Robbie Keane, icône éternelle

Robbie Keane, icône éternelle

Sur le rectangle vert, les joueurs irlandais défilent, mais leurs exploits ne resteront pas indélébiles.Robbie Keane épouse, lui, à merveille le contre-pied. L’Irlandais (143 sélections, 67 buts) a marqué la dernière décennie de son empreinte, notamment à White Hart Lane, théâtre des exploits de l’attaquant au milieu des années 2000. Puis, la trentaine passée, il a décidé de s’aventurer de l’autre côté de l’Atlantique. Une décision surprenante qui avait laissé planer le spectre d’une fin de carrière anticipée.

98 buts en 151 matchs de MLS

En MLS, Keane va pourtant continuer à faire trembler les filets adverses, comme si, le temps n’altérait pas ses statistiques. Au total, 98 buts en 151 matchs disputés, avec une place dans le onze type du championnat en 2012, 2013, et 2014. Preuve d’une régularité toujours au beau fixe, en dépit d’un corps de plus en plus souffrant.
Car si les buts ne cessent de s’empiler, le physique de « Keano » se fragilise. Des blessures récurrentes qui l’ont empêché de se préparer de manière optimale l’Euro avec sa sélection. Opéré à un genou fin mars, et touché dernièrement au mollet, le capitaine irlandais a été chouchouté et remis sur pied pour le début de la compétition alors qu’il n’aurait pas dû être opérationnel avant le second match face à la Belgique.

Joker de luxe et leader du vestiaire

Un retour rapide qui explique en partie le rôle essentiel que joue Robbie Keane, comme le souligne son homonyme Roy Keane : « Robbie aura un impact important sur le jeu, qu’il soit dans le 11 ou comme remplaçant. » Des propos partagés par Martin O’Neill, le sélectionneur. « Il a tellement d’influence, même quand il ne commence pas les matchs. Il est toujours auprès de ses partenaires pour les aider » confessait-il au Guardian en mars.

Indispensable aux Los Angeles Galaxy, Keane n’a plus réellement ce statut avec les Boys in Green.L’émergence progressive de Shane Long est venue rebattre les cartes. Dans la meilleure période de sa carrière, l’attaquant de Southampton se positionne désormais en leader offensif de l’Irlande. Quatre ans après un Euro 2012 où il avait vu, depuis le banc, la Bérézina irlandaise : « à l’Euro 2012, je n’avais pas vraiment joué (40 minutes au total). Nous nous étions plantés et je me suis servi de cette expérience pour apprendre. J’attends ce match contre la Suède depuis quatre mois. »

« Lorsque tu arrives pour la première fois en sélection, il va être le premier à venir t’accueillir et te fera sentir que tu es le bienvenu. »

Malgré l’évolution des rôles, Long sait l’importance du vétéran dans l’équilibre du vestiaire, mais aussi sur l’aspect purement footballistique. « Les joueurs veulent tous jouer pour lui », confiait-il en conférence de presse. Un avis que partage Daryl Murphy, plus avare en compliments quand il s’agit de mettre en l’évidence l’aura de son capitaine : « Il a toujours été influent dans la vie de groupe, c’est quelqu’un de très gentil avec tout le monde. Lorsque tu arrives pour la première fois en sélection, il va être le premier à venir t’accueillir et te fera sentir que tu es le bienvenu. On apprend énormément à son contact. »

D’ordinaire peu loquace, l’irlandais respecte toujours une ligne de conduite, celle de privilégier le collectif au détriment de ses performances individuelles : « si le coach veut que je marque des buts, je vais le faire. Si le coach veut me faire jouer à un autre poste, ce sera probablement le bon choix. Si le coach considère qu’un autre joueur est meilleur que moi, je n’aurais aucun problème à laisser ma place. Le pays a plus d’importance que moi. » De quoi se faire un avis tranché sur la mentalité du meilleur buteur de la sélection.

« Être heureux en me réveillant chaque matin »

Conforté par ses partenaires et ses entraîneurs, le natif de Tallaght jouit d’une cote de popularité assez ébouriffante auprès des fans irlandais qui dernièrement, ont retenu leur souffle pour voir leur attaquant fétiche être disponible à l’Euro. Une pression importante qu’il aura finalement appris à gérer tout au long de sa carrière internationale. « Les gens pensent que c’est facile d’aller en sélection, mais lorsque vous êtes un joueur attendu, il y a davantage de pression sur vos épaules. En Angleterre, vous avez dix-sept joueurs qui sont attendus et non pas un seul. »

« Je continue de dire que je suis payé pour quelque chose que j’aime faire »

Mais le football reste pour lui un exutoire, une passion dévorante dont il ne peut guère se passer. « Il faut aimer ce que nous faisons. Je n’ai jamais pensé au côté faste et glamour que pouvait apporter le football. Mon but était d’être heureux en me réveillant chaque matin pour partir à l’entraînement et attendre avec hâte le week-end pour jouer des matchs. Je continue de dire que je suis payé pour quelque chose que j’aime faire. Qu’est-ce que je peux demander de plus ? » Sans doute des distinctions collectives et personnelles. Il faut dire que son palmarès reste vierge de trophées et d’un parcours significatif avec l’Irlande dans une grande compétition.

Les choses peuvent changer en cas de bon résultat contre l’équipe la plus abordable – ou la moins injouable – de ce groupe E que tout le monde nomme à l’envi « groupe de la mort ». S’ils doivent mourir, l’Irlande et son capitaine veulent le faire les armes à la main. Le capitaine iconique des Boys in Green, qui garde en tête la barre des 70 buts en sélection, bataille déjà depuis de longues années et repousse ses limites physiques jusqu’à la fin du tournoi. Avant de partir l’esprit léger et le sentiment du devoir accompli.

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