STOP AU DÉMEMBREMENT DE L’ENTRAINEUR.

Qu’est-ce qu’entrainer sinon aider une personne à passer d’un état actuel à un autre, plus souhaitable, à changer ce qui n’est pas possible en ce qui est possible. Entrainer, c’est donc permettre à une personne de passer de « ne pas être capable » à « être capable » ; c’est donc l’aider à se délivrer, à se défaire d’une contrainte, d’une inexpérience. Son niveau de plaisir correspond par ailleurs souvent à la difficulté et à la quantité de ces obstacles qui ont été franchis.

Être entraineur, c’est donc « pousser quelqu’un vers quelque chose » ; c’est « exercer un effet stimulant ». Quel entraineur n’a pas trainé et stimulé ses sportifs pour les convaincre de l’arrivée prochaine d’un futur heureux, pour qu’ils n’abandonnent pas après une déception soudaine, ou un défi complexe qui demandait une maitrise exigeante et des répétitions nombreuses ? Être entraineur, c’est en quelque sorte « amener quelqu’un à agir, à faire quelque chose en exerçant sur lui une contrainte ». 

Quel entraineur n’a pas non plus réfléchi et consacré des heures et des jours à la recherche d’exercices appropriés, à trouver les consignes adéquates pour donner de l’entrain, pour répondre au manque d’entrain du sportif, pour obtenir les mouvements justes, aux moments opportuns ?

Si l’on veut comprendre la vraie mission de l’entraineur, il est par conséquent indispensable de lui associer deux verbes qui lui correspondent, qui répondent à toutes ses formes, dont les divers synonymes n’expriment jamais qu’un aspect particulier.

Ce sont les verbes « enseigner » et « apprendre ». Apprendre, c’est d’abord élever, s’élever et c’est aussi former. Enseigner, c’est transmettre un savoir et apprendre, c’est faire acquérir une maitrise. Cela consiste à aider le sportif à apprendre et à se développer, à lui proposer des expériences d’apprentissage où il pourra perfectionner ses compétences et sa compréhension de son sport.

Alors plutôt que d’imposer des « préparateurs physiques » et des « préparateurs mentaux » aux entraineurs, je préfèrerais donc qu’on impose aux « préparateurs physiques » et aux « préparateurs mentaux » de passer un diplôme d’entraineur.

Les « préparateurs physiques » et les « préparateurs mentaux » oublient que le diplôme de psychologue existe déjà, comme celui de médecin, de kiné, d’ergomotricien de diététicien… et que ces formations sont majoritairement universitaires et scientifiques.

Pourquoi vouloir rajouter ces personnes sur les terrains de sport ? Pourquoi vouloir rajouter des contraintes à l’entraineur ? Il me semble que ces revendications sont surtout l’expression d’un corporatisme exacerbé et de personne qui ne trouve de travail.

Imposer réglementairement ces personnes dans les structures sportives est discutable. La règlementation existante me semble suffisante et si elle est doit être enrichie, cela ne pas se faire dans le sens d’une réduction des capacités d’audace, de curiosité, et d’innovation. La réglementation doit surtout veiller à contrôler et limiter les dérives préjudiciables.

Je trouve que ces activités libérales indépendantes, ses spécialisations déshumanisent l’entraineur et, aussi qu’elles dénigrent le métier d’entraineur, vouloir le réduire à un simple technicien d’un sport, qui serait sous la tutelle de spécialistes le plus souvent auto-déclarés experts.

 Entrainer, c’est pour l’entraineur, savoir que la performance dépend des 4 points cardinaux que sont : 1/d’abord connaître et agir en complexité, 2/ensuite penser l’avenir de la décision, 3/puis prévoir les effets immédiats des efforts et 4/enfin prévoir les effets cumulés différés des efforts.

L’entraineur possède donc aujourd’hui déjà des connaissances en psychologie, en physiologie, en management, en statistiques et dans bien d’autres domaines. Il en a déjà les bases. Ce dont l’entraineur aurait besoin c’est éventuellement de référents extérieurs, qu’il pourrait consulter si besoin, pour rester informer et se former dans le cadre d’une formation continue. Ce dont l’entraineur aurait besoin c’est de temps pour se former. C’est donc de pouvoir libérer du temps et donc de ne pas être seul à entrainer. Par conséquent d’être accompagné d’un autre entraineur.

À démembrer l’entraineur, à lui enlever des compétences au prétexte qu’il ne saurait pas faire, ce qui reste à démontrer, à laisser croire qu’il n’est compétent ni en psychologie ni en management, ni en physiologie ni en anatomie, on lui enlève ce qui fait sa spécificité : sa capacité à passer du complexe au simplexe, on lui enlève ses valeurs morales, son humanisme et l’universalité de ses interventions. Accessoirement, on dénigre aussi les formations universitaires. 

Si l’on considère qu’entrainer c’est enseigner, l’entraineur est un enseignant, un éducateur. Les enseignants n’ont pas de préparateurs mentaux, de préparateurs physiques, dans leur salle de classe. Ils se forment dans ces différents domaines. Cela suffit à améliorer leur métier, à mieux assurer leurs missions.

Alors cela ne veut pas dire que la préparation mentale et la préparation physique ne sont pas utiles. Cela signifie que ce sont des spécialités du métier d’entraineurs, des spécialisations accessoires.

 Je vous souhaite une belle journée

 

Dr. Narcisse TINKEU NGUIMGOU

préparateur physique de la sélection nationale A prime et U17 du Cameroun et psychologue 🇨🇲. FECAFOOT

10 mois

Entièrement d'accord avec toi Stéphane. Durant mon parcours professionnel de préparateur physique, mes compétences et mes diplômes d'entraîneur m'ont beaucoup aidé à mieux appréhender mes fonctions mais surtout à mieux accompagner mes entraîneurs principaux. ✍️💪

Damien GARCIA

🧠🔥 Préparateur Mental ( Mental Skills Coordinator ) chez Les Grizzlys de Grenoble 🔥🧠

10 mois

Stéphane MORIN, j'avoue ne pas vraiment me retrouver dans ce post. A vrai dire, je n'ai jamais eu le sentiment de démembrer qui que ce soit lors de mon travail au sein des staffs dans lesquels j'ai pu évoluer. Lorsque l'on travaille dans le respect mutuel des compétences de chacun et que l'on définit un cadre clair de fonctionnement, l'objectif est bien de s'enrichir mutuellement non ? J'apprends énormément des Coachs qui me donnent leur confiance, des preparateurs physiques que je cotoie, et j'espère que la réciproque est vraie également. Je n'ai rien contre le fait de me former, de passer un diplôme d'entraineur, ou d'autres, mais qu'est ce que cela changerait au fond ? Je partage votre vision sur l''enseignement, L'entraineur enseigne.. mais j'ai le sentiment d'enseigner également dans mon métier avec une posture et une prisme différent ? Nous arrivons à un stade où au lieu de continuer d'opposer ces métiers de la performance, il serait peut-être bon, à l'image du sport outre atlantique, de réfléchir à la meilleure façon de les réunir dans le fontionnement de nos structures professionnelles ?

Si l’on considère qu’entrainer c’est enseigner, l’entraineur est un enseignant. Les enseignants n’ont ni de préparateurs mentaux, ni de préparateurs physiques. Ils se forment dans ces différents domaines. Cela suffit à améliorer leur métier, à mieux assurer leurs missions. Ce dont un enseignant a le plus besoin, c'est d'un autre enseignant dans sa classe. Il en est de même pour les entraineurs.

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