« Rentrée des Cadres » : le changement, c’est maintenant ?
Mécanique des cycles oblige, les années de crise de recrutement des cadres voient la fin du tunnel. Les premiers frissons d’un redémarrage datent de début 2015. La période estivale a peaufiné l’évaluation des besoins chez les entreprises et d’éventuelles envies de mouvement chez les candidats. Certains cadres vont revenir de l’été la lettre de démission en main. Oui, le marché repart !
Les chiffres parlent : 177 000 cadres* devraient être recrutés en 2015, soit 4% de hausse (*source APEC – juillet 2015). Avec 195 000* en 2016 et 214 000* en 2017, les prévisions sont optimistes. Les cadres vont bouger car les entreprises vont recruter, et inversement ! Alors qu’elle posture adopter après avoir fait le dos rond pendant au moins cinq ans ?
Voici 7 conseils – de simples rappels pour bon nombre – pour celles et ceux qui réfléchissent à la suite de leur carrière en cette période de pré-rentrée. Pour mieux « changer » … ou pas !
1/ « Et si on restait ? ».
Au-delà de louer l’adage de « l’herbe verte », chacun évaluera ici la pleine mesure de son poste et de son entreprise actuels. Et apportera ses réponses à des questions fondamentales ! : « me retrouve-je dans les valeurs de mon groupe ? » ; « le projet de l’entreprise est-il viable ? » ; « les dirigeants me font-il grandir comme je l’attends ? » ; « ai-je un avenir proche et lointain dans cette société ? » ; « suis-je rémunéré au niveau du marché ? » ; « puis-je concilier mon projet personnel en restant ici ? ». Chacun complétera. Et gardera en tête que ‘partir … c’est renoncer’, ‘… c’est prendre un risque’, ‘… c’est faire des sacrifices’, … ‘partir, c’est surtout changer’. Changement que par nature l’être humain évite. Et si la solution était à l’interne ?!
Conseil : un point de rentrée avec son manager direct, sur les enjeux et attendus des prochains mois, et avec la DRH, sur l’après, éclairera le champ de vision.
2/ Définir un vrai projet.
Une fois le principe du mouvement extérieur acté - étape 4 du deuil : ‘l’acceptation’ -, reste à préciser son projet - étape 5 : la reconstruction. Un SWOT personnel rend lucide et humble. Ne pas se mentir à soi-même, c’est la seule difficulté de l’exercice. Un métier ne s’improvise pas ni ne répond à des envies passagères. Ou à des phénomènes de mode. A 25 ans peut-être, à 35 moins, à 45 ou 55 plus dur ! On capitalise sur les acquis. Ouvrir des chambres d’hôte après 20 ans de marketing en télécoms peut marcher … ou pas.
Conseil : partir d’une page blanche pour y décrire le contexte professionnel idéal et réaliste. En tenant compte de soi mais tout comme des éléments exogènes. Sans oublier que vos futurs clients, ceux qui vous payent, le font en échange d’un savoir-faire. Pas d’un seul plaisir ou d'une quête d'apprentissage !
3/ Jamais seuls !
20% des cadres cherchent un nouvel horizon, sectoriel de surcroît (source APEC Juin 2015). Bien avoir en tête que candidater est un concours. La médaille d’argent ne console pas. Et le décideur final, opérationnel, aime les garanties. Les « apprenants » à potentiel sont appréciés, les « sachants » plus souvent élus. Les mobilités internes restent une priorité bien que la quête de sang neuf, celle d’une « autre vision » (sic), est le nice-to-have des DRH.
Conseil : la partie se gagne aussi sur les savoir-faire techniques. Valoriser ses atouts, privilégier le discours de la maîtrise technique à défaut de secteur. C’est souvent ici que la médaille d’or se gagne.
Vouloir en un seul mouvement découvrir le management, une nouvelle culture d’entreprise, un patron, un secteur, une ville ou un pays, et pour les plus combatifs un métier, rend la mission passionnante ; sa probabilité de réussite demeure fragile. Antoine Riboud parlait de ne bouleverser que 3 agents de changements. Ecoutons les anciens. Le monde plus moderne du travail invite à la même prudence.
Conseil : l’ambition n’empêche pas la prudence. Privilégiez un lateral move fonctionnel pour prendre le temps d’une intégration réussie dans un nouvel environnement marché / secteur / pays ou même gouvernance.
5/ Voir loin pour mieux voir.
Si la notion de « plan de carrière » est dépassée, rien n’est offusquant à l’idée de jouer le coup suivant en ayant en ligne de mire le Graal professionnel. Tout ça pour quoi en fait ? Sans parler ici de plan de carrière, chaque étape doit logiquement apporter une pierre à l'édifice. Les DRH ont besoin ici de réassurance. Et d'engagement sur la durée.
Conseil : les réponses aux questions simples du coup d’après doivent être claires, sans nécessité d’être écrites. Osez vous projeter dans l'entretien, sans toutefois omettre qu'il y a une mission à accomplir avant de penser que seule la suivante vous motive.
6/ Un cv d’attaque, simple et efficace
Il n’a qu’un objectif et un seul : obtenir un entretien. Le marketing est en conséquence. Le cv doit être parlant pour son lecteur, exprimer en toute clarté (= aussi transparence et précision) une vie professionnelle jusqu’à un savoir-faire à date. Car il est davantage une photo exacte du professionnel et non le résultat de la superposition d’expériences professionnelles. Eviter ici de défier les codes de lecture, d'être "top" originale ou décalé; sortir des limites de l'épure, dans la forme surtout, peut nuire. En moyenne, un recruteur passe 8 seconde sur un cv ! Donnez vite ce que son oeil cherche.
Conseil : repartir d’une page blanche pour laisser la spontanéité faire le reste. Surtout rédiger un document à l’image de qui vous être aujourd’hui pour prendre le rôle de demain. Le détail des missions du Chef de Produits que vous futes en 1998 n’intéressent que vous : c’est le Directeur Marketing futur DG qui intéresse le recruteur.
7/ Plus dur pour les « fidèles ».
L’étude Mobicadres de juin dernier le montre. La fidélité est une qualité qui grandit avec l’âge.
En 20 ans de recrutement, des centaines de candidats rencontrés et plusieurs milliers de cv lus, j’ai constaté que 80% des cadres qui quittaient leur entreprise après 10 à 15 ans connaissaient 3 nouveaux employeurs dans les cinq années qui suivaient ! Les raisons sont nombreuses et appelleront un post ultérieur (ou bien sera partagé à l’occasion d’une rencontre avec l’un d’entre vous au gré de nos vies croisées !).
Conseil : se préparer à changer de vie ! Comme un couple qui se sépare. Accepter que des habitudes, une réputation, un rythme, des codes, des contacts quotidiens vont être à repenser. Nécessité de changer alors ? Oui. Importance de préparer l’atterrissage ? Aussi, quitte à se faire coacher. A tout âge.
Les années 2016 - 2018 vont connaitre un cycle favorable aux candidats. Avec un besoin important pour les organisations de renforcer le niveau de management intermédiaire. Les Seniors vont retrouver des couleurs, comme ce fut le cas au Royaume-Uni il y a quelques années. Et les deux modèles économiques - digital et traditionnel - vont puiser l'un dans l'autre les compétences qui leur manquent. Une bataille des talents, déjà engagée sur certains métiers ("qui cherche son Social Media Manager ?") , va âprement se poursuivre.
Cadres en souhaits de changement, c'est maintenant ...
Bonne rentrée à toutes et tous.
Régis Vaquié
Fondateur de Rarebird / Partner Signium International
Prendre en main sa carrière, réussir sa transition professionnelle , avez-vous pensé au #coaching et à la #formation ?
9 ansTellement vrai !
DRH Groupe
9 ansMerci Régis, c'est toujours intéressant de faire le point!
Career Development Expert | AI & Marketing Trainer | Experienced Corporate Consultant | Empowering Professionals Through Education and Insight
9 ansDe l'optimisme avant tout et quelques bons conseils qui sont à retenir en période de mouvement ! Nombre d'entre nous ont développé des outils innovants pour associer les talents aux offres, et nous espérons que ceux-ci pourront soutenir cette dynamique !
Partner SEGALEN+ASSOCIES - Conseil en recrutement de Dirigeants et en Gouvernance
9 ansUn très bel article !. Tout le monde a sa place et la notion d’employabilité est essentielle. La notion de fidélité qui grandit avec l’âge est très vraie en entreprise et chaque génération doit apprendre de l’autre : ne pas 'zapper' ou prendre de décisions impulsives pour les plus jeunes ; oser prendre des risques et continuer à changer et se développer pour les plus séniors.
Boosteuse et révélatrice de talents I Executive Coach I Bilan de compétences I Consultante en Communication I Facilitation en Relation, Sens et Cohésion d'équipe
9 ansMerci Régis pour ces bons conseils. Une piqure d'optimisme en début de rentrée ne peut faire que du bien et doper l'envie de changement et de réussite. Je vous souhaite à vous tous, bonne chance dans vos futures aventures...