Solidaires et engagées : les jeunes générations nous montrent la voie

Solidaires et engagées : les jeunes générations nous montrent la voie

« La crise sanitaire a plongé une partie de la jeunesse dans une situation inquiétante : détresse psychologique, précarité matérielle et financière, décrochage éducatif, dévalorisation des diplômes, chômage, emplois précaires. La perspective d’un choc intergénérationnel, avancée jusque-là sans grande conviction sur la dette économique et écologique, s’est mutée en inquiétude. Le choix de protéger les personnes âgées du virus au détriment de l’ensemble de la population a soulevé un débat d’ordre social, éthique et philosophique inattendu.

 Une « génération COVID » mobilisée selon les codes de son époque

« Sacrifiée », « offensée », en panne d’ascenseur social, la « génération COVID » n’en reste pas moins une génération engagée. En juin 2020, la mobilisation des jeunes contre le racisme et les violences a pris tout le monde de court. Leur intérêt pour les sujets sociétaux, que l’on pensait écrasé par la seule urgence climatique, était sous-estimé. Environnement, mais aussi pauvreté, inégalités, injustices, sexisme, racisme, discriminations : leurs préoccupations sont restées globalement inchangées. Ce qui a changé, c’est leur conception de la citoyenneté et ses usages. A rebours de certains clichés, ils demeurent attachés à une définition du social apaisée, non-violente et solidaire, dans laquelle l’acteur principal du changement est le citoyen, à travers des actions menées principalement sur les réseaux sociaux. Neuf jeunes sur dix ont boudé les urnes dimanche mais un sur deux a signé une pétition ou défendu une cause sur Internet en 2020 : les confinements ont renforcé l’effet mobilisateur de leur hyper-connexion. Spontanée, indépendante, réversible et ponctuelle, leur mobilisation se décline selon leurs propres modalités, davantage sur le partage en ligne d’expériences et de témoignages vécus que sur un militantisme organisé en faveur de causes abstraites. L’absence du vote aux régionales de juin dernier n’est pas un révélateur du désengagement sociétal, il n’est simplement plus, en ce moment, le bon terrain d’expression. 

Les attentes croissantes envers les entreprises

Autre nouveauté, les jeunes placent de plus en plus les entreprises parmi les acteurs du changement sociétal. Les jeunes attendent plus d’engagement de la part des entreprises, interpellées sur les réseaux sociaux sur leur impact environnemental et sociétal. Le regard des jeunes sur la mission de l’entreprise est celui de citoyens-consommateurs, mais aussi de salariés. 76% des jeunes talents souhaitent que leur poste soit en phase avec leurs valeurs ; les deux-tiers estiment que ce qui les rendrait les plus fiers dans leur vie professionnelle serait d’avoir apporté des changements positifs à la société. Ils veulent une entreprise qui s’engage pour eux et pour la planète. Face à cette forte recherche de sens et d’utilité sociale, l’engagement des entreprises devient un véritable élément d’attractivité.

 La solidarité, facteur clé de résilience

Pendant la crise, les jeunes générations ont ressenti le besoin de se rendre utiles auprès des personnes âgées et des plus démunis. L’engagement bénévole des jeunes est à la hausse dans toute la France et toutes les catégories sociales. De même, les initiatives solidaires des associations, entreprises, startups et particuliers envers les jeunes se sont multipliées (aide alimentaire, soutien psychologique, mentorat). Face à l’urgence, le gouvernement a engagé des mesures spécifiques : repas à un euro, accompagnement psychologique, plan « 1 jeune 1 solution », mais aussi « service civique solidarité seniors » et plan « 1 jeune, 1 mentor ». Alors que la situation économique peut précipiter la mise à l'écart des seniors, de nouvelles organisations du travail apparaissent pour que chaque génération partage ses savoirs et compétences (binômes juniors-seniors, collectifs transgénérationnels, tutorats croisés).

Solidarité et mobilisation sont la meilleure réponse à la déchirure du « lien entre les générations » et peuvent contrer les prévisions les plus pessimistes. En replaçant l’humain, le sens et l’impact au cœur de la société, de l’économie et de l’entreprise, les nouveaux codes de la citoyenneté engagée se sont sans aucun doute éloignés des urnes mais ils s’expriment sur de nouveaux espaces quelquefois inattendus et offrent, pour qui sait les percevoir, de nouvelles raisons d’espérer. »

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