Soutenance de thèse 21 septembre: Bureaucratisation néolibérale dans le développement

Bureaucratisation néolibérale dans le développement : La gouvernance des partenariats public-privé Euro-Méditerranéens pour les énergies renouvelables au Maroc.


Sous la direction de M. Jean-Yves Moisseron Economiste DR/HDR CESSMA (UMR 245) - Centre d'Etudes en Sciences Sociales sur les Mondes Africains, Américains et Asiatiques (IRD-INALCO-Paris-Diderot)


Membres du Jury

Mme. Béatrice Hibou (rapporteuse) Directrice de recherche, CNRS Science Po CERI (Centre d'Études et de Recherches internationales)

Mme. Catherine BARON (rapporteuse), Professeur en aménagement de l'espace et urbanisme. Sciences Po Toulouse

M. Frédéric PIERRU. Chargé de recherche en sociologie au CNRS

Mme Alia Gana Directrice de recherche CNRS UM7533 LADYSS en affectation à l’IRMC


Résumé

Cette thèse propose une étude de la transformation de l’État et de l’exercice du pouvoir à partir de l’observation des instruments politiques utilisés pour construire les grandes centrales solaires marocaines. Ce travail s’appuie sur deux longues observations participantes, consistant en une double ethnographie du développement dans l’institution publique bénéficiaire de l’aide ainsi que dans les institutions qui contrôlent cette aide. Je mobilise simultanément la sociologie de l’action publique et les études en sciences de gestion et en sociologie économique sur la finance et les Partenariats Public-Privé. La contractualisation des Partenariats Public-Privé semble devenir un nouveau mode d’action publique pour l’aide au développement. Or, le choix d’un type de contrat, d’un type de mode de financement, sont également des choix politiques. Les politiques euro-méditerranéennes pour les énergies renouvelables étudiées dans cette thèse illustrent un glissement des politiques publiques statocentrées vers une action publique multi-acteurs. L’analyse de la fabrication des outils et instruments du Plan Solaire Méditerranéen met en lumière un mode de gouvernance basé sur le consensus et sur l’expertification. La charpente de l’action publique pour les énergies renouvelables au Maroc est édifiée autant par les acteurs privés que publics et entraîne la diffusion des formalités issues des grandes entreprises et du marché financier. Sous l’impulsion de ces acteurs, le secteur de l’énergie solaire du Maroc s’institutionnalise à partir des années 2009 en s’inscrivant dans un processus de bureaucratisation néolibérale. Lors de cette institutionnalisation, les bailleurs de fonds et les consortiums privés véhiculent, à travers leurs expertises et leur participation à l’action publique, plusieurs instruments politiques. Cette instrumentation passe par les appels d’offres concurrentiels et internationaux, les prêts d’aide au développement économique ou issus des fonds de lutte contre le changement climatique, et enfin les solutions contractuelles comme le Partenariat Public-Privé. La synergie entre les instruments de l’aide au développement et les politiques pour les énergies renouvelables entraîne une transformation des modes de gouvernement et du rôle de l’État. L’utilisation de ces instruments de l’aide au développement et de l’expertise privée permet la régulation et le contrôle bureaucratique, au sens wébérien, du marché de l’énergie solaire. La politique de transition énergétique marocaine participe au renforcement des monopoles dans le secteur de l’énergie marocain et à sa centralisation.  

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