Stop à la rumeur

A l’heure où l’homosexualité tend à rentrer définitivement dans les mœurs. A l’heure où il est de plus en plus fréquent de croiser deux hommes ou deux femmes main dans la main, il ne viendrait à l’idée de personne de lancer des rumeurs lorsqu’il croise deux personnes du même sexe qui échangent tranquillement. Deux amies ou deux amis peuvent discuter paisiblement en public, partager des passions, faire des activités communes et se montrer publiquement sans susciter aucun racontar, aucune jalousie, aucune médisance, bref, sans prêter le flanc à aucune rumeur, si malveillante soit-elle. Mais dès lors qu’il s’agit d’un homme et d’une femme, pensant pourtant entretenir une amitié saine et sincère, et qu’ils commencent à afficher leurs affinités, les mauvaises langues se délient. Elles se délient au mépris des conjoints, des enfants, des familles ou des employeurs des intéressés, au risque de les faire souffrir allant parfois jusqu’à les briser tant le pouvoir du doute qui s’installe peut être destructeur. Et dans les petits villages ou dans les entreprises de petite taille, alors qu’ils offrent un cadre de vie ou de travail privilégiés et qu’ils devraient porter des valeurs telles que la bienveillance, la proximité, la solidarité et la complicité, les gens font malheureusement trop souvent leurs choux gras de la vie privée prétendue de leurs concitoyens ou collègues. Ne doit-on pas considérer qu’une amitié publiquement affichée et revendiquée ne rentre de ce fait pas dans le cadre de la vie privée ? Ne doit-on pas s’interroger sur les conséquences que de telles rumeurs peuvent entraîner sur le bien-être des familles, des équipes, des salariés ? Est-ce vraiment à la rumeur de susciter le trouble dans les familles ou revient-il aux intéressés de s’en expliquer dans la sphère privée ? Et quand bien même une belle amitié serait destinée à aboutir à une histoire d’amour, qui peut prétendre avoir le droit de porter un quelconque jugement là-dessus ? Ne devrait-on pas plutôt s’en réjouir ? Et si malheureusement, cela doit passer par la case adultère, n’est-ce pas dans la sphère privée encore une fois que tout cela doit éclater plutôt que sur la place publique ou devant la machine à café ?  Les expériences de la vie, les deuils, les divorces, les difficultés nombreuses qui, certes, ont la capacité de briser les couples, semblent cependant beaucoup moins nocives que la rumeur qui enfle souvent de manière inversement proportionnelle à son caractère fondé. Considérons plutôt que de tels événements sont propices au rapprochement, au partage, à l’échange et à la découverte de l’autre.

Alors cessons d’alimenter les rumeurs avant d’en venir à considérer comme suspectes les relations amicales hétérosexuelles et pourquoi pas, si l’on va dans ce sens,  les rassemblements à dix ou plus du samedi soir….