Sœur Emmanuelle, la « petite sœur des pauvres ».
Au cœur des quartiers les plus pauvres du Caire, sous la chaleur écrasante de la ville aux mille minarets, une petite femme à la force de caractère exceptionnelle a consacré la majeure partie de sa vie à améliorer les conditions de vie des chiffonniers du Caire, ces collecteurs de déchets qui survivent en marge de la société.
Soeur Emmanuelle, née Madeleine Cinquin en 1908 en Belgique, rejoint la congrégation de Notre-Dame de Sion à l'âge de 21 ans. Après avoir enseigné en Turquie et en Tunisie, elle demande à être envoyée en Égypte. Ce n'est qu'à l'âge de 63 ans, en 1971, qu'elle commence réellement son travail auprès des chiffonniers du Caire.
« Le soir de mon arrivée, j’ai posé mes quelques affaires dans une cabane que m’avait donnée un chiffonnier […] et je me suis interrogée : que faire ? A entendre ceux qui m’avaient parlé de ce bidonville auparavant, il n’était peuplé que de voleurs, de tueurs, de brigands. […] Bon, j’étais venue, et je n’allais pas reculer. »
Lorsque Soeur Emmanuelle marche pour la première fois dans le bidonville d’Ezbet El Nakhl, les hommes boivent beaucoup et se droguent, les femmes sont souvent battues, 40% des nouveau-nés meurent du tétanos leurs ongles enfoncés dans la chair parce que leur mère accouche par terre et qu'ils sont mordus par les rats… C’est presque l’enfer. « C'était le rêve de ma jeunesse : partager jusqu'au bout, la vie de ceux qui sont les plus démunis de la Terre. Pour moi ça me paraissait être ce que le Christ a fait. Alors je suis venue un jour ici et quand j'ai vu ça, j'ai compris que c'était mon lieu... »
Les chiffonniers, principalement des coptes orthodoxes, vivent de la collecte et du tri des déchets de la ville, une profession éreintante qui leur offre peu de protection contre les dangers sanitaires.
Dans ces quartiers, les cabanes sont souvent construites à partir de matériaux de récupération comme des bâches, des morceaux de bois et des tôles métalliques. L'accès à l'eau potable est limité et les installations sanitaires sont rudimentaires, ce qui pose de sérieux problèmes de santé publique. Les ruelles étroites et encombrées, jonchées de déchets, sont la cause de transmission rapide d’épidémies et de maladies telles que le choléra et la typhoïde, exacerbées par le manque quasi total d'infrastructures sanitaires. Beaucoup d'enfants souffrent de maladies respiratoires et de maladies de peau dues à la pollution et à l'insalubrité. « Ici, la misère ne se décrit pas, elle se vit. »
Délaissant le confort relatif de son existence précédente, elle choisit de s’installer dans une petite cabane en bambou du bidonville d’Ezbet el Nakhl et vit dans les mêmes conditions insalubres et dangereuses que les chiffonniers, au milieu des ordures, des poubelles, des rats, des cochons, le tout dégageant des odeurs nauséabondes. Son objectif ? Transformer radicalement la vie de ces communautés par l'éducation et l'amélioration des conditions sanitaires.
Dans l’annexe de sa cabane, elle crée une « clinique de luxe » où elle officie avec son stéthoscope et un tensiomètre.
Pendant 22 ans, avec un dévouement inébranlable, Soeur Emmanuelle crée des écoles (Mahaba), des dispensaires, et des ateliers (de tissage notamment), des jardins d’enfants et des maternités. Elle est rejointe en 1977 par le Docteur Adel Ghali, jeune médecin égyptien dévoué et en 1978 par Sœur Sarah, aujourd’hui supérieure de la congrégation copte orthodoxe des Filles de Marie de Béni-Souef. Ensemble, ils fondent le Centre Salam* au cœur du bidonville d’Ezbet el-Nakhl, fournissant des soins médicaux essentiels et une éducation de base aux enfants et adultes.
Des programmes de nettoyage et de recyclage sont mis en place, réduisant les risques de maladies et améliorant sensiblement les conditions de vie. Les efforts de sensibilisation aux pratiques d'hygiène contribuent également à une baisse notable des maladies liées à l'insalubrité.
Jusqu'à un âge très avancé, Soeur Emmanuelle s'active, plaidant pour les droits des plus pauvres devant les instances internationales . Elle s’éteint en 2008, à l'âge de 99 ans, laissant derrière elle un héritage d'amour et d'action qui continue d'inspirer de nombreux humanitaires à travers le monde. La communauté internationale, en particulier celle des chiffonniers du Caire, se souvient d'elle non seulement comme d'une religieuse, mais comme d'une mère, d'une amie et d'une véritable source d'inspiration.
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À travers son incroyable parcours, Soeur Emmanuelle démontre que la détermination d'une seule personne peut, en effet, changer le monde.
Depuis l'ouverture de la mission permanente de SOS Chrétiens d'Orient en Egypte, les volontaires se relaient en permanence dans les bidonvilles du Mokattam et d’Ezbet El Nakhl pour dispenser des cours de langue aux enfants des chiffonniers, des formations d’aide soignantes aux élèves infirmières du centre Salam et des cours de nutrition et de premiers secours aux femmes du bidonville.
Que l’action vivifiante de Sœur Emmanuelle, son dévouement sans faille et sa recherche d'absolu, inspire nos volontaires pour que toujours ils se fassent petits auprès de ceux qu'ils servent et que comme Sœur Emmanuelle, ils puissent dire :
« J'ai eu tant d'enfants. Je n'ai pas ressenti de vide dans mon cœur, au contraire. Quand je vois ces enfants vivants, ce ne sont pas mes enfants biologiques, mais ce sont les enfants de mon cœur, que Dieu m'a permis de sauver d'une vie qui était assez dégradante. »
« J'ai pensé à vivre d'amour, et je crois en effet que l'amour est éternel. Plus fort que la mort. La mort attaque tout ce qui est matériel. Mais tout ce qui est don, ce qui est gratuit, ne peut pas mourir. »
✈️Venez vivre parmi les chiffonniers et transformer leurs vies. Rejoignez notre équipe de volontaires : volontaires@soschretiensdorient.fr
❤️Soutenez les familles de chiffonniers des bidonvilles égyptiens. Faites un don : https://urlz.fr/sBB2
*Aujourd’hui, le centre Salam comprend un centre médico-social de trois étages comportant un dispensaire, un centre d’aide sociale, un jardin d’enfants, un centre pour personnes handicapées, un autre pour personnes âgées… Soixante-quinze médecins y travaillent. Toutes les spécialités sont représentées : gynécologie et obstétrique, médecine interne, dermatologie, neurologie, cardiologie, ophtalmologie, dentisterie, radiologie, etc.
Aujourd’hui, un hôpital sur six étages est en cours de construction, pour répondre aux besoins de la population du quartier passée d’environ 500 habitants en 1971, à un million aujourd’hui !
Adjointe administrative/ingénieurs et représentants
2 moisSoeur Emmanuelle, que Dieu vous bénisse. Je vais prier Archange Saint Michel au nom du Sacré Coeur de Jésus pour vous et mon chapelet de Fatima RIP ✝️🕊