Rallumons le feu sacré, celui de la France des grands projets. Allez voter !
A l'aube de ces élections, je retiendrai ces quelques extraits du discours de mon ami Xavier Horent, honoré par la République ce vendredi 8 avril.
[…] 2020 a été une claque monumentale d’humilité. Nous avons beaucoup appris, sur nous-mêmes, sur les autres, sur le Pays, sur nos atouts, puissants, et nos faiblesses, cuisantes. Notre vocabulaire s’est appauvri, en préférant le mot de « résilience » à celui de « résistance ». Il s’est aussi enrichi : le terme de « souveraineté » est revenu en grâce, et nous avons redécouvert l’« essentiel ».
Précisément, à force de sacrifier l’essentiel à l’urgence, on oublie l’urgence de l’essentiel. […] . Alors que le tragique fait une irruption fracassante en Ukraine, […], nous sommes rattrapés par le mur de réel, celui qui cogne. Le tocsin sonne et notre génération doit répondre.
Camus écrivait : « Chaque génération se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse ». Ces nouveaux champs d’honneur ont pour noms la stabilité de notre monde, bien sûr, mais aussi le climat, l’environnement et la santé.
C’est notre civilisation, hissons-nous à sa hauteur !
Il y a d’autres batailles : contre le renoncement, l’effacement de l’élan commun, la dilution du sens du risque et des responsabilités, le dénigrement des valeurs, ou l’inquiétante marée des abstentions en tout genre.
« Le drame de notre temps, disait Cocteau, c’est que la bêtise se soit mise à penser ». Autant d’ennemis intimes à combattre pour éviter de sombrer dans une contagieuse décadence morale qui a toujours précédé dans l’histoire la chute des plus grands empires.
J’aime en effet prendre part à la bataille des idées. Or, elle ne fait pas suffisamment rage !
L’occasion m’autorise à dire mes doutes et mes espoirs, appartenant à une classe d’âge dont le seul horizon est une litanie de crises de plus en plus systémiques. Ma génération, celle de 1973, ne connaît les 30 Glorieuses qu’à travers les livres d’histoire, et n’entend parler que de chômage, de réindustrialisation, ou de réforme des retraites. Pourtant, on nous avait enseigné que si la France n’avait pas de pétrole, elle avait des idées…
Où sont-elles passées, au terme de 30 piteuses ?
Pour l’heure, nous sommes emmurés dans un éternel présent qui nous prive de conjuguer au futur des verbes d’action. Tout est au conditionnel, ou au passé - pas si simple, d’ailleurs ! Avec un 50ème budget public déficitaire, nous courons avec des fers aux pieds sans que notre Pays ne trouve d’issue construite, faute de volonté suffisamment tranchée.
Nous en sommes tous les responsables. Il y a encore matière à méditer d’ici dimanche, et à s’engager par la suite. Chacun doit prendre sa part, même si c’est pour faire bouger les lignes de quelques mètres.
Rien n’est vain, il ne faut rien céder, jamais, chacun à son poste.
À condition d’accepter d’encaisser des coups de poing, et de prendre en l’occurrence une bonne droite, ou un crochet du droit !? Attention. Savez-vous que la France a glissé au 23e rang mondial en richesse par habitant ? Que nos dépenses publiques sont de près de 300 milliards d’euros supérieure à la moyenne européenne ? Que nous payons 483 taxes, impôts et cotisations ? Que l'équivalent de 11 % de notre PIB n'est pas déclaré ? Que les prélèvements sur nos entreprises sont de 140 milliards d’euros en plus, tandis que nous décomptons 7 milliards d’heures travaillées en moins ?
J’arrête ici cet assommoir car certains sont en train de tourner de l’œil. Je suis moi-même saisi de vertige, en me demandant ce qui tient encore dans l’équation !
Il est vrai que les regards se portent vers l’Est, pendant que la France semble avoir perdu le Nord. Si certains, vous les reconnaîtrez, se sont révélés à l’Ouest pendant cette drôle de campagne sans désir ni débat, retenons que notre croissance est trop dépendante de nos finances publiques.
Or, aucune économie ne saurait durablement être viable sous perfusion de subventions !
On croit être sous la protection de nos amortisseurs sociaux en oubliant leur défaut unique mais mortel : ils se financent à crédit avec une providentielle facilité de caisse. Cette dette n’est qu’un impôt simplement différé et un coup de canif de plus dans l’arbre écorché de notre souveraineté.
Reconnaissons-le, notre prétendu modèle n’en est plus un et nos totems tomberont.
Le grand risque, c'est celui du grand déclassement. Nous ne gérons que la pénurie, nous sommes au bout du scotch. Cessons de bavarder autour du pot en attendant tout d’un État nounou qui nous apporte notre couverture sur les genoux.
Nos dénis sont pathologiques, de ceux qui nous poussent à refuser que la Chine rachète nos actifs mais en feignant d’oublier qu’elle finance déjà nos passifs.
Sous la menace d’inacceptables taux d’inactivité, de pauvreté et d’insécurité, le diagnostic et l’ordonnance auraient mérité d’informer complètement les patients : nous-mêmes.
Comment ne pas reconnaître le poison d’une crise de l’efficacité, une perte de repères et un déficit de sens ?
Toisant notre spirale dépressive, nous « twittons », diluant notre esprit critique et créatif, pendant que d’autres creusent leur avance.
Notre parole publique s’est dévaluée, telle « une langue morte », comme l’avait dit un Premier Ministre. Quel aveu symptomatique d’une société sondagière, stationnaire et allocataire, comme confinée !
Notre Pays glisse sur un grand toboggan, tout autant lesté d’un appareil en apesanteur que d’une nation archipélisée qui ne s’alarme plus des promesses de campagne, pourvu que l’argent magique ruisselle.
Promettre la protection de l’État est plus simple. Mais sans issue : alors que les taux d’intérêt et d’inflation remontent, la piqûre du réveil sera douloureuse une fois dissipés les effets de la morphine du « quoi qu’il en coûte ». Nous sommes trop, tous secteurs confondus, à attendre devant les guichets de l’État, chacun de nous doit y réfléchir et agir.
Cette réalité est complexe : faire face aux grandes transitions - et l’automobile en est le concentré - nous obligera à mobiliser nos finances publiques, rendant d’autant plus essentiel leur grand redressement. La réussite se fonde sur une organisation sociale, sur une mentalité, sur un art de vivre et de travailler ensemble. Ce n’est pas une économie qui est compétitive, c’est une société.
La nôtre peut le redevenir à condition de cesser de se payer de mots quoi qu’il nous en coûte. Le train du monde n’est plus à des commentaires en 140 caractères sur Twitter, cette immense Tour de Babel. Il est l’heure de s’extraire de l’hypnose de l’information en continu. Acceptons, tous, de sortir du canapé d’une société tik tok et netflix !
N’attendons ni l’homme ou la femme providentiel, ni une VIème République fantasmée par des Insoumis qui rêvent de nous soumettre à ce qui serait une dialectique des échecs. Il n’y a aucune fatalité mais la confiance ne se décrète pas plus que la croissance : les deux se méritent !
Pour s’en sortir, il y a le travail avant le télétravail, la production avant l’imposition.
Misons sur la volonté d’entreprendre qui est le plus puissant des ressorts. Revenons aux fondamentaux, à nos régions, dont l’énergie est là, faisons confiance à notre génie national. Bâtissons à partir de projets ancrés dans le sol, capables de générer de la valeur. Alors à nous, […] de créer du mouvement.
Passionnante et difficile responsabilité, qui nous expose !
Mais n’abdiquons jamais l’honneur d’être une cible !
[…] Les centres de gravité sont renversés, les hiérarchies sont ébranlées, rebattant toutes les cartes. C’est une ère qualifiée de « darwinienne », ouverte par un Green Deal, sans doute trop messianique et pas assez réaliste
[…] Comme le disait Flaubert, « l’avenir nous tourmente, le passé nous retient, c’est pour cela que le présent nous échappe ». S’il est trop tôt pour savoir si nos années 20 auront été « folles » ou pleines de sagesse, c’est l’immobilisme qui mettra en péril nos actifs stratégiques.
Tirons profit de notre brillant héritage, pour rester au diapason des immenses opportunités ouvertes par un chaos qu’il faut espérer fécond.
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Débranchez-vous du discours ambiant […], il est trompeur alors que ses acteurs se distinguent par une exceptionnelle capacité de réinvention.
L’innovation et la compétence sont la clef de voûte. C’est une saga à écrire, avec sa part d’alliances, de ruptures, et, surtout, de nouveaux talents. Notre filière n’a pas dit son dernier mot, pour peu d’écouter nos capitaines d’industrie et nos clients.
Car les solutions de nos ingénieurs et de nos entrepreneurs bouleversent déjà nos usages, notre rapport au temps, à l’espace, au travail, à la culture, nous faisant basculer dans une civilisation où la mobilité responsable et l’économie circulaire tracteront le progrès.
[…] Pour éviter de renvoyer dos à dos les porteurs de pancartes de la fin du monde et de la fin du mois, le débat public doit gagner en maturité si l’on veut s’emparer d’un futur d’autant plus insaisissable que 44 jours de guerre rebattent tous les calculs.
Or, pour relever les défis du futur, il nous faut, d’abord, sécuriser le présent
[…] Attention, par conséquent, à ne pas tout attendre de la fée électricité, et à ce que l’exploitation aveugle de terres trop rares ne fausse pas davantage l’équation. Les réalités sont « bornées », et nos comptes publics, au bord de disjoncter, ne pourront pas tout supporter.
[…] La difficulté, extrême, de notre temps se situe dans le pilotage des équilibres futurs et dans notre capacité à en saisir toutes les complexités.
La question : comment faire le lien entre le point d’arrivée que nous visons et la réalité dans laquelle nous sommes ? Nous devons les réponses à nos enfants, en les guidant sur ce chemin de crête, pour l’heure entre sursaut et déclin.
[…] S’y engager, Mesdames et Messieurs les chefs d’entreprises, c’est rallumer les lumières de notre économie. Car on ne peut pas tricher avec les prochaines vagues dont on pressent la violence et la hauteur des déferlantes et des variantes.
[…] Clémenceau, comme toujours, avait eu ce trait d’esprit : « La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts », peut-être même, désormais, des cabinets de consultants… qui sèment leurs impôts ailleurs… Cette affaire est, là encore, beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît.
Lorsque l’urgence renverse la table, le cadre réglementaire et nos méthodes ordinaires deviennent un piège qui se referme. Les exemples extravagants d’une suradministration pavlovienne sont le carcan d’une société en apnée qui navigue à vue. L’essentiel y est alors sacrifié à l’urgence.
Ne soyons donc pas les prisonniers de nos appareils, publics ou privés !
Au pays de Descartes, l’essentiel est affaire de vision et de méthode.
Voilà deux faiblesses majeures, me semble-t-il, révélatrices d’une campagne sans projection sur un avenir en commun. Morne plaine, morne campagne ! Je l’attendais enthousiasmante !
Or, dans un monde où la complexité va croissant, avec des défis qui ont changé d’échelle, de nature et de rythme, c’est une question politique décisive. Selon moi, nos organisations et leurs datas détiennent une part déterminante de la réponse : elles sont capables de co-construire des politiques publiques efficaces et de co-inventer des méthodes adaptées aux enjeux contemporains.
[…] Un État fort, des corps intermédiaires respectés et innovants en supports de nos entrepreneurs, voilà de quoi inspirer notre jeu collectif, qui y gagnera en intensité et en agilité. Une démocratie vivante est un vaccin anti-déclin, préventif des formes graves de réplique de jaunisse.
Gardons-nous de la banalité, du conformisme et de l’apathie, ces virus qui nous feraient sortir de l’histoire !
[…] La Covid et l’Ukraine sont le tournant du siècle. Une pandémie, une tragédie. C’est parce que la liberté n’a pas de prix qu’il faut endurer d’en payer le prix. C’est inévitable, et le tribut sera lourd
[…] Toutes ces crises sont des révélateurs et des accélérateurs. Elles sont une épreuve de vérité, celle de la 25ème heure.
J’aime l’histoire. Elle enseigne que, dos au mur, nous sommes capables de tout.
[…] Alors que certains rêvent de vous apprendre l’écriture inclusive, méfiez-vous des idéologues. Ils enferment.
Croyez ceux qui cherchent la vérité, doutez de ceux qui la trouvent.
Rêvez le monde sans peurs ni angélisme, agissez par vous-mêmes.
Allez voter dimanche !
De nouveaux mythes sont à chanter, forgés par une certaine idée de la liberté. Comme en 1918 et 1945, la France doit bâtir un nouveau pacte, sans nostalgie, mais avec imagination et audace. J’ajoute : l’enthousiasme !
En regardant les réalités bien en face : les plus aptes à surpasser les risques de l’histoire universelle disposent d’un État fort et agile, d’une industrie et d’une recherche dynamiques, d’une population formée à l’usage des technologies, d’une cohésion sociale robuste, d’une confiance élevée envers leurs institutions et leurs dirigeants.
Pour cela, il faut parler vrai, se parler en vérité. S’engager, chacun à sa manière, mais s’engager.
Il faut se réarmer pour servir l’avenir en se concentrant sur l’innovation, l’instruction, la modernisation de l’État, le renouveau de la citoyenneté et des valeurs de la République.
« Autour d’un petit feu, on fait une petite soupe » disait ma grand-mère maternelle.
Alors rallumons le feu sacré, celui de la France des grands projets, avec un moral offensif et généreux, avec cette étincelle de ferveur qui fait l’essentiel.
« Entre possible et impossible, deux lettres et un état d’esprit » disait le Général.
Alors la garde meurt, peut-être, mais elle ne rend pas !
Soyons entreprenants et audacieux, soyons nous-mêmes, dans l’honneur, bref soyons français !
Xavier HORENT, le 8 Avril 2022
Director Strategic Accounts France @ Whatfix | Digital Adoption Platform
11 moisTellement bien écrit surtout ! Bravo !
Consultant
2 ansTrès beau texte, et si juste !
CFO, Ascential Technologies
2 ansMy man Laurent!