SNCF et l’eco-système digital
Après Vivatech qui a rassemblé plus de 60 000 participants et consacré le succès du stand SNCF grâce à la mobilisation de Benoit Tiers et de ses équipes, j’aimerais revenir sur le lien entre le groupe et le digital. Dans les années à venir, le secteur des transports – comme bien d’autres domaines d’activité – va connaître toute une série de changements qui seront pour les acteurs en place autant de risques que d’opportunités. Citons pêle-mêle : les marchés des mobilités vont continuer à croitre fortement tout en étant de plus en plus volatiles ; la pression politique et sociétale sur l’empreinte carbone va s’accélérer ; le développement de l’intelligence artificielle - en particulier à travers les objets connectés - va concerner l’ensemble des activités économiques ; l’économie du partage irriguera de nouveaux pans d’activité ; les mobilités autonomes – individuelles mais surtout collectives – seront une réalité tangible et le digital sera omniprésent. La connaissance en temps réel de sa localisation, de sa vitesse, de son avance ou de son retard, des services proposés, de ses correspondances sera une attente majeure pour tous les clients. Enfin, la numérisation de l’information sera généralisée et les chaines traditionnelles d’accès à la mobilité (agences, billets, guichets…) auront été remplacées par la dématérialisation et le nomadisme technologique.
L’eco-système digital – et en particulier les représentants actuels de la French tech – seront aux avant-postes de ces transformations profondes. Aucune société, quelle que soit sa taille ou sa part de marché, ne pourra relever ces défis sans s’appuyer sur ces ressources et ces talents. Qu’ils se déploient dans le secteur de la fintech, de la legaltech, de la Jobtech ou encore de la civitech, ces start-ups jouent et joueront demain plus encore un rôle déterminant dans la politique d’open-innovation du groupe SNCF. Sortant d’une logique d’autoréférentialité pour s’ouvrir aux technologies et aux initiatives numériques développées par d’autres, l’entreprise collabore déjà avec plusieurs centaines de start-ups comme par exemple dans le domaine de l’open data : SNCF a « libéré » plus de 200 jeux de données depuis 2014, anticipant ainsi les dispositions des lois Lemaire et Macron. Le groupe est devenu l’entreprise française la plus en pointe sur l’open data. Outre sa dimension technologique, cette démarche de transparence comporte également un enjeu éthique et démocratique tant les données ouvertes (courriers d’élus, rémunérations, état des infrastructures et du trafic…) peuvent avoir des conséquences politiques ou syndicales majeures. L’ensemble de ces activités a d’ailleurs fait l’objet d’une convention de partenariat avec Transparency International.
D’autres initiatives innovantes - comme les recherches sur le train autonome dans le cadre de Tech4rail, le projet de TGV 2020 ou encore le désormais célèbre Hyperloop - voient le groupe s’allier à des talents extérieurs. Loin de se confiner à son secteur traditionnel d’activité, SNCF investit également des secteurs émergents afin d’être ce que Charles O’Reilly, professeur à Stanford, nomme une « entreprise ambidextre » (« Lead and disrupt » 2016), c’est à dire capable de réussir sur son secteur d’origine tout en déployant des unités relativement autonomes et « agiles » œuvrant dans des domaines en croissance (voir mon précédent article). Ainsi, le groupe est-il désormais présent dans les sphères de l’auto-partage (OUIcar), des VTC (Le Cab) ou même des navettes électriques autonomes (Navya). Et chaque année 200 millions d’euros y sont investis dans le digital.
Tout ceci n’est pas périphérique : il en va de l’avenir du groupe SNCF comme acteur majeur des mobilités en France et dans le monde. Si nous manquons ce tournant, alors notre avenir sera à l’attrition et au repli. Tandis que la concurrence se prépare pour les TER ou les TGV, il ne faut pas se tromper : notre adversaire majeur sera moins Transdev, la RATP ou d’autres acteurs traditionnels des transports que Google qui entendra sans doute jouer le rôle de grand ensemblier de toutes les offres de transport disponibles.
Les start-up sont autant d’alliés potentiels pour des entreprises comme la SNCF afin de relever les défis économiques et technologiques de demain. Sachons travailler ensemble, sans renier nos identités ou nos cultures car, comme l’écrivait le philosophe Antonio Gramsci:
« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à paraître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » … et les Licornes !
consultant senior en opérations complexes
7 ansBon Cela va t'il permettre le maintien du cévenol ?? Du " tripoux express" Le Bezier-Neussargues , la réouverture de l'Aurillac Sarlat ??
Directeur Associé - Trust Management Advisors Accompagnement de dirigeants dans la transformation culturelle
7 ansExcellent article: la transformation numérique se traduit effectivement par le déploiement de nouvelles technologies/ outils, mais aussi et surtout par une profonde révolution culturelle: - transformation culturelle au sein de l'entreprise (cf Ian Rogers, Chief Digital Officer de LVMH: « The big moment for an organization is when they have embraced the fact that digital transformation isn’t a technical issue, but a cultural change »), - et capacité à travailler en Confiance en Entreprise Etendue (dans un écosystème avec PMI/ ETI, Start Up,...)