Soutenir l’acquisition de compétences pendant l'épidémie : maintenir le lien et développer la formation à distance.

Nous avons réagi rapidement à la nécessaire mise en suspens de nos activités de bureaux et de salles de cours, en multipliant des contacts alternatifs, via Internet. Des réunions et formation à distance permettent à la fois une collaboration interactive, en temps de confinement, et le soutien individuel et en groupe, en cette réalité de crise.

Dans les médias, autant de rapports préoccupants que de messages d’humour sur le sujet épidémiologique. Ils reflètent tantôt nos peurs en ce contexte socio-économique, tantôt ils réagissent, de façon créative, en recadrage de la réalité rencontrée. Certaines idées annoncent déjà des changements de nos relations, façons de voir et penser notre monde à venir.

Notre aptitude d’adaptation didactique suit les étapes d’appropriation du contexte vécu par les apprenants, nécessitant à la fois des compétences en communication numérique, usage de plateformes et la vérification de savoir-faire, au fur et à mesure de la pratique. Nous voici brusquement conviés au voyage immersif en alternance de l’ingénierie pédagogique hybride !

Contexte neuro-biologique de l'enseignement à distance : le stress et l’efficacité des acquisitions. 

Nos cerveaux analysent la situation de l’épidémie comme une menace. Cette réaction, conditionnée par l’évolution, nous permet d'entrer rapidement en mode d’évitement ou de mobilisation d’action, en cas de danger. Cette sensation déclenche l'activité de certaines parties de l'hypothalamus, et du système limbique, plus largement, créant comme un filtre cognitif, qui ralentit la motivation pour les apprentissages et adaptations cognitives. En période de stress élevé, l'activité de l'hippocampe est réduite, impactant la mémorisation. En voici le premier écueil : un apprenant éprouvé par le stress pourrait être perçu comme désengagé et s’exclure de l’attention stimulante du formateur au sein du groupe.  

La technologie peut également constituer une source de stress pour l’apprenant, du fait de son éventuelle fracture numérique, face au cursus adapté sur l'ordinateur. L'écran agit par ailleurs sur le système nerveux central : sa lumière favorise, dans un premier temps, le potentiel cognitif, mais peut conduire au stress, en cas d’exposition prolongée. 

Enfin, une réalité socio-économique impacte les apprenants de notre secteur : face à la tension de continuité de services médico-sociaux, ces structures sollicitent le renfort de stagiaires en formation sociale. Aussi, exposés à une situation de double engagement, ces apprenants volontaires se rendent quotidiennement disponibles aux plus vulnérables, au cours de leur propre apprentissage et de la préparation aux évaluations. 

Aussi, ce n’est que par le biais d’une relation efficiente avec l’apprenant, où la réalité de son contexte d’apprentissage peut être prise en compte par le formateur, que peut naître une stratégie de formation réfléchie, en intelligence collaborative.  

Quelques pistes élaborées progressivement avec nos responsables et formateurs. 

Une fois que le préalable du maintien de relation est établi, de différentes formes de formation à distance peuvent être déployées : d’un simple échange par mail ou par téléphone, en passant par un dépôt de documents et exercices à faire, jusqu’aux séquences pédagogiques sur une plateforme, avec un contact synchrone et asynchrone avec les apprenants. 

Vient ensuite le soin d’adapter le contenu à transmettre, où les formateurs apprennent à transformer le processus d'enseignement habituel en le divisant en parties adaptées en classe virtuelle et d’autres activités off-line. Aussi, les formateurs créent progressivement de différents espaces : d’observations, d’expérimentation, de devoirs, qui peuvent se faire sous différentes formes : par écrit, en conversation, par écrit, ou en dehors de la classe, etc. Des enregistrements audio, vidéo, texte ou images complètent et s’ajoutent au direct devant l'écran. 

La recherche parfois fiévreuse de ces nouveaux possibles amène à penser que notre lendemain collectif, lorsque la crise sera terminée, saura apprendre de ces options urgentes, créées en ce temps complexe, pour un bénéfice partagé. 

L’essentiel dans une activité à distance ? 

Selon Maslow, le fondement de notre équilibre est la relation sociale. Dans un cursus de formation, nous agissons à deux niveaux de cette relation : formateur – étudiant(s), et apprenant – apprenant. Un autre niveau de relation, non direct mais qui sous-tend la qualité des acquisitions – est celui de l’organisme de formation avec la structure professionnelle de l’apprenant. Ces relations sont un fondement coopératif qui permet la coordination et stratégie du cursus pédagogique, et devient plus complexe à recréer, en formation à distance ! Ce n’est qu’en l'inventant en relation avec les parties prenantes qu’une gouvernance didactique peut se poursuivre en situation actuelle… Mais nous avons hâte de nous retrouver à nouveau. En cette attente, nos relations présentes amorcent les conditions de nos actions futures, quand nous retrouverons la possibilité, demain, de rouvrir nos formations dans leur dimension globale. 

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