RH: la vérité d’aujourd’hui sera fausse demain

La situation évolue d’heure en heure, incidemment ces impacts évoluent aussi, mais pas nécessairement au même rythme.

Suivant la courbe de l’évolution du virus actuel, la courbe d’intervention RH souffre de la désuétude de l’information. Nos actions RH, quoique concertées et très flexibles, sont à la remorque de la réalité qui s’installe sur le terrain. L’incertitude des données limite l’utilisation, ainsi que la généralisation de celles-ci.

Comme vous le savez, un bon professionnel RH aime être proactif et ne pas être à la remorque de ce qui se trame sur le terrain. On ne se fera pas de cachette, mais le contexte actuel nous impose un délai, et ce délai nous fait perdre un temps fou. D’une part, on perd du temps en tentant de rattraper, et de circonscrire les retards et de comprendre ce qui se passe – si nous sommes chanceux-. D’autre part, dès que nous arrivons à nous sortir la tête de l’eau pour reprendre notre souffle, nous nous apercevons que le temps consacré à restreindre les retards a amputé le temps que nous aurions dû consacrer à suivre le flow pour ne pas cumuler du retard. Pendant que nous nous affairions à comprendre, le monde n’a pas arrêté de tourner. C’est ainsi que la continuité des actions et de la réalité qui nous entoure nous apprennent que notre bonne volonté à récupérer le retard nous a permis d’emmagasiner de l’information qui, dans bien des cas, n’est déjà plus utile, plus applicable ou erronée.

Les bonnes intentions d’hier peuvent nuire à nos actions demain, c’est ainsi que notre prise de décision est plus cruciale que jamais. On veut tous bien faire, c’est juste qu’on ne sait peut-être pas quoi faire, comment, et encore moins ce qui est juste, et ce même si des spécialistes et des scientifiques nous disent savoir où ils vont. Les exemples des derniers mois ne mentent pas, le juste d’aujourd’hui, peut aussi vouloir dire le mauvais de demain. Nous ne sommes pas habitués à cette réalité complexe, et parfois, prendre un certain recul pour analyser nos actions et notre compréhension de la situation peut être bénéfique.

Regarder en avant, c’est bien, en autant que l’on n’oublie pas le chemin franchi.

Il y a à peine deux mois, parler du Covid-19 se limitait à parler de la Chine, à situer nos actions avec des travailleurs qui revenaient de certains pays pour une quarantaine volontaire, et parler du virus se limitait à ce que nous voyions au journal télévisé.

Il y a 4-5 semaines, les professionnels de la santé nous disaient de ne pas porter de masque de façon préventive puisque nous pouvions augmenter les risques de s’autocontaminer, et que de toute façon, si votre masque n’était pas un masque N-95, vos efforts étaient vains. Certains ont fait à leur tête, mais beaucoup ont suivi la consigne. Cette consigne qui n’est plus en vigueur puisque la recommandation actuelle est à l’opposée.

Je sais, les recherches actuelles nous apprennent que… ; je sais, on peaufine nos connaissances chaque jour -et nous simples mortels, tentons de nous y retrouver et de ne pas être cynique- ; je sais, chaque jour, nos scientifiques font des percées et des découvertes.

Ce que je sais aussi, c’est qu’hier, la main sur le cœur, on nous exhortait de faire ceci ou cela, de respecter les consignes et d’adhérer aux règles ou nouvelles politiques sociales et communautaires.

Ceux qui dérogeaient aux consignes étaient des imbéciles ou bien des égoïstes. Peut-être, mais comment savoir quoi faire et quand le faire, sachant que ce qui est suggéré sera relayé aux oubliettes demain ?

Croyons à la vérité qui nous est communiquée, mais relativisons les choses… avant de dire ou bien d’imposer la façon de faire.