Souffrir mais pas Mourir !

Souffrir mais pas Mourir !

ou Comment traduire les mouvements erratiques des Marchés !

Après être passé de 6111 points le 18 Février à 3632 points le 16 mars, et connu la pire journée de son histoire le 12 mars dernier avec une baisse de 12,23 %, l'indice phare de Paris, le CAC 40, a retrouvé des couleurs et a terminé la journée de vendredi sur un rebond technique de + 5,01 % à 4048 points, repassant ainsi le seuil des 4000 points en ouvrant, en tout cas on peut l'espérer, une brèche vers d'autres hausses.

Mais quel sens donner à cette situation ? Et y-a-t-il encore un sens compte-tenu du contexte hors norme dans lequel nous nous trouvons aujourd'hui ?

Il y aura probablement d'autres journées noires, d'autres embellies sur les places boursières mondiales. La route sera longue et le scénario de rebond en U espéré par certains est loin d'être une certitude. La réalité sera sans doute plus proche d'un sentier sinueux qu'il faudra gravir pas à pas compte tenu du contexte économique qui cette fois est mondial. Il n'y aura pas de phénomène de compensation à espérer. Et les capitaux, très mobiles aujourd'hui, ne trouveront pas d'autres eldorados économiques ou financiers à investir.

Pour bon nombre de sociétés qui ont vu fondre leur capitalisation boursière, les chutes de cours vont au delà de la raison, et si elles vont souffrir du contexte avec une contraction forte de leur niveau d'activité, et de leurs résultats, elles redémarreront. Elles tireront les leçons de la crise, feront des ajustements, adapteront leur modèle, déploieront de nouvelles stratégies pour s'adapter à la nouvelle donne et retrouveront progressivement le chemin de la croissance. Sans mourir, elles vont souffrir.

Pour d'autres, déjà en situation difficile, cela sera plus compliqué et le risque de sombrer avec la crise n'est pas à écarter ( le transport aérien en est un exemple), mais très probablement les états interviendront dans de nombreuses situations pour éviter un chômage massif qui viendrait à son tour endiguer le retour à une situation positive. En France le gouvernement prépare un mécanisme de prêt en capital (déjà utilisé lors de la crise de 2008), permettant l'injonction de liquidités dans les entreprises sans avoir à recourir à la nationalisation, complexe à mettre en oeuvre. Cette démarche permettra à ces entreprises de repartir plutôt que de mourir.

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Les décisions plus ou moins coordonnées de cette semaine des Banques Centrales à travers la planète, en injectant des centaines de milliards de liquidité ( toutes devises confondues ), ce quelqu'en soit la forme, rachat de dette ou ''Hélicoptère Money'' de Donald Trump, ont enfin permis de donner un signe aux marchés quelque peu désorientés par la situation.

Elles ont ainsi fait comprendre qu'elles interviendraient comme elles ont déjà su le faire en 2008, pour aider l'économie mondiale à redémarrer, quoi qu'il en coûte. Mais cette fois la crise est globale : sanitaire, économique, financière. Et le prix à payer ne sera probablement pas le même.

Le retour à la croissance sera un long chemin à parcourir qui il faut le souhaiter n'aura pas à se transformer en chemin de croix, laissant sur le bord de la route les entreprises les plus fragiles, et derrière elles des centaines de milliers de personnes sans emploi. Il faut souhaiter que les gouvernements de la Planète soit à la hauteur des enjeux.

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Les Marchés Financiers indispensables à l'économie, donnent aujourd'hui plus le tournis qu'une véritable indication sur les perspectives économiques. Ils ne sont plus suffisamment le reflet de la valeur intrinsèque d'une entreprise cotée, mais trop souvent l'expression d'une réaction excessive sans lien avec la réalité. Ils sont beaucoup trop soumis au joug des trading algorithmiques automatisés utilisés par les grands fonds de pension internationaux. L'humain a lâché la main au profit de la machine. C'est probablement là que la bas blesse !

Le temps des marchés financiers est par essence celui du temps long. Il l'a toujours été, l'est, et le sera toujours. La vie économique d'une entreprise se compte en années, pas en secondes. Et confier son destin à un outil informatique qui réagit à la microseconde n'est pas le meilleur moyen de gérer sereinement une entreprise et de prendre les meilleures décisions. Avoir les yeux rivés sur les indices ne produit rien et les mécanismes ''anticipateurs'' des marchés ont leur propres limites.

Il y aura dans les prochains mois de nombreuses Pyhties de Delphes qui ne manqueront pas de s'exprimer sur notre avenir. Elles verront probablement tour à tour leurs prédictions mises à mal car nul ne sait ou nous allons. Car si il y a peut être une seule certitude, c'est bien que nous ne savons pas où nous allons.

La crise globale que nous vivons ne sonne probablement pas le glas d'un modèle de société. Il est difficile de croire au Grand Soir du changement. D'ailleurs est-il souhaitable ?

Les populations ne seraient probablement pas prêtes à accepter des changements trop radicaux. Les grands changements societaux pour réussir doivent se faire en douceur pour être acceptés.

Aujourd'hui tout est possible. Le meilleur comme le pire. Il va nous falloir choisir !

Alors donner du sens à cette situation est-il encore possible ?

Oui cela reste possible en acceptant de tirer les leçons de cette crise pour revisiter le modèle de nos sociétés. Nous devrons en conserver le meilleur et transformer les mauvais côtés.

Le statu quo n'est plus permis. La ''mondialisation heureuse'' de certains ne peut plus être une course sans fin car elle n'est pas une réalité pour tous, et l'injonction contradictoire du ''Toujours plus et Toujours moins'' porte en elle ses propres limites.

Il faudra accepter de renoncer à certains acquis, certains modes de vie, à trop d'individualisme pour pouvoir faire naitre un nouveau mode de vie, ou l'humain et le collectif , il faut l'espérer, retrouveront davantage sa place.

Il faudra probablement accepter de souffrir pour ne pas mourir, et pour renaitre encore plus fort.

Frédéric CAZIN GARNIER

Directeur du Réseau Centre chez Banque Populaire Méditerranée (BPMED) | Leadership & Management du changement

4 ans

Je partage grandement, et notamment le recul qui est et restera nécessaire pour penser long ! « Les Marchés Financiers indispensables à l'économie, donnent aujourd'hui plus le tournis qu'une véritable indication sur les perspectives économiques. Ils ne sont plus suffisamment le reflet de la valeur intrinsèque d'une entreprise cotée, mais trop souvent l'expression d'une réaction excessive sans lien avec la réalité. Ils sont beaucoup trop soumis au joug des trading algorithmiques automatisés utilisés par les grands fonds de pension internationaux. L'humain a lâché la main au profit de la machine. C'est probablement là que la bas blesse ! »

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