Robotique et Emploi

Robotique et Emploi

Robotisation ou délocalisation

Lorsqu’on aborde le sujet de la robotique, des boucliers se lèvent arguant de la perte des emplois non qualifiés associés. Mais depuis plusieurs décennies la France délocalise dans les pays à bas coûts son industrie causant des centaines de milliers de pertes d’emplois non qualifiés en France. Dans ce contexte, la robotique est le meilleur moyen de renverser la vapeur. En robotisant une production industrielle en France, l’entreprise devient plus efficace, plus productive, plus compétitive sur le marché international : elle va pouvoir exporter plus, elle va gagner des parts de marché sur ses concurrents étrangers, elle va créer plus de valeur en France. Une entreprise qui se développe, c’est une entreprise qui embauche, qui construit de nouveaux bâtiments, qui fait travailler plus de sous-traitants locaux.

Vive la Robocalisation écologique

Ce constat est vrai pour les entreprises qui n’ont pas encore délocalisées leur production car pour celles qui sont déjà parties en Asie, elles peuvent aussi robotiser en Asie, et d’ailleurs la Chine est actuellement le pays qui achète le plus de robots au monde : plus de la moitié des robots sont vendus en Chine depuis quelques années. Pour rapatrier ces productions étrangères en France, il faudrait intégrer dans le prix des produits leur coût de CO2. Un appareil produit en Chine dans une usine alimentée par de l’électricité produite à base de charbon, qui parcours plusieurs milliers de kilomètres dans des bateaux porte containers alimentés au fioul lourd : c’est un coût écologique qu’il faudrait prendre en compte. Entre la prise de conscience écologique et le coût des taxes carbones, la question de la relocalisation deviendrait plus envisageable pour les décideurs : produire localement c’est aussi valable pour l’industrie, surtout que le coût d’un robot est le même dans tous les pays.

Des robots pour le progrès social

Et si les travaux les plus pénibles, les plus dangereux, les plus répétitifs et donc les moins épanouissants sont effectués par des robots, c’est aussi en partie parce que plus aucun Français ne veut faire ces travaux, et c’est un progrès social. Mais il reste, au sein des entreprises robotisées, de nombreuses tâches ne nécessitant pas de qualifications techniques particulières et pour autant qui ne sont pas robotisables car elles requièrent l’adaptabilité de l’homme. L’homme est très supérieur au robot. Le robot est très spécialisé, il peut réaliser une fonction de façon régulière, sans défaut, sans fatigue, sans pose. Mais il ne faut pas lui demander autre chose. Or, dans la vraie vie, il faut s’adapter en permanence à de nouvelles situations, à de nouvelles tâches. Un homme peut manipuler des choses extrêmement différentes, des choses petites et fragile à un moment et des choses volumineuses et lourdes l’instant d’après. Un homme peut monter des escaliers, grimper à une échelle, se glisser dans un endroit exigu, sauter, utiliser un chalumeau le matin et un tournevis l’après-midi … Tout cela peut être fait par le même homme. Si on parle de robot, chacune de ses tâches nécessite un robot dédié, et le robot qui arrivera à monter à l’échelle, quand il sera en haut, il ne saura pas donner un coup de tournevis et un coup de marteau où il faut. La robotique, c’est fantastique mais ne fantasmons pas, ni dans un sens, ni dans l’autre, ça reste cantonné à des tâches précises et limitées. En ce sens, ceux qui rêvent de l’usine 100% robotisée et ceux pour lesquels ce serait un cauchemar peuvent dormir tranquilles, ce n’est pas envisageable.

Le rapport au robot

Et si au lieu de considérer le robot comme un concurrent, les personnels de l’industrie le considéraient juste comme un outil. Un outil plus ou moins autonome, qui va réaliser une partie du travail tout seul mais seulement une partie. Et comme tout outil, il va falloir apprendre à s’en servir ; car si un robot nécessite de nombreuses expertises techniques pour être conçu, son utilisation est, elle, plutôt accessible. Après quelques jours de formation, un ouvrier qui effectuait une tâche robotisable pourra devenir superviseur du robot qui va réaliser cette tâche tout en réalisant d’autres missions plus diversifiées dans l’entreprise. Dans certains cas, seulement une partie de l’opération sera robotisée, prenant en charge des manipulations lourdes et fatigantes quand l’employé conservera la partie délicate de l’opération, on appelle alors cela la cobotique, soit la collaboration entre l’homme et le robot.

Mais pourquoi tout ce progrès technologique ?

C’est vrai, après tout, pourquoi vouloir ainsi changer la façon de produire ? Nos anciens savaient déjà faire « à la main » tout ce que les robots font aujourd’hui. Bien sûr, on pourrait parler de concurrence internationale, de mondialisation … mais si on regardait cela plutôt du côté progrès social. En 1960, les premiers robots ont commencé à prendre place dans l’industrie automobile. A cette époque, une petite voiture, par exemple une Simca 900, représentait l’équivalent de 21 mois de SMIG brut. Aujourd’hui, une Citroën C1 (c’est ce que j’ai trouvé de plus proche de la Simca 900 mais c’est bien mieux) représente environ 7 mois de SMIC brut. La robotisation de la construction automobile a donné accès à des millions de personnes à des véhicules plus performants et moins chers. Et parce que nous voulons tous, pour nous et nos enfants, plus de confort, plus de loisirs, plus de pouvoir d’achat, la robotisation contribue à la baisse des prix à la consommation.

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