Rouvrir le monde avec les philosophes
LIVR’ACTION
L’expression « rouvrir le monde » est de David Barroux, éditorialiste des « Echos » et elle me semble particulièrement indiquée pour évoquer
UN VOYAGE DANS LES PHILOSOPHIES DU MONDE, Roger-Pol Droit
Lecteurs, lectrices, rassurez-vous : nul besoin d’avoir fait de longues études de philosophie pour se lancer dans la lecture de l’ouvrage, particulièrement limpide et conçu pour des non-spécialistes sans céder sur la rigueur, avec une riche bibliographie notamment.
Son premier intérêt réside dans sa définition de la philosophie, bien loin de ce que vous avez pu entendre à l’occasion de conférences dans la bouche de « philosophes d’entreprise » ni dans celle de célèbres professeurs de philosophie reconvertis en intervenants de luxe et qui viennent vous faire la même leçon chaque fois, avec les mêmes traits d’esprit aux mêmes moments. Misère, misère…l’argent, l’argent…
L’expression « philosophes d’entreprise », outre son ridicule, manque l’essentiel, que rappelle l’auteur, connu des lecteurs et lectrices du « Monde » et des « Echos » : « La philosophie émerge de partout où des humains décident de se conduire conformément à leurs capacités d’être rationnels, partout où ils interrogent leurs propres croyances, critiquent leurs propres opinions et se préoccupent des normes, des critères, des fondements de leurs connaissances, de leurs actions, de leurs sociétés »
Le décor posé, l’ouvrage va vous faire voyager vraiment « dans les têtes de philosophes indiens » pour commencer, dans celles des philosophes chinois pour suivre, dans celles des philosophes bouddhistes, qu’ils soient indiens, chinois, tibétains ou japonais ; avant de vous envoyer dans celles des philosophes juifs puis, pour finir, dans celles des arabo-musulmans.
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Franchement, l’aventure à ce prix là, 20,90 euros, allez-y !
Chaque chapitre s’ouvre sur une expérience de Roger-Pol Droit qui renvoie aussi à un concept philosophique : le temps pour la philosophie indienne, l’espace du côté de la Chine, la vacuité du bouddhisme, la loi dans la philosophie juive, la représentation pour la philosophie arabo-musulmane.
Chemin faisant, il nous fait découvrir les penseurs, de Confucius à Avicenne, en passant par Bouddha évidemment, Nâgârjuna, Philon d’Alexandrie, Juda Halévi, Al -Kindî et bien d’autres.
Initialement, en achetant l’ouvrage, je songeais à mes client.e.s expatrié.e.s pour qui la rencontre s’avère parfois douloureuse tant le dépaysement est grand, ce malgré les séminaires de management « interculturel » qui leur ont été proposés. C’est que ces derniers, d’où leur utilité du reste, ont une visée « adaptative », et manquent de profondeur de champ.
Après l’avoir lu, alors que la diversité des recrutements devient réalité, l’ouvrage intéressera ceux et celles qui ont envie de prendre de la hauteur pour reconsidérer à la fois leurs manières de voir et, peut-être, leurs manières de faire pour rouvrir leur propre monde à l’altérité tout simplement.
Directeur de Lisaa Mode Paris
2 ansmerci, tu donnes envie, surtout apres la "grande fermeture" des dernières années, qui ne semble pas en voie de se relâcher, dans les faits et dans nos têtes. Une petite réserve cependant sur l'emploi du mot "philosophie" en dehors de la filiation grecque. Sans aller jusqu'à parler d'appropriation culturelle, je ne suis pas sur ce que cela ne soit pas un peu réducteur (mais je n'ai pas encore lu le livre).