Statistiques Morbides :

Statistiques Morbides :

Désormais nous y sommes, l’épidémie est arrivée en Europe et commence sa phase de développement exponentiel. Mais face à cette nouvelle donne, « Game changer » comme dit notre ministre de l’économie, trois questions me viennent à l’esprit. Le Coronavirus, simple gripette ou facteur d’Apocalypse ? La France et l’Europe en général sont-ils prêt à un tel événement ? Quelles conséquences économiques pour la France et l’Europe, et comment en minimiser le coût ?

 

Alors, à l’heure où l’Italie s’est confinée, où la France se prépare à passer à la phase 3 de l’épidémie, et où certains affirment que cette épidémie est moins grave que la grippe normale au vu du nombre de morts, faut-il penser que nous avons un vrai problème ou que nous sombrons dans une sorte d’hystérie collective injustifiée ? Pour bien comprendre la problématique il nous faut revenir aux statistiques, et il me revient à la mémoire ce triste mot de Staline « Tuer un Homme est un meurtre, en tuer des millions est une statistique »...

Le Coronavirus reste encore par beaucoup de points une énigme pour nous, alors revenons à ce que nous connaissons, la grippe normale. Cette dernière provoque 10 000 morts par an, comparé aux 33 morts actuels du Coronavirus en France, on pourrait donner raison à ceux qui prétendent que c’est un épiphénomène. Mais la dangerosité de ce virus ne se calcule hélas pas comme cela. Donc, la grippe normale, 10 000 morts par an, 0.1 % de mortalité et 10 000 000 d’infectés par an, avec une période de développement en hiver, et une période d’accalmie en été, le tout, étant une maladie connue pouvant être traitée par des antiviraux ou des vaccins…

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Maintenant revenons au peu que nous savons du Coronavirus. D’après les premières estimations formulées par l’OMS en l’ayant étudié in vivo en Chine, ce virus est 1.7 fois plus contagieux que la grippe normale, et à un taux de mortalité entre 3% et 3.5 % soit de 33 à 35 fois plus que la grippe normale ! Cerise sur le gâteau, selon l’OMS, qui s’est montrée très prudente sur cette information, l’été et la remontée des températures ne serait peut-être pas en mesure d’arrêter l’épidémie. Rassurant…

Si l’on en revient à la France et nos statistiques avec ces premières informations, alors le Coronavirus pourrait toucher 10 000 000 * 1.7 = 17 000 000 de français et entrainer potentiellement entre 510 000 morts (17 000 000 * 3 %) et 595 000 morts (17 000 000 * 3.5 %)… Alors simple gripette ?

 

J’en vois qui palissent, mais voilà, d’autres facteurs rentrent en ligne de compte… Les chiffres annoncés ci-dessus prennent en compte le risque sans tenir compte d’un facteur déterminant dans cette épidémie, la réaction des Hommes et des Organisations Humaines… Sommes-nous prêt à gérer une telle épidémie ?

Alors sur quoi pouvons-nous compter ? Un vaccin ? Dans le meilleur des cas entre 6 et 12 mois pour que celui-ci soit réalisé, testé et produit à grande échelle, c’est long, très long… La remontée des températures ? Peut-être, mais comme mentionné plus haut, nous n’avons pas de certitude actuellement que cela influence le virus, point négatif, mais on peut quand même constater que les zones équatoriales et tropicales (Afrique, Asie) sont moins touchées que les zones septentrionales (Asie, Europe, Amérique du Nord), ce qui pourrait être un point positif… Des médicaments pour soigner les malades ? Nous disposons de nombre d’antiviraux et de médicaments à notre disposition qui a défaut de prévenir pourraient guérir plus vite et mieux les malades, ce qui ferait baisser le caractère contagieux et morbide de cette épidémie. Mais là encore, nous ne savons pas lesquels et si réellement une molécule fonctionne correctement, on cherche... Cela me rappelle indéniablement l’épidémie de Sida, où il a fallu plusieurs années pour trouver que 3 antiviraux combinés de molécules connues (D’où Trithérapie), permettaient de diminuer drastiquement la mortalité de ce virus à défaut de le guérir… Possible mais quand ? Quand le temps joue contre vous, évidemment, on ne peut être que pressé…

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A la vue des hypothèses ci-dessus, il semble que les moyens à mettre en œuvre seront en fait les plus simples, mais ceux qui économiquement seront les plus douloureux… Mise en quarantaine, interdiction de déplacement, port du masque obligatoire, dépistage systématique, pour ceux qui devront encore être en contact avec du public (Supermarchés, Logistique, Hopitaux, Police,…) et n’auront d’autre choix que de s’exposer…

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Mais voilà, notre gouvernement a beau nous répéter que le pays est prêt, il ment, il ment éhontément… Ce dernier nous affirme que les masques ne servent à rien, d’où le fait de ne pas en distribuer sauf bien sûr au personnel hospitalier ! La vérité est plus crue… Nous n’avons que peu de stock (Peut-être 60 Millions pour une population de 67 Millions d’habitant avec certains masques qui doivent être changés 2 fois par jour !) et la production de masques est … en Chine qui garde bien sa production pour elle, le seul site de production qui nous reste est dans la Loire à Vougy près de Roanne, mais qui ne peut produire au maximum que 1 million de masque par jour… Rassurant… Concernant les kits de dépistages, le gouvernement nous informe qu’ils ne seront pas utilisés systématiquement… Pourquoi ? Il y a fort à penser que c’est pour la même raison que pour les masques… Il n’y a pas de quoi être serein…

 

Alors oui, nous sommes face à un grave danger potentiel, face à cela, il est clair dans mon esprit que nous sommes hélas mal préparés, mais que faire quand on est un décideur économique afin de ne pas rajouter à un sinistre sanitaire, un sinistre économique ?

Au niveau macro-économique, une réponse monétaire à coup de baisse des taux et d’émission monétaire est tout à fait inadéquate… Rappelons le schéma de la crise, crise sanitaire => crise économique => crise financière… Plus d’argent ne guérira aucunement les causes du problème à la différence de la crise de 2008, où cela avait été l’inverse, crise financière => crise économique. La réponse ne peut-être que budgétaire à défaut de trouver dans l’immédiat une solution sanitaire, avec des remises d’impôts et de charges sociales, et non des délais de paiement qui ne font que repousser le problème, des aides de trésorerie, bref cela va « coûter un pognon de dingue » comme dirait notre Président…

Au niveau de la micro-économie, ayant été chef d’entreprise, et ayant vécu la crise de 2008/2009 dans toute sa brutalité, je n’ai qu’un seul mot, il faut augmenter sa résilience… Qu’est-ce à dire ? Le CA s’écroule, les charges sont encore bien là (Salaires, sous-traitants,etc.), le premier risque qui va arriver très vite est la cessation de paiement… Quand on est dans une telle situation, la seule solution à défaut de rentrer de l’argent est de ne pas en sortir, une lapalissade ! Mais comment ? Le gouvernement vous propose de repousser vos charges sociales et impôts, profitez-en au plus vite pour sauvegarder au maximum votre trésorerie. Arrêtez vos productions de biens ou de service où la demande est inexistante ou trop faible en envoyant vos salariés en congés payés ou pas, en « Chômage partiel » maintenant appelé avec la novlangue « Activité partielle », ce sera autant de moins à payer tout de suite mais qui permettra lorsque la crise sera passée de rebondir et de relancer la production au plus vite. Faites patientez vos fournisseurs pour les payer, car il faut s’attendre que ce soit aussi vos clients qui aient la même stratégie… Si vous en avez l’opportunité, n’hésitez pas à demander à votre banquier l’ouverture ou l’extension de crédits court-termes ou de facilités de trésorerie

Quant à la profitabilité, oubliez la pour le moment, c’est à la sortie de la crise que vous pourrez compter vos abatis… Le but premier de tout ensemble humain n’est pas sa profitabilité mais sa survie…

 

Alors que penser du Coronavirus ? C’est un problème grave et potentiellement dévastateur. De plus, nous y sommes mal préparés ce qui nous obligera à recourir à de la chirurgie lourde sous-forme de quarantaine, et face à cela l’économie ne peut que se mettre en mode survie et augmenter au maximum sa résilience. « Si le pire n’est jamais certain, il est quand même probable… »

 

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