Rapport PISA 2018 : Le système éducatif français face aux inégalités
© GIVORD Pauline & SCHWABE Markus, 2019 - OCDE (cit.)

Rapport PISA 2018 : Le système éducatif français face aux inégalités

Après trois ans d'attente, le nouveau rapport PISA vient d'être publié. L'étude triennale réalisée en 2018 auprès de 600 000 élèves de 15 ans au sein de 79 pays évalue les performances des systèmes éducatifs des parties prenantes en tenant compte du contexte social des jeunes. En France, ce sont précisément 6 308 élèves de 252 écoles qui ont pris part à l'étude. Avec 493 points, la France se place entre les 20e et 26e rangs et se situe ainsi au niveau de la moyenne de l'OCDE (487 points). Le système éducatif français pose cependant un certain nombres de problèmes et difficultés, pointées par le rapport PISA.

Des performances illustrant les inégalités sociales

L'écart des performances entre les élèves de 15 ans soumis·es à un contexte défavorisé au regard des jeunes favorisé·es est particulièrement significatif. Un écart de plus de 100 points entre les 10% les plus et les moins favorisé·es apparaît, équivalent à des différences de niveau de plusieurs années de scolarisation (Schleicher, 2019, p.19).

De plus, il est fait été d'un lien entre populations immigrées et contexte socio-économique défavorisé. Pour la France, le rapport chiffre à quasiment un sur deux le nombre de collégien·nes immigrant·es défavorisé·es (Schleicher, 2019, p.27).

La persistance de stéréotypes genrées

Le rapport met également en avant la persistance d'inégalités d'un point de vue du genre des élèves. Parmi les collégiens ayant les meilleurs résultats en sciences et en mathématique, un garçon sur trois a pour perspective de devenir ingénieur ou scientifique d'ici une dizaine d'années. Ce chiffre tombe a une sur six pour les collégiennes.

La question de la discipline et le rapport aux enseignants

La France ressort également au regard de la discipline en cours. Les problèmes de disciplines et de comportements sont bien plus pointés du doigt par les élèves français·es (1/2) que dans la plupart des autres pays étudiés (1/3).

De même iels mettent en avant un soutien relatif de leurs enseignant·es. Seulement 57% d'entre eux déclarent que leurs enseignant·es portent un intérêt à leurs progrès contre 70% en moyenne pour les pays de l'OCDE (Giword, Schwabe, 2019, p.10)

La question des enseignant·es français·es peut également être posée et interrogée en fonction de leur recrutement. En France, la faible rémunération en début de carrière est peu attractive et impact les candidatures, là où au contraire, la priorité est au recrutement des meilleur·es étudiant·es en Corée.

Un système éducatif permettant de localiser, moins de réfléchir

Le principal fait soulevé par le rapport PISA concerne la place de la réflexion au sein du système éducatif français.

Ainsi moins de 10% des collégien·es sont en mesure de faire la différence entre un FAIT et une OPINION. Si les Français·es semblent plus à l'aise que les collégien·nes d'autres pays à localiser une information, iels sont en revanche moins efficace que ces derniers lorsqu'il s'agit d'analyses, de réflexions et de compréhensions.

Les collégien·nes français·es sont également plus individualistes que les jeunes de 15 ans des autres pays. En effet, iels sont moins amené·es à coopérer, à travailler ensemble que ces derniers (cf. graphique).

© GIVORD Pauline & SCHWABE Markus, 2019 - OCDE (cit.)

Une absence de valorisation d'une culture éducative

L'ensemble des difficultés pointées par le rapport PISA peuvent être en partie expliquées par le manque de valorisation de l'école en France. Les enseignant·es sont sans cesse remis en question, délégitimés. Les enseignant·es font également face à des changements fréquents des politiques éducatives

En outre une absence de "culture des minorités" peut s'avérer déterminante pour comprendre la persistance des inégalités sociales à l'école. La mixité et la tolérance y sont moindres. L'un des pays voisins, les Pays-Bas, augmente par exemple la mixité sociale en jouant sur la spatialisation des collégien·nes : leur établissement scolaire leur est ainsi attribué par le biais d'un tirage au sort (Tutenges, 2019).


Sources :

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