Remettre de la mobilité dans le corps social 

Remettre de la mobilité dans le corps social 

« Mobilité et travail : l’histoire d’un couple infernal », titrait le très communiste « Les Echos » en janvier. En toile de fond « La Souterraine », ville de 5 200 habitants, dans laquelle de nombreuses PME ont fermé. La plus grosse usine, GM&S, a été amputée de 56% de ses effectifs. Le Président de la République leur conseillait alors de « chercher du travail ailleurs ». Dans le recueil de ses « petites phrases », on trouve également le conseil à cet horticulteur « de traverser la rue pour trouver du travail »

Si ces répliques sont assumées, elles sont aussi maladroites. Toutefois elles ont le mérite de faire émerger la pensée d’Emmanuel Macron dans laquelle revient régulièrement ce « problème » de mobilité des Français, géographique ou professionnel. Enjoignant la parole présidentielle aux actes, le Gouvernement a engagé deux chantiers mobilité : celui des transports (permis de conduire, aides financières à l’achat d’un véhicule, etc.) et celui de la mobilité professionnelle (réforme de la formation).

La mobilité est bien plus subie qu'on ne le prétend

Pourtant ne manque-t-il pas à ce volet mobilité la « passion française » : l’immobilier ? Ma conviction est que la mobilité est bien plus subie qu’on ne le prétend. Une des raisons est justement l’immobilier. Chaque jour nous entendons dans les médias « des prix records atteint à Paris, Bordeaux, Lyon, etc. ». Pourtant cette situation est loin d’être uniforme bien au contraire.

Dans les territoires on constate que les prix ont le plus souvent stagné, voire diminué. Il suffit d’écouter votre voisin parisien qui vous dira à peu près la chose suivante : « le prix de mon appartement a doublé, celui de ma maison de campagne a baissé, j’y ai pourtant investi... ».  C’est caricatural mais ça le mérite d’être clair.

Et si la finance était une des solutions ?

La cause, on la connaît tous : l’emploi (industriel) s’est effondré et dans la foulée, les prix de l’immobilier aussi. Les français sont alors pris au piège dans cet engrenage. Patrick Brun, 50 ans dont 29 passés chez GM&S déclarait : « Pourquoi pas bouger mais à plus de 45 ans, c’est compliqué… Sans compter le crédit sur la maison et la vieille voiture… ». La mobilité, ou plutôt l’immobilité, devient subie. Lorsque le marché immobilier est défaillant, ainsi peut-être s’agit il du rôle de l’Etat d’encourager cette mobilité. Et si la finance était la solution ? En effet nous pouvons envisager la création d’un fonds d’investissement dont la mission principale serait de racheter les logements dans les territoires sinistrés, et de redonner ainsi de la liquidité au marché immobilier là où elle n’est plus. On peut aussi envisager de transformer certains de ces logements en HLM.

Qui plus est, l’opérateur potentiel est déjà tout trouvé : la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Le Directeur Général, Eric Lombard, indiquait récemment que le rôle de la CDC est de lutter contre les fractures territoriales. Et si la première des fractures territoriales était le prix de l’immobilier ? Tandis que certains voient leur patrimoine doubler grâce à l’immobilier, d’autres voient leur patrimoine réduit en fumée. La première fracture, elle est là.

D’autres pistes peuvent bien sûr être envisagées, comme un « Chèque déménagement », modulable en fonction des situations et accessible à tous (et plus uniquement les demandeurs d’emplois). Quoi qu’il en soit, des solutions existent ou doivent être trouvées. Aucun travailleur ne devrait parcourir 100km par jour pour se rendre sur son lieu de travail.  

Une finance attentive aux autres

La finance a son rôle à jouer. D’une finance attentive à ses intérêts, créatrice de fractures et d’inégalités, une finance « attentive aux Autres » peut contribuer à les réduire. A chaque fois que j’ai rencontré quelqu’un qui déménageait, c’était parce qu’il aspirait à une vie meilleure, une opportunité professionnelle, ou qu’il souhaitait tout simplement « se refaire » après un échec. Je ne connais personne qui déménage pour aller où l’herbe est moins verte. La finance n’est pas un ami ou un adversaire. La finance est un outil, elle peut contribuer à remettre de la mobilité dans le corps social et contribuer au bien commun. Que ce soit parce que le Président de la République est un ancien financier ou parce que la mobilité est un thème cher à ses yeux, je suis persuadé qu’il ne nous démentira pas. 



C eSt un peu scandaleux tous ces emplois qui disparaissent par ce que le grand capital ne joue pas le jeu au lieu d investir ils partent avec les capitaux ailleurs c eSt dommage pour notre pays c eSt pour cela qu ils ont du supprimer l impôt sur la fortune pour que les capitaux reviennent et les usines car le savoir faire français Existe je connaissais les dirigeants de baccarat cela vas encore être brade aux chinois qui vont tout saccager du point de vue de la qualité comme d habitude

Edith BENGIO

Managing Director - Leveraged and Structured Finance, Private debt Funds

6 ans

Un fonds mobilite travail , merci pour cette reflexion qui me semble interessante . De multiples freins existent a la mobilite geographique du travail notamment la question du cout lie a la mobilite et l illiquidite immediate des biens immobiliers existants dans le patrimoine de la personne concernee. Cela peut etre eventuellement un fonds a compartiments pour limiter les couts de mise en place avec un compartiment immobilier et un deuxieme  financement d'installation sous forme peut etre de micro credit. La question des investisseurs et de la rentabilite sont a considerer.  

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