Séniors l'envers du décor

Séniors l'envers du décor

A cette question, il est plus facile d'y répondre par des critères d'âge qui aujourd'hui comme hier tendent à exclure du marché du travail. De nombreux groupes de parole s'insurgent sur les réseaux sociaux pour dénoncer les injustices subies dans l'accès à l'emploi. Le discours se veut rassurant avec une pointe d'agacement. Et pour cause, tous les clichés liés à l'âge après 50 ans en situation de travail font rage. "Trop ceci, pas assez cela", chacun dénonce les préjudices de ces idées reçues à propos des plus de 50 ans. De plus le terme "senior" s'avère galvaudé car à cotonation positive et constructive si on l'associe uniquement à de l'expérimentation et négativement perçu quand il s'agit de l'âge.

Pour autant, il est important de rappeler un certain nombre de points. Premièrement, comme d'habitude, les changements de règlementation au sujet de la retraite ne tiennent absolument pas compte des réalités de terrain. Un senior est consiéré dans le monde du travail comme une charge coûteuse par anticipation à savoir, avant même l'âge de la retraite atteint d'une part, ou de signes de défaillance avérés. Même si certaines entreprises se montrent plus précautionneuses, ou inclusives, le résultat reste le même; D'ailleurs, il existe des procédés bien rôdés de dégraissage comme les plans de départs volontaires, les retraites anticipées, les réorganisaitons internes ou modification de conditions de travail et en dernier recours la mise au placard. Il est à relever que ce dernier constitue une sanction visant au découragement pour un départ le moins couteux possible. Deuxièmement, en conséquence du premier stade d'exclusion, il est demandé à d'autres entreprises de recruter ceux-là mêmes qui viennent d'être rejetés par ailleurs. Alors comment ne pas dénoncer une politique dont l'absurdité se démontre à travers cette hérésie de fonctionnement ?

Un senior "comme ils disent" doit pointer au chômage et courir après ses trimestres fictifs que de nouvelles règles viendront remettre en question, une histoire sans fin qui incite les seniors, soit les 50 et les 60 représentant soit 21% de la population. Inutile de se projeter en 2050 car les priorités de la société actuelle sont loin d'être réglées.

Un senior représente aujourd'hui une force vive de la société, c'est la raison pour laquelle, l'âge n'est plus tabou à l'écran tout du moins et met en avant l'âgisme flamboyant à travers des personnages clés auxquels tout senior qui se respecte va pouvoir s'identifier positivement. L'image est privilégiée au détriment des capacités cognitives. Encore une fois, la réalité est que les entreprises ont du mal à recruter leurs futurs cadres en remplacement de leurs seniors sur le départ. Et pour cause, les nouvelles générations sont talentueuses mais ne mettent pas la valeur du travail sur le même curseur. Ils ont raison de penser qu'il est plus sain de travailler pour vivre que l'inverse. La transmission ne se fait plus comme elle le devrait puisque les générations sont mises en concurrence alors qu'elles devraient s'allier et se compléter.

Depuis la Covid 19, une légende urbaine tend à montrer le senior comme un privilégié qui toute sa vie à profiter des pics de croissance économique comme celle des 30 glorieuses. A cela l'inconscient collectif semble mettre en accusation les seniors comme s'ils étaient coupables de tous les maux de la société. Il est bon de rappeler que les générations X ont connu bien des crises économiques ont assisté à l'éffondrement de la croissance et en ont fait les frais comme tout un chacun. D'ailleurs ils sont souvent pris en étau financièrement entre des parents du 4ème âge et leurs enfants encore parfois en étude ou non autonomes dont ils ont à charge.

Pour en revenir au sujet principal, la mise à la retraite forcée ne tient pas compte des capacités et souhaits des seniors comme s'ils n'avaient pas leur mot à dire et juste se mettre en retrait comme leur impose un statut discriminant. La conclusion que l'on peut tirer de ces constats dans le traitement des seniors en fin de carrière est de voir l'incapacité d'un système obsolète à résoudre des problèmes sociétaux fondamentaux. Or, les seniors se manifestent de plus en plus pour démontrer leur capacité à se renouveler, à répondre aux nouvelles exigences du marché de l'emploi en acceptant de se remettre en question, de se former et de maîtriser l'IA et des outils qui n'appartiennent pas à leur mode de vie. Pour rappel, un senior puisqu'il faut à tout prix catégoriser les individus, est la résultante d'un accomplissement personnel et professionnel. C'est un contributeur à bien des égards, car il a lui aussi alimenté le système, répondu aux attentes et aux devoirs citoyens. Il a même généré de nouveaux contribuables, pour nourrir la bête vorace, incapable de montrer sa reconnaissance, un minimum de gratitude ou de respect.

Un fait à noter :

"Les seniors, souvent sollicités pour leur expertise dans le cadre du bénévolat sans même être à la retraite, se trouvent paradoxalement écartés de l'accès à l'emploi, malgré la richesse de leur expérience."

Par Catherine Zoungrana


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