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LA  MARCHE VERS L’INCLUSION DES POLITIQUES EN MATIERE DE HANDICAP

Sénégal LA MARCHE VERS L’INCLUSION DES POLITIQUES EN MATIERE DE HANDICAP


Social policy of inclusion regarding handicap in Senegal

Jean-Pierre MINET Président du réseau 34 Addictologie, Administrateur de l’Association l’Avitarelle Montpellier (CHRS, Logement d’Urgence, 115).


Sur la population de 13 millions d'habitants que compte le Sénégal, 800 000 personnes en situation de handicap ont été recensées. Les personnes handicapées sont particulièrement touchées par la pauvreté qui accentue davantage les difficultés dans leur intégration économique, l'accès aux services sociaux de base, la violation de leurs droits et l’inaccessibilité à une vie décente.  

Ces difficultés sont entre autres "caractérisés par la faim chronique, la maladie, la faiblesse des ressources financières, le faible accès à l'eau potable, aux soins de santé, à l'éducation, aux médicaments essentiels, à l'électricité, à l'assainissement, à la communication et au transport", selon rapport DGAS de 2015 et l’agence nationale de la statistique et de la démographie.


Depuis la signature par le Sénégal, le 25 avril 2007 de la convention des nations unies relative aux droits des personnes handicapées et sa ratification le 7 septembre 2010, la politique du gouvernement en direction des personnes handicapées c’est traduit par le vote par le vote d’une loi-cadre nommée Loi d’orientation sociale n° 2010-15 du 6 juillet 2010, relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées.

Aujourd’hui, le gouvernement du Sénégal, met en place une politique inclusive coordonnée par la DGAS dépendant du ministère de la santé. Les missions de la DGAS chargée de préparer et de mettre en œuvre la politique nationale d’Action sociale. A ce titre, elle est chargée : De promouvoir l’insertion socio-sanitaire et économique des groupes sociaux défavorisés ; de veiller à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées ; de veiller à la promotion et à la protection des personnes âgées ; d’impulser et de coordonner les programmes de recherche en matière d’action sociale ; D’élaborer les textes législatifs et réglementaires relatifs à l’action sociale et de veiller- leur application ; de veiller au suivi et à l’accompagnement psycho-social des inadaptés sociaux. La Direction générale de l’Action sociale comprend : la Direction de l’Action médicosociale ; la Direction de la Promotion et de la Protection des Groupes vulnérables ;  La Direction de la Promotion et de la Protection des Personnes handicapées.

Concernant cette dernière direction, elle a pour missions de préparer, de mettre en œuvre et de suivre la politique en matière d’intégration socioéconomique et de promotion des personnes handicapées. Elle veille, en outre, à la protection des droits des personnes handicapées. A ce titre, elle est chargée : de mettre en œuvre le Programme national de Réadaptation des Personnes handicapées ; de contribuer à l’amélioration du cadre de vie des populations dans les villages de reclassement social ; de coordonner les activités des partenaires. La Direction de la Promotion et de la Protection des Personnes handicapées comprend :  la Division de la Réadaptation médicosociale ; la Division de l’Intégration et de la Protection sociale ; la Division de l’Insertion socioéconomique et professionnelle.


En matière de politique handicap, jusqu’à présent l ’ensemble des ministères travaillant de façon autonome sans mise en place d’une réelle politique coordonnée concernant la mise en œuvre de la Loi d’orientation sociale n° 2010-15 du 6 juillet 2010, relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées.

Désormais une politique inclusive concertée devra être mise en œuvre entre les ministères. Elle  a pour but sous l’autorité de la DGAS en lien avec la Direction de la Promotion et de la Protection des Personnes handicapées :

 -De recenser et coordonner les actions mises en œuvre par les Ministères qui sont des micros actions à destination d’un petit nombre d’usagers au niveau ministériels. Les plus actifs étant les ministères de la formation professionnelles et celui de l’éducation particulièrement au niveau des universités.

-D’évaluer et de développer les politiques notamment autour de la CMU et de la carte d’égalité des chances sont réalisées très partiellement. La carte d’égalité des chances est un dispositif de production sociale pour les personnes handicapées offrant des avantages dans tous les domaines que sont la santé, le transport, l’éducation, la formation, les finances, l’emploi, etc. Cette carte permet à son titulaire de bénéficier des droits et des avantages en matière de réadaptation, d’aide technique ainsi qu’à tout autre avantage susceptible de contribuer à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées. La communication en direction des populations bénéficiaires n’est pas assurée et les modalités d’obtention sont peu connues voire ignorée des populations cibles. (Faible taux de bénéficiaires par rapport à la cible identifiée 800000 personnes handicapées au Sénégal 17 851 cartes égalité des chances ont été produites et 6504 sont en cours de production, là ou 7 618 nouveaux dossiers ont déjà été validés pour fin 2016. Concernant la CMU, en 2016, le taux de CMU devrait tourner autour de 47%, avec l’intégration des 300.000 ménages bénéficiaires du Programme de bourses de sécurité familiale qui auront un accès gratuit aux soins et aux médicaments) La décentralisation au niveau des départements grâce à la création de deux commissions techniques restent à renforcer et à promouvoir au vu des résultats jusqu’ alors obtenus.

-D’appuyer les ministères dans la mise en œuvre de relais au sein des ministères (points focaux) identifiées comme les outils de communication, et de mise en œuvre de la politique en matière de handicap. Certains décrets d’application de la Loi cadre ne sont toujours pas pris six ans après la promulgation de la Loi d’orientation sociale n° 2010-15 du 6 juillet 2010, relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées. La volonté politique n’est pas suffisante, le Président Macky Sall qui soutient une politique inclusive en direction des personnes handicapées et des populations vulnérables ne dispose pas d’une administration efficiente dans la mise en œuvre des politiques décidées et votées par le parlement. Cela engendre un certain nombre de distorsion et de retard voir de non applications des textes législatifs.

Dans le cadre du Plan Sénégal Emergeant un programme global étatique de construction de Centre de Réinsertion Sociale et de soutien aux groupes vulnérables a été mise en œuvre avec des projets d’établissements datés de mai 2016. Ils sont au nombre de quatre répartis dans quatre régions : Chaque CRS est destiné principalement à un groupe bien défini : - le CRS/Bambey est destiné aux personnes en situation de handicap ; - Le CRS/Kaolack est destiné aux malades mentaux ; - Le CRS/ Darou Mousty est destiné aux groupes vulnérables avec un accent sur les toxicomanes et celui de Bignona qui est aussi destiné aux groupes vulnérables avec un accent chez les enfants déficients intellectuel.

Dans le secteur du handicap on trouve parmi les associations et les ONGS, une myriade d’entités au service de leur propre intérêt : C’est la première réaction que l’on pourrait avoir au vu de l’observation de l’environnement

Le secteur social privé, est composé d’un certain nombre d’ONG ou d’organismes Internationaux captent prioritairement les financements qui engendrent des confusions entre la politique du gouvernement sénégalais et leur propre politique d’intervention.

La difficulté rencontrée par l’ensemble de ses structures : Elles œuvrent dans des domaines similaires sans réelles concertations de peur de voir les financements déjà maigres en matière de fonctionnement leur échapper. Chacun œuvre dans son espace territoriale et selon sa cible et ses intérêts. Ce morcellement d’actions ajouté aux enjeux de pouvoir au vu d’obtenir une plus grande visibilité engendrent une perte de lisibilité de la politique en matière de handicap. Toutefois ces actions nombreuses mais d’ampleur restreinte bénéficient à une partie des usagers et nous devons nous en réjouir.

D’autre part, une grande partie des actions sont réalisées sur l’agglomération Dakaroise alors que les régions où sévit le plus la pauvreté sont celles les moins bénéficiaires d’actions et d’informations. Cela favorise un flux migratoire qui vient accentuer la saturation sur la zone Dakaroise.

Les associations d’usagers sont constituées et présentes dans les choix politiques des institutions et des ONG.

Au niveau national, Il n’existe pas d’instance régulatrice des bonnes pratiques en matière sociale, peu ou pas de contrôle des associations, ONG, ou institutions. Aucune vue sur les pratiques professionnelles ni encore moins sur la portée des actions et leur impact sur les populations. Le qualitatif reste un élément non abouti.

La décentralisation des politiques en matière de Handicap envisagée doit être mise en œuvre avec des moyens financiers important en termes d’investissement, de fonctionnement, et de formation au niveau local. Si cela n’est pas le cas, les risques étant à court terme, le renforcement d’une politique clientéliste, des services décentralisés inopérants (commune département), une non application des textes législatifs, une déresponsabilisation des services de l’Etat aboutissant à une inefficience des politiques en matière de handicap.

Un lourd challenge attend le gouvernement du Sénégal notamment dans la mise en œuvre du souhait du Président Macky Sall prônant une politique inclusive à l’égard des populations handicapées notamment lors du conseil des ministres du 15 février 2017 lors duquel il  indique au Gouvernement l'attention spéciale qui doit être accordée à l'amélioration continue de la situation des personnes handicapées, en vue d’une meilleure valorisation de leur potentiel dans le développement du pays, à travers une politique de formation et d’insertion adaptée dans le marché du travail et dans la fonction publique. Ainsi, saluant l’action déjà remarquable de certaines structures publiques et parapubliques, en particulier la Société Dakar Dem Dikk, qui vient de recruter 25 personnes vivant avec un handicap, le Président de la République exhorte les entreprises privées à initier, avec le concours de l’Etat, un vaste mouvement national de recrutement et de promotion économique des personnes vivant avec un handicap.


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