Retour d'expérience sur les chariots en industrie

Retour d'expérience sur les chariots en industrie

J'avais envie de faire une synthèse sur les chariots industriels après les nombreux audits que j'ai pu réaliser chez mes clients ou prospects, et des constatations pas toujours heureuses. Suite aux demandes concernant nos tracteurs, chariots ou kits de motorisation électriques, je me suis rendu sur une multitude de sites, que se soit dans le nucléaire, l'agro-alimentaire, l'électronique, la mécanique, le textile, l'hospitalier, l'hôtellerie, la logistique, la grande distribution, les transports... Bref partout où sont utilisés des chariots, c'est à dire quasiment partout !

Plusieurs constats sont à faire :

  • Les chariots utilisés sont, dans beaucoup de cas, très peu ou mal adaptés à l'activité : Cette inadéquation résulte souvent d'une politique d'achat au moindre coût réalisé sur catalogues généralistes ou sites internet qui répondent généralement bien au requêtes Google "chariot pas cher". Même si la célèbre loi du "rasoir d'Ockam" annonce que la solution la plus simple est la meilleure, ce n'est pas toujours le cas. Le chariot plateau (30 à 50€ sur internet) à ras du sol avec ses minuscules roulettes n'est pas toujours le plus ergonomique, trop bas, l'opérateur devra se pencher pour charger et décharger. Trop petit, l'opérateur fera dépasser les charges du plateau pour faire moins de voyages, au risque de perdre un colis en route ou de blesser quelqu'un. Trop grand, le chariot va taper dans les murs, les portes, les parois d'ascenseur et les jambes des personnes autour. Les roulettes trop petites vont générer beaucoup de bruits, de vibrations et des points durs à la poussée dès qu'un obstacle au sol devra être franchit (barres de seuil, entrée d'ascenseur, rampes d'accès, bateau de trottoir ...). D'ailleurs ce type de roulettes low-cost a une facheuse tendance à l'auto-destruction.
  • L'autre raison de l'inadéquation des chariots est aussi l'inexpérience. Un acheteur ou un ingénieur méthodes n'est pas forcément un spécialiste en chariots, il ne connait pas toutes les solutions, modèles de chariots et les fournisseurs. Encore moins les contraintes lorsqu'il s'agit de tracter ces dits chariots. Il est fréquent que l'on nous demande de tracter des chariots qui ne sont tout bonnement pas tractables. Dans certains cas les chariots ont été choisis sur un critère d'encombrement (par exemple pour se mouvoir dans des allées étroites ou encombrées) mais pas d'efficacité ou d'ergonomie ; il aurait été judicieux de vérifier que si l'on peut modifier le parcours du chariot ou bien en finir avec les palettes sauvages et les stationnements de chariots en double file, et donc mettre en oeuvre un chariot réellement adapté au travail qu'il doit faire. Il est important que l'achat d'un chariot se fasse en collaboration entre le personnel utilisateur, l'acheteur et le fournisseur, ce dialogue tri-latéral permet de fixer les contraintes à la fois techniques et budgétaires pour que le fournisseur puisse répondre avec précision.
  • Souvent le chariot est le parent pauvre ou la 5ème roulette du carrosse des sites de production. Une usine va étudier au millimètre l'implantation d'une nouvelle ligne de production qui va coûter des milliers ou millions d'Euros, puis on va acheter à la hâte une série de chariot "low cost" pensant qu'il n'y a aucune technicité particulière à en attendre. D'autres ont investit dans des chariots surdimensionnés couteux, lourds à déplacer, des fois plus lourds que la charge elle même ! J'ai des clients qui ont anticipé la question du transfert de pièces, en étudiant à la fois les chariots et le tracteur à utiliser, mettant en place une solution efficiente tant au niveau ergonomique que productive.
  • Les chariots sont fréquemment en mauvais état. Suivant la qualité des chariots utilisés, les chariots s'usent plus ou moins vite. Comme une voiture, l'élément critique qui supporte les efforts et reste le seul contact avec le sol : la roulette (élément le plus coûteux sur un chariot). C'est généralement la pièce d'usure qui fait défaut, plus la roulette est "low-cost", plus vite le chariot deviendra inutilisable, incontrôlable, impoussable... J'ai déjà constaté, sur des chariots en fonction, des roulettes sans bandage, sans billes dans le roulement, sans roulement à billes (ou à aiguilles), avec des plats, avec un étrier tordu, roulettes girouettes qui tournent selon le sens du vent, ou roulettes... inexistantes ! Chacun de ces défauts constaté est un frein au roulage, donc une difficulté supplémentaire pour l'opérateur, voire même pour le tracteur (un chariot de 300kg avec des roulettes plates semble en peser 1000 !). Les déformations du châssis (au même titre qu'un parallélisme de véhicule) jouent sur l'usure des roulettes et à l'effort de poussée nécessaire.
  • Inadaptabilité à la traction mécanique. Au fil du temps les chariots ont pris des formes diverses suivant les besoins bien spécifiques des utilisateurs. Cela se rencontre beaucoup en Agro-alimentaire. Ces chariots ont évolué dans leurs formes et configurations mais toujours pour une poussée manuelle à hauteur d'homme, au final les tracteurs pousseurs électriques sont des outils relativement récents. Quand, avec la prise en compte de la pénibilité et de la lutte contre les TMS, on souhaite mécaniser la traction des chariots par un appareil ou motoriser complètement le chariot, afin d'éviter les efforts musculaires, on se retrouve devant un dilemme : les chariots ne sont par conçus pour ça. Dans certains cas on va très facilement, grâce à des accessoires, pouvoir s'accrocher et donc utiliser un matériel de traction. Certains cas vont permettre de la pose d'un kit de motorisation. Pour les autres il faudra nécessairement soit faire une modification des chariots ou bien changer complètement les chariots, solution ultime quand rien d'autre ne fonctionne.
  • Le cahier des charges pour tracter : Il faut une liaison rigide entre le tracteur et le chariot, puis entre les chariots si on veut faire un train. Cette liaison qu'on appelle barre d'attelage ou timon est en fait une barre permettant l'accroche et un point de pivot. Ensuite dans le cas du petit train, il faut un crochet arrière pour accrocher le timon du chariot suivant. Dernier impératif, les roues arrières sont fixes ou bien blocables en direction. L'idéal est une configuration mono-trace ou en losange. Un chariot sur 4 roues pivotantes n'est pas tractable (l'exception qui confirme la règle est notre système d'insert qui va tracter 1 chariot sur 4 roues folles). Ces derniers points étaient impératifs, en optionnel il faut contrôler que les roulettes prévues sont bien conçues pour être utilisées en traction. En effet les contraintes mécaniques ne sont pas les mêmes, et surtout avec un tracteur autoporté qui va aller bien plus vite qu'un homme à pieds. Le diamètre des roulettes est important également car en poussée manuelle, le fait de mettre les mains sur le chariot le stabilise, c'est à dire qu'à la rencontre d'une difficulté (petite marche, seuil de porte, rail ...) l'opérateur va "aider" se passage en stabilisant, voire même en soulageant le chariot. La motorisation ne fait que déplacer le chariot, s'il possède des roulettes trop petites il pourrait basculer sur un obstacle.

Voilà ce qui concerne notre "livret blanc sur les chariots", je ne pensais pas faire aussi long mais finalement en me rappelant des différentes situations, je m'aperçois qu'il y a de la matière, et ce n'est certainement pas exhaustif. La morale de l'histoire, car il doit y en avoir une (sinon je ne me serais pas donné cette peine), c'est qu'il faut nous consulter et réfléchir ensemble aux solutions globales, il existe suffisamment de chariots différents dans nos catalogues et de solutions de motorisation pour répondre à vos attentes.

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