Repenser la relation
Je suis profondément convaincue que c’est dans la nature-même de la relation que se logent les pistes de progrès, pour soi, comme pour l’autre. Nous sommes des êtres de relation. Le besoin de relation peut, dans un premier temps, prendre la forme d’un besoin de communication. Les personnes que j’accompagne ou que je forme à travers mes stages, attrapent d’ailleurs vite « le virus de la communication ». De manière parfois inconsciente, elles sentent ce besoin de communiquer autrement. De façon plus consciente, elles s’engagent sur le chemin qui se forme sous leurs pieds, comme la route à emprunter. En réfléchissant sur le pourquoi des choses, pourquoi et pour qui communiquer, nous allons davantage en profondeur, dans le réel. Même s’il existe des tas d’outils de communication et de marketing, même si grâce aux conseils, il est plus facile de choisir celui qui sera le plus adapté en telle ou telle circonstance, rien ne remplace la relation humaine. La relation a quelque chose de beaucoup plus profond que la communication. Elle dit de soi, elle nous engage. Et elle nous nourrit. Vous avez peut-être fait l’expérience, lors d’une discussion avec une personne, du haut niveau d’intelligence de vos échanges. À l’inverse, avec une autre, vous vous êtes peut-être senti bête, vide, et vous avez eu envie de partir, de rompre la communication. Vous êtes pourtant la même personne. Jacques Salomé en parle très bien. Il explique que dans une relation nous sommes trois : soi, l’autre et la relation (symbolisée par une écharpe). Je suis responsable d’un bout de cette écharpe, de ma partie dans la relation. Dans les relations de travail, à plus forte raison dans les relations hiérarchiques, il y a un rapport de force de par le statut (« c’est moi le chef, c’est moi qui sait, c’est moi qui décide… »). En réduisant la relation à ce rapport de force, nous réduisons aussi tout ce que la relation peut nous apporter. Si j’accepte que je ne suis pas toute-puissante sur les événements, que je ne peux pas tout faire toute seule, je peux m’enrichir du savoir de l’autre, de sa compétence et, ensemble, nous pouvons être plus forts, plus créatifs. Pour cela, je me centre sur l’autre, sur la réalité de la situation et non pas sur mon ressentiment, sur une projection négative de l’autre (« il est trop bête, il ne sait rien faire… »). Je ne le sublime pas non plus, je peux, simplement, lui demander son avis, sa coopération. La manière de demander est importante. Pour demander sans imposer, je garde en tête l’idée que l’autre peut accepter ou pas, que chacun a son libre arbitre. Cela évite des relations d’infantilisation, voire toxiques.
Le triangle dramatique de Karpman traduit bien le schéma dans lequel nous avons été nourris depuis notre enfance. L’enjeu du management sensible est de se développer (et de développer ses compétences managériales, entre autres) à travers une relation de confiance, de bienveillance, de respect et de créativité.