit même où les photos de leurs exploits étaient collées.
Simplement à l'idée d'évoquer ces trois grandes personnalités du sport, que j'ai eu l'honneur et le plaisir de côtoyer, je me dis que si parfois certains rêves restent inaccessibles, d'autres deviennent réalité, à force de travail, de prises de contacts souvent infructueuses, de réponses souvent négatives... mais qu'en n'abandonnant jamais ses rêves, on finit par s'en rapprocher.
Puisque j'ai parlé en introduction d'Eurosport et que j'évoque ici Abdelatif Benazzi... les deux sont liés, car j'ai eu la chance de rencontrer en commentant le rugby sur Eurosport (Pro D2, Fédérale 1, Challenge européen...) l'ancien capitaine de l'équipe de France, avec qui je conserve désormais de vrais liens d'amitié. Je n'oublie pas également les rencontres marquantes dans ce cadre avec Xavier Garbajosa, Olivier Magne, Raphaël Poulain, Christian Califano, Jérôme Thion, Philippe Benetton... et les journalistes Nicolas Delage, Olivier Canton, Richard Sette, Antoine Marty... j'espère n'oublier personne au sein de la réaction "Rugby".
Si cette succession de rencontres depuis juin 2011 a illuminé les yeux du gamin qui les admiraient à la télé, elle est surtout le fait d'un homme. Celui qui a un jour décroché son téléphone pour me donner ma chance - et le cyclisme ne sera, une nouvelle fois, pas loin de cette anecdote.
J'étais dans mon appartement massicois, ce mardi 14 juin 2011 - le téléphone sonne, un numéro 01........ - je pense nécessairement à une pub, qui vient une nouvelle fois me perturber au beau milieu de l'après-midi. Et finalement, le destin, ma bonne étoile, la chance... me fait décrocher, dans un ton peu convaincu : "Julien Luthringer bonjour!"
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C'est Alexandre Pasteur, commentateur emblématique du cyclisme et des sports d'hiver, à l'époque sur Eurosport, désormais sur France Télévisions, en charge du planning des pigistes, qui me demande de manière très simple : "Qu'est-ce que tu fais ce soir?"
Quelques heures plus tard, me voilà dans le RER parisien en direction d'Eurosport - oui, ce soir à 20 heures, je vais commenter mon premier match en direct à la télévision - un Nouvelle-Zélande / Pays de Galles de la Coupe du Monde Juniors 2011 - mais peu importe l'affiche, les joueurs, la compétition - les yeux pétillent, je suis en train de toucher du bout des doigts mon rêve...
Les stations défilent, Issy-les-Moulineaux se rapproche - des questions, des doutes m'envahissent - vais-je être à la hauteur? Mes fiches sont-elles suffisamment préparées? Vais-je réussir à "poser ma voix" comme me l'ont enseigné Lionel Chamoulaud, Philippe Sanfourche ou Roger Zabel à l'ESJ Paris? J'ai ce sentiment de n'avoir qu'une chance de réussir et c'est ce soir à 20 heures.
Juste le temps d'appeler mon Papa en un clin d'œil entre la sortie du RER et le siège d'Eurosport... sans réussir à dissimuler mon excitation, avec les larmes aux yeux : "Tu as raison et tu me l'as toujours dit, il n'y a qu'un seul Thierry Roland en France. Je ne le serai peut-être jamais, mais ce soir, je vais toucher du bout des doigts un rêve qui vit en moi depuis mon plus jeune âge".
Et si j'y suis arrivé, c'est un message pour tous de l'importance de RÊVER, de se donner les moyens et d'être persuadé même dans la difficulté, que rien n'est jamais impossible.
JL