Redéfinir maintenant l’avenir énergétique de demain

J’ai joint Énergir en 2014. Déjà, nos consciences sur la décarbonation s’éveillaient. En 2012, Énergir déposait à la Régie une demande d’approbation pour un projet de raccordement d’un site de production de GNR à Saint-Hyacinthe. Notre transformation s’amorçait. 

En 2015, l 'Accord de Paris marquait un tournant important en plaçant la décarbonation au cœur des efforts mondiaux pour lutter contre les effets des changements climatiques. Le constat était clair : nous devions changer notre façon de gérer l’énergie.

 Collectivement, nous en avons pris conscience. Chez Énergir aussi. Notre transformation devait s’accélérer. On a remis en question nos façons de faire. Comment rester pertinents? Comment créer de la valeur dans l’écosystème énergétique tout en contribuant à bâtir des collectivités plus solides, plus saines, plus résilientes? Énergir a été un des premiers distributeurs gaziers en Amérique du Nord à se mettre en mouvement. 

Faire autrement

Nous menons aujourd’hui une transformation profonde de notre modèle d’affaires. La pertinence du gaz naturel ne réside plus dans l’augmentation de ses volumes distribués, mais dans ses usages à haute valeur ajoutée et la valorisation de nos infrastructures, résilientes. 

Nos stratégies d’affaires sont alignées avec notre volonté réelle et profonde de nous transformer. La rémunération incitative n’est plus liée aux ventes : elle est désormais associée à nos objectifs de décarbonation qui passent par nos programmes d’efficacité énergétique, la biénergie en partenariat avec Hydro-Québec, le gaz naturel renouvelable et le développement de nouveaux vecteurs de croissance sobres en carbone. 

Avec l’apport colossal de notre réseau à l’écosystème énergétique du Québec, équivalant approximativement à la puissance convertie de 10 complexes de la Romaine (17 000 MW), Énergir assume ses responsabilités et sa participation importante dans la transition énergétique. Mais malgré toute la volonté du monde, sa contribution ne sera optimale que si le cadre réglementaire dans lequel évolue le secteur de l’énergie est lui-même aligné avec les objectifs de cette transition.

Actualiser le cadre règlementaire

Il y a consensus général, le cadre règlementaire actuel répond difficilement aux défis de plus en plus nombreux et complexes de la transition énergétique. Dans sa forme actuelle, il exige des efforts considérables, engendre parfois de longs délais, et limite les initiatives, même celles qui contribuent à la décarbonation.

 Dans le cadre de la consultation sur l’encadrement et le développement des énergies propres, Énergir a déposé son mémoire pour positionner ses recommandations et ce qu’elle considère comme essentiel et urgent à mettre en place pour assurer un environnement d’affaires équitable, ainsi qu’une transition énergétique réussie.

 Tout d’abord, le rôle que la Régie de l’énergie a à jouer dans ce grand projet de société doit être clarifié et les objectifs de carboneutralité du gouvernement doivent être au cœur du nouveau cadre règlementaire. Ces mêmes objectifs doivent aussi être intégrés au rôle des distributeurs, tout en les incitant à collaborer pour optimiser de manière complémentaire leurs réseaux énergétiques. 

Toujours aligné sur l’atteinte des cibles de décarbonation, le nouveau cadre réglementaire doit favoriser la mise en place d’un processus d’approvisionnements gaziers (particulièrement pour le gaz de source renouvelable) flexible et cohérent. Avec un plan d’approvisionnement approuvé par la Régie, intégrant une trajectoire de décarbonation démontrant comment Énergir s’inscrit en cohérence avec les cibles fixées, nous aurons une meilleure marge de manœuvre pour agir au meilleur coût pour la société et saisir les opportunités. Par exemple la conclusion de contrats pour atteindre les quantités de GNR nécessaires ou le raccordement, lorsque possible, de sites de production de GNR québécois à notre réseau. 

Également, nous avons l’ambition et la capacité de diversifier nos activités. Pour y arriver, nos actifs existants doivent être valorisés et les tarifs ne doivent plus reposer plus sur une simple logique de coûts, mais également sur une logique commerciale, favorisant le développement de nouvelles activités sobres en carbone et leur pénétration dans le marché. Nous serons présents là où nous avons de la valeur, notamment en contribuant à la gestion de la pointe énergétique et au défi immense du stockage saisonnier, afin de décarboner des usages difficilement électrifiables, ainsi que pour assurer un système énergétique fiable et résilient. 

Les gouvernements peuvent favoriser cette diversification en orientant des incitatifs financiers vers les meilleures solutions sociétales. Par exemple, avec la biénergie, on reconnait la valeur des infrastructures gazières comme solution de stockage saisonnier, tout en minimisant les impacts tarifaires de nos clients et ceux d’Hydro-Québec et en limitant la pression sur le réseau électrique déjà sursollicité par période de grands froids. Il s’agit donc, une fois de plus, de considérer les vecteurs de valeur, de résilience et de décarbonation.

S’élever pour bâtir l’avenir ensemble

Mon souhait le plus grand, c’est qu’ensemble, on s’élève pour faire cheminer les dossiers au rythme qu’imposent la transition énergétique et les changements climatiques.

Et au-delà de toutes nos recommandations, la sobriété énergétique sera clé. Énergir a été un des premiers distributeurs en Amérique du Nord à se tourner vers l’efficacité énergétique.  C’est une priorité que nous continuerons de porter avec conviction. 

Tout le monde gagne à revoir un cadre réglementaire qui nous permettrait d’effectuer cette transformation. La transition énergétique progresse, la lutte contre les changements climatiques s'intensifie : c’est la société d’aujourd’hui et celle que je souhaite laisser à mes filles qui y gagne.