Santé mentale : quand va t'on en finir avec ce qui ne marche pas ?

Santé mentale : quand va t'on en finir avec ce qui ne marche pas ?

En ce 10 octobre, journée mondiale de la santé mentale, il est temps de remettre en question les approches qui, trop souvent, n'apportent pas les résultats escomptés. Disons-le d'emblée : si la santé mentale relève de l'individu et présente une dimension personnelle, son amélioration passe par des actions avant tout collectives et systémiques bien réfléchies.

Un enjeu au-delà de l'individu

Trop souvent, la santé mentale est perçue comme une affaire personnelle : gérer son stress, ses émotions, ses angoisses. Si ces stratégies ont leur importance, elles occultent les causes profondes qui façonnent notre bien-être mental. La précarité, les conditions de travail, l’isolement social et les inégalités sont autant de facteurs influençant notre santé mentale, et il est impossible de les ignorer.

Il est donc indispensable d’adopter une approche collective, qui aille au-delà de la simple responsabilisation de l’individu. Pour que le bien-être devienne une réalité durable, il faut transformer nos environnements de vie et de travail, nos systèmes de soutien, et nos politiques publiques.

La stigmatisation, un obstacle collectif

La stigmatisation des troubles mentaux est un des principaux obstacles actuels et continue de freiner une prise en charge adéquate. Trop souvent, les interventions se limitent à dire aux personnes en souffrance de "gérer" leur situation, ce qui les isole et masque les véritables causes de leur mal-être.

Pourtant, la lutte contre cette stigmatisation ne peut être menée par les seuls individus. Elle doit être un effort commun, engageant les communautés, les organisations, et les institutions. Plus important encore, des mesures peuvent être prises dès maintenant, quel que soit l’accès aux ressources, à condition qu’elles intègrent les trois principes fondamentaux fondés sur des données probantes pour réduire la stigmatisation et la discrimination : leadership ou co-leadership par des personnes ayant une expérience vécue, contact social et partenariats inclusifs.

Attention aux fausses solutions

Pour véritablement avancer, il est crucial de se méfier et de mettre de côté des interventions qui ne fonctionnent pas et qui, parfois, peuvent aggraver les problèmes. Une nouvelle étude menée par William Fleming, de l’Université d’Oxford, a examiné l’impact d’un large éventail d’interventions sur le bien-être au travail. Elle a révélé que presque aucune des interventions que l'on voit habituellement en entreprise n’avait d’impact statistiquement significatif sur le bien-être ou la satisfaction au travail des employés.

Il convient donc d'être prudent avec les interventions suivantes :

🔹Les actions de "sensibilisation" standardisées, qui ignorent les particularités des contextes locaux et individuels.

🔹 Les interventions centrées uniquement sur les individus, sans distinction, ni prise en compte de leur vécu et de leur situation.

🔹 Les initiatives dépourvues d’évaluation scientifique, donc sans preuve d’efficacité.

🔹 Les actions ponctuelles ou "one shot", qui n'ont pas de suivi ni d’impact durable.

🔹 Les interventions qui négligent l'organisation et l'environnement dans laquelle la personne vit (le travail, l'école...) et la dimension collective.

🔹 Les démarches menées par des personnes sans qualification ou expertise sérieuse, pouvant nuire plus qu'aider.

Ces actions, bien que souvent bien intentionnées, ont tendance à individualiser le problème au lieu de s’attaquer aux causes sous-jacentes et à promouvoir un changement structurel nécessaire.

Un appel à l’action collective

En cette journée mondiale de la santé mentale, posons un regard critique sur ce qui fonctionne et ce qui échoue. Au lieu de compter sur des approches superficielles, engageons-nous dans des solutions durables, fondées sur des preuves et adaptées aux besoins réels des individus et des communautés.

Il est temps d’agir collectivement : améliorer les environnements de travail, intégrer la santé mentale dans nos politiques publiques, renforcer la place des déterminants sociaux ainsi que la santé sociale dans nos actions et faire en sorte que chacun puisse vivre dans des conditions qui favorisent réellement son bien-être mental. Ensemble, nous pouvons faire de la santé mentale une priorité partagée et durable.


Arnaud Goulliart, Consultant en gestion de projet et stratégie | Améliorer votre impact | Santé physique, mentale, sociale et environnementale 👋 Comment me contacter ? Envoyez moi un e-mail -> arnaud.goulliart@gmail.com


Références utiles


Frederic Leroy

Je Bouge Pour Mon Moral (Fondateur / Délégué Général)

2 mois

Bravo ! Tellement vrai

Marie Lourenço

Psychologue et entrepreneure engagée | Neurosciences cognitives et affectives

2 mois

Des mots justes !

⚡Fabienne Chavane Hubert

Psychologue clinicienne. Membre du collectif Femmes de Santé . Expertise, sincérité, conviction, leadership. Fondatrice du Clubhouse de Nantes ⚡Working on something ( not so ) new ⚡Reliability, dynamism, team working.

2 mois

Merci Arnaud pout ce partage essentiel .

Isabelle Meunier

Fondatrice / Diversité 🌍 & handicap 🤗 / Bien-être 🌱 & performance 🌸 / Vision philosophique 🕊️ - Admin. Assistant 50% / State of Geneva

2 mois

Je me permets de glisser avec bienveillance une citation pour temporiser un aspect du texte sur les solutions éprouvées: Éloge de la pensée originale "N’ayez pas peur d’avoir une opinion excentrique, car toute opinion acceptée aujourd'hui a d'abord été excentrique." Bertrand Russell

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