Stop à l'accaparement généralisé du vivant par l’agro-industrie
C’est une menace supplémentaire inadmissible que les multinationales agro-industrielles veulent faire peser sur la biodiversité et les insectes pollinisateurs. Elles profitent en ce moment même de la brèche ouverte dans les règlements européens par la dérégulation en cours des plantes génétiquement modifiées pour imposer dans le débat politique la dissémination facilitée de micro-organismes génétiquement modifiés sur nos territoires et dans notre alimentation ! Si nous ne réagissons pas immédiatement, c’est l’ensemble du vivant qui pourrait être accaparé et mis sous tutelle par l’agro-industrie.
Plantes et aliments génétiquement modifiés dans nos champs et nos assiettes. Le 7 février dernier, le Parlement Européen a voté pour un texte de loi inacceptable visant à déréguler massivement, sans aucun garde-fou, les plantes OGM obtenues à l’aide de nouvelles techniques génomiques, en tentant de les faire passer, sous influence des lobbys de l’agrochimie, pour des plantes naturelles ou issues de la sélection conventionnelle…
Cette loi est dangereuse car elle aboutirait à la dissémination massive et intempestive dans nos champs et nos assiettes de plantes et aliments génétiquement trafiqués en laboratoire par des multinationales étrangères, sans aucun contrôle de sécurité au préalable, sans étiquetage pour le consommateur, sans aucune mesure de protection contre la contamination génétique pour les cultures biologiques ou des plantes sauvages. Elle met une nouvelle fois en danger les écosystèmes et l’ensemble du monde vivant, à l’heure où nous n’avons tout simplement plus de temps à perdre pour enrayer l’effondrement en cours, dont le système agricole productiviste est déjà en grande partie responsable…
Le combat continue. Mais nous ne lâcherons rien : plus que jamais, nous sommes déterminés à empêcher l’adoption de ce projet désastreux. Dans ce combat, le nombre fait notre force : nous avons mis sur pied une grande alliance composée d’associations de citoyens et de protection de l’environnement, de consommateurs, de collectifs d’agriculteurs et de paysans, et d’opérateurs de la filière bio ; depuis plusieurs années, nous organisons une riposte stratégique qui commence à porter ses fruits. Ensemble, nous avons fait éclater l’affaire dans les médias, sur France Culture, France Info, France Inter, Reporterre, Politis, Le Monde et clamons toujours plus haut et plus fort notre opposition, et celle des centaines de milliers de citoyens qui ont signé une pétition et que nous représentons. La veille du vote, nous nous sommes rendus sur place à Strasbourg pour manifester devant le Parlement européen : nous étions sur le front pour faire pression sur les eurodéputés et leur demander de rejeter ce projet en bloc. Finalement, le Parlement a voté en faveur du texte, malgré des eurodéputés courageux. Pour autant, la lutte continue : nous ne comptons pas nous arrêter là car il est encore temps d’agir.
Rapport accablant de l’Anses. Pour cela, nous allons pouvoir nous appuyer sur une preuve scientifique supplémentaire apportée par l’Anses, l’agence nationale de sécurité sanitaire française. Un mois après le vote, le 6 mars 2024, l'Anses a créé un esclandre politique et médiatique en rendant enfin public un rapport accablant sur les nouveaux OGM, dont la publication avait été bloquée par le gouvernement français depuis fin janvier 2024. POLLINIS a analysé ce rapport en détail et ses conclusions sont sans appel : l’agence reconnaît formellement l’existence de risques potentiels pour l’environnement et la santé humaine liés à l’utilisation des NGT, et recommande une évaluation des risques au cas par cas. Or, la dérégulation en cours d’adoption à Bruxelles prévoit justement de supprimer cette évaluation des risques pour la quasi-totalité des nouveaux OGM - une mise en danger du vivant inacceptable, et absolument injustifiée. Pendant plusieurs semaines, le gouvernement français a sciemment décidé de ne pas publier ce rapport détonnant, alors même qu’il avait connaissance de son contenu. Ce blocage politique n’avait aucune raison valable hormis d’empêcher la tenue d’un véritable débat public contradictoire ; c’est une ingérence politique grave et inacceptable qui porte directement atteinte au bon fonctionnement de nos institutions. A cause de ce blocage, les eurodéputés ont donc voté sans avoir pris connaissance des conclusions de l’Anses, sans avoir conscience de l’ampleur des risques potentiels liés aux nouveaux OGM…
Faire barrage aux lobbys. Malgré la position du Parlement européen, nous continuons la lutte avec rage : les négociations sont toujours en cours à l’échelle européenne, le Conseil de l’Union européenne devant se prononcer prochainement. Dans ce cadre, la France devra voter pour ou contre ce projet. Pour l’instant, le gouvernement français maintient sa position favorable, au mépris de son autorité scientifique indépendante qui a ouvertement critiqué la dérégulation à travers deux rapports publics, et au mépris de l’opinion de la majorité des citoyens, des agriculteurs et opérateurs de la filière biologique et agroécologique, et des associations de défense de l’environnement. Or, la France a le pouvoir de faire basculer l’issue de ce projet : si elle vote contre, il pourrait bien être enterré. Il est donc impératif que le gouvernement s’y oppose.
Pour cette raison, POLLINIS continue à maintenir une pression maximale sur les représentants politiques pour les mettre face à leurs responsabilités, exiger que le gouvernement écoute enfin son agence scientifique et ses citoyens, et rejette ce projet insensé pour la biodiversité et le vivant. Chaque jour, nous redoublons d’effort pour faire entendre notre plaidoyer dans l’arène politique et médiatique : nous avons soutenu un groupe d’une centaine de députés frondeurs qui ont pris ouvertement position contre ce texte, nous avons participé à une large mobilisation citoyenne à Paris pour défendre les paysans et un modèle agricole sans intrants chimiques et sans modification génétique du vivant, et enfin, nous avons été reçus à Matignon une seconde fois pour alerter le cabinet du Premier ministre sur les risques et les aspects désastreux de ce projet.
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Nouvelle menace sur le vivant. Alors que le règlement n’a pas encore été adopté, les multinationales de l’agro-industrie préparent déjà leur prochain tour de force en essayant d’imposer dès maintenant les termes du débat pour la dérégulation des micro-organismes génétiquement modifiés… En réalité, les plantes ne sont que le premier volet d’une série de dérégulation massive à venir concernant l’ensemble du vivant : des amendements votés au Parlement européen le 7 février montrent clairement que le cadre voté pour les végétaux servira de base de négociation pour les prochaines victimes de l’agro-industrie : les micro-organismes (bactéries, levures, virus) génétiquement modifiés et brevetés par les firmes, qui pourraient être utilisés dans l’agriculture pour décupler artificiellement l'impact toxique sur les insectes de bactéries pesticides. C’est une raison supplémentaire pour laquelle nous devons absolument continuer de lutter sans rien lâcher jusqu’à la fin des négociations, pour espérer l’abandon de ce projet de dérégulation.
En effet, c’est la modification génétique du vivant dans son ensemble, et son accaparement par une poignée d’industriels qui se profile à l’horizon, si nous n’agissons pas dès maintenant. Et c’est pour cela que nous avons immédiatement riposté : dans le cadre d’une consultation publique, nous avons alerté l’EFSA, l’autorité européenne de sécurité des aliments, sur les risques pour la biodiversité et les insectes liés à l’utilisation de ces nouvelles techniques dans les micro-organismes, notamment l’affaiblissement du système immunitaire des abeilles dans le cadre de micro-organismes génétiquement modifiés utilisés pour modifier leur microbiote, ou encore une perturbation généralisée des équilibres écosystémiques… Nous avons exigé le maintien de la législation existante pour empêcher toute dérégulation incontrôlée aux effets potentiellement dramatiques et irréversibles pour notre environnement, notre santé et celle des générations futures. Nous affûtons nos armes et préparons notre stratégie de riposte pour empêcher l’invasion d’OGM dans nos champs et nos assiettes, et pour paralyser toute tentative de modification génétique généralisée du vivant.
Si vous ne l’avez pas déjà fait, signez la pétition européenne de POLLINIS et ses partenaires. Et si c’est possible, faites un don à l’association pour nous aider à financer toutes les actions essentielles futures pour faire barrage aux tentatives de l’agrochimie d’imposer ses nouvelles technologies génétiques dans nos champs dans le but de perpétuer un système agricole destructeur du vivant dont elle tire les meilleurs bénéfices, et pour obliger élus et responsables institutionnels à amorcer une indispensable transition vers un système agricole qui respecte la biodiversité et l’indépendance des agriculteurs.
Merci.