Sénior... Et alors ?

Force est de constater lorsque nous recrutons au quotidien, que nous avons de nombreux candidats qui ont commencé à travailler à une époque ou le téléphone portable n’existait pas et qu’il n’y avait que 5 chaines de télévision.

C’est une réalité, même si la France a progressé en matière d’emploi des seniors. Selon un rapport de la Dares, publié en avril 2022, en France, le taux d’emploi des 55-64 ans se situe à 56%. Une moyenne qui cache de profondes disparités, car ce chiffre fond drastiquement après 60 ans : il passe de 75,1% pour les 55-59 ans à 35,5% pour les 60-64 ans.

Pour comparaison avec nos voisins Allemands ou Suédois, là-bas, le taux d’emploi des 60-64 ans est de…..70%.

Mais au fait, à quel âge devient-on sénior ?

En matière de gestion de carrière et de formation professionnelle, un salarié est considéré senior à partir de 45 à 50 ans, c’est-à-dire à peu près à la moitié de son parcours professionnel pour un cadre…

Quels sont les préjugés et les freins le plus courants à l’embauche des séniors ?

-        Ils sont fatigués, usés, et plus souvent absents

Faux ! Selon le baromètre "Absentéisme" de Malakoff Humanis, mené chaque année depuis 2016. Il nous dit que l’absentéisme est beaucoup plus fort chez les jeunes que chez les plus de cinquante ans : 46% d’absentéisme chez les 18-34 ans contre 34% chez les seniors.

Autres idées préconçues : Un sénior maitrise mal les outils informatiques, à du mal à s’adapter aux nouveaux modes d’organisation sans parler du fait qu’ils n’acceptent pas de se faire manager par des plus jeunes qu’eux.

La France est-elle réellement un pays de start up ultras connectées avec des salariés jeunes, ultras diplômés, qui ne s’accordent qu’autour d’un babyfoot, des derniers jeux vidéos et des afterwork bière pong ?

Dans un coin reculé que l’on préfère ignorer, les séniors qui confondent le minitel et le smartphone, hermétiques au progrès en pantoufles devant « Plus belle la vie ».

-        Mais la moyenne d’âge est de 38 ans, je ne peux pas embaucher une personne de plus de 50 ans, elle ne pourra jamais s’intégrer !

C’est vrai, les seniors n’ont jamais eu d’enfant…et n’ont pas croisé de jeunes depuis longtemps ... (peut être même qu’ils en ont peur ?)

-        On part en séminaire tous les ans, ont fait des fêtes mémorables ils ne pourront pas suivre ..

C’est bien connu, le sénior ne sait pas s’amuser. Méfiez-vous, ils tiennent peut-être mieux l’alcool, et sont sans doute meilleurs en playlist des années 80. Sans parler du fait que comme le sénior est « vieux » ses enfants sont grands, il n’a pas de problème de garde et n’est pas contraint par les horaires de nourrice ou de périscolaire.

-        Mais a 55 ans, dans 3 ans il part à la retraite !

Non, un sénior a encore 10 années à travailler, et pour rappel, un salarié change d’employeur en moyenne tous les 5 ans.

Au-delà de ces préjugés, il y a une réalité qui est sans doute LE véritable frein, il s’agit de la formation continue des seniors. Les plus de cinquante ans ont quatre fois moins eu accès à une formation diplômante que les actifs de 30 à 44 ans. En revanche, ils participent davantage que les plus jeunes à des formations non-diplômantes.

Aujourd’hui grand nombre de jeunes arrivent sur le marché avec un Bac +5 alors qu’un Bac + 2 était un sésame en 87.

-        Tous ces chômeurs, ça coute quand même cher à la société !

Vrai ! Selon la dernière note publiée par l’institut Montaigne, cette mise à l’écart (ou au grenier, placard...) concerneraient 200 000 personnes et coûteraient 10 milliards à l’économie chaque année.

L’entreprise doit rester un creuset social, et c’est la richesse même de ce melting pot qui leur permettra de rester agiles face à aux transitions et un avenir incertain.

Sur ce je vais poser mes bigoudis…