Repenser la fonction de MOA ?

Repenser la fonction de MOA ?

La question de l’avenir de la maîtrise d’ouvrage au sein des organisations est fréquemment posée. Plus généralement, la pertinence du modèle français d’organisation des projets autour du binôme MOA et MOE est source d’incertitudes. Cette spécificité française a en effet des difficultés à être interprétée à l’international et dans un environnement où les rôles, compétences et frontières des acteurs changent, ce modèle peut révéler ses limites.

Il est en effet important que la présence de ce couple ne conduise pas à un travail en mode guichet consistant à penser que la MOA exprime un besoin et que la MOE réalise une solution sans pour autant qu’il n’y ait eu d’interactions entre eux. Le renforcement de la proximité entre développeurs et métiers est indispensable d’où l’importance de changer les modalités de travail.

Toutefois, si dépasser le modèle MOA-MOE s’annonce approprié au contexte actuel, l’abandonner peut être périlleux tant ce dernier est ancré dans les modes de travail.

Il est également à noter qu'au sein des entreprises françaises la position de la maîtrise d'ouvrage est très disparate, son positionnement est variable d'une organisation à l'autre et il est souvent modifié au gré des priorités et des modes de management adoptés (par exemple on observe des MOA positionnées au sein des métiers, d’autres au sein d’une direction MOA, d’autres au sein de pôles spécialisés). Dans certains cas, l’objectif serait en premier lieu de positionner cet acteur au cœur des échanges entre l’informatique et les utilisateurs et de lui octroyer la reconnaissance nécessaire.

Quant à l’adaptation de cette fonction au contexte international, les changements conduiront certainement à l’instauration de nouveaux rôles dans les entreprises françaises : par exemple la méthode Scrum propose la mise en place d’un Product Owner souvent pris en charge par un acteur MOA ; le PMBOK définit plusieurs parties prenantes (Stakeholders) sans pour autant différencier MOA et MOE de façon précise, le Business Analyst a pour rôle le pilotage de la valeur générée par un projet pour l’entreprise en travaillant de façon étroite avec les métiers et informaticiens ; le Project Office Manager est positionné comme gestionnaire du portefeuille projet et donc du planning, budget, respect des instances et suivi des risques ; le Change Manager se charge de la conduite et de l’accompagnement du changement. Ces différents rôles recouvrent ainsi une partie des fonctions réalisées par la MOA.

Il semble essentiel que les entreprises françaises instaurent ces fonctions reconnues à l’échelle mondiale. Cette démarche permettrait de faciliter le dialogue avec certains de leurs partenaires mais aussi de renforcer le professionnalisme des maîtrises d’ouvrage souvent remis en cause. Toutefois, il est important à ne pas conduire à une prolifération de nouveaux rôles et ce, de façon dispersée au sein de l’organisation. Le maintien d’une vision cohérente et transverse est nécessaire notamment pour la prise de décisions basées sur des informations fiables, des arbitrages plus simples et plus faciles à communiquer mais surtout à un pilotage plus rigoureux des projets.

Structurer, organiser, repenser et professionnaliser la maîtrise d’ouvrage française est une démarche capitale pour cette activité dans le contexte actuel.

MOA = Pôle d’assistance à la DRH sur les processus et les outils


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