STMicroelectronics renoue avec le succès

STMicroelectronics renoue avec le succès

Les Echos, 15 Mai 2017

STMicroelectronics enregistre une forte croissance et remplit ses usines.

Après des mésaventures dans le smartphone qui ont plombé le groupe pendant des années, l'horizon s'éclaircit enfin.

« Nous avons semé des graines. Maintenant, nous voyons la saison des récoltes approcher. » Carlo Ferro, le directeur financier de STMicroelectronics, ne cachait pas sa satisfaction jeudi dernier, lors de sa présentation annuelle aux analystes. Après des années de vaches maigres, allant de résultats décevants en retournements reportés à plus tard, le fabricant franco-italien de puces électroniques retrouve enfin sa superbe. Pour preuve, STMicro prévoit de terminer l'année sur un chiffre d'affaires autour de 8 milliards de dollars, en hausse d'environ 14 %.

Et cette bonne nouvelle a d'autres conséquences heureuses. « Nous avons une infrastructure bien dimensionnée pour ce volume de 8 milliards de dollars. Le taux d'utilisation des usines va dépasser 95 %, ce qui améliore la marge », explique Jean-Marc Chery, récemment promu numéro deux du groupe aux côtés du patron historique, Carlo Bozotti. Celui-ci, dont le mandat devait prendre fin cette année après avoir été longtemps sur la sellette, a été prolongé d'un an. Le temps de savourer le goût du succès retrouvé ?

L'optimisation de l'outil industriel, qui passe entre autres par une montée en puissance de l'usine de Crolles, à côté de Grenoble, où le nombre de galettes de silicium transformées en puces électroniques passe de 3.000 à 5.000 par semaine, se traduit dans l'évolution de la marge brute : 34 % en 2015, 35 % l'an dernier et attendue au-dessus de 38 % cette année. Conjuguée à une discipline budgétaire stricte, cette hausse permet à STMicro d'atteindre un de ses objectifs de longue date : la barre des 10 % de marge opérationnelle sera dépassée au second semestre.

Deux segments de marché porteurs

Le retour à la croissance, clef de ce retournement tant attendu, est le résultat d'un repositionnement du groupe sur deux segments de marché porteurs, l'automobile et les objets connectés. Ici, STMicro a une capacité à innover reconnue, avec des puces en carbure de silicium, par exemple, pour réduire la consommation des véhicules électriques. Toute l'entreprise a été réorganisée en conséquence, les usines comme les équipes. Depuis 2012 et le désengagement du joint-venture créé avec Ericsson suite à l'effondrement de Nokia, puis l'arrêt de l'activité des puces pour décodeurs numériques, ce sont pas moins de 2.500 ingénieurs qui ont été redéployés dans les divisions du groupe, au profit des puces pour la voiture connectée donc, mais aussi les capteurs Mems, les microcontrôleurs ou les capteurs time-of-flight. Ces derniers, qui mesurent avec une extrême précision les distances même dans des conditions de luminosité mauvaises, sont la cerise sur le gâteau STMicro. La prochaine version de ces puces doit équiper - c'est devenu un secret de Polichinelle, même si le groupe ne peut toujours pas confirmer - le prochain iPhone pour lui permettre de faire de la cartographie 3D.

Difficile pour les analystes de se faire une idée de la taille de ce juteux contrat, comme de savoir à quel rythme STMicro continuera d'augmenter revenus et marges à l'avenir. Le groupe, à qui l'on a suffisamment reproché par le passé ses promesses non tenues, est resté très discret sur ses objectifs. « Nous souhaitons atteindre les 9 milliards de dollars le plus rapidement possible », a simplement indiqué Carlo Bozotti.

S. Dum. (à Londres), Les Echos

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