Stratégie climat dans les entreprises : trop de suiveurs, pas assez de leaders

Stratégie climat dans les entreprises : trop de suiveurs, pas assez de leaders

Une expérience récente nous a fait remarquer combien l’inertie est encore grande, dans les entreprises de certains secteurs, en matière d’adaptation aux normes environnementales. Beaucoup, dont de grands groupes, assument une posture d’adaptation à la contrainte juridique, aux évolutions de la société, plutôt que d’anticipation. Des suiveurs en somme, « on s’adaptera, on sera flexible », là où le fait d’anticiper, d’avoir un ou deux coups d’avance, se révélerait être un formidable plus en matière… de bizness !  

Le secteur de l’assurance est un cas d’école en la matière. Ces dernières ont identifié que le changement climatique allait avoir un impact sur leur activité, c’est assez évident. « Un monde à +4°C n’est pas assurable » disait le PDG d’AXA. Les compagnies d’assurance missionnent donc leur syndicat interprofessionnel, la Fédération Française de l’Assurance, de produire des rapports sur ce que le changement climatique fait tendanciellement peser comme risques sur les biens (à un niveau très macro…) et sur comment évaluer le bilan carbone des produits financiers (majoritairement des obligations) qu’elles détiennent.

Il y a donc mutualisation des services de prospective climat. Cela permet de concentrer les moyens et de produire des documents cadre, ce qui est intéressant. En revanche, il faut une deuxième jambe pour compléter : avoir en interne des équipes capables de faire des anticipations précises, adaptées aux besoins de l’entreprise, et de travailler avec le reste du Comité exécutif sur la création de nouvelles offres. À ce stade, la « RSE » est le plus souvent liée avec les services communication, laissant ce sujet central à la marge, et pas assez intégrée dans la stratégie de l’entreprise. Le fait qu’on mutualise ces services entraîne aussi une difficulté : on a toujours plus de mal à s’approprier ce qu’on ne fait pas nous même. Le degré d’engagement est moins fort.   

Intégrer des services de prospective ne coûte pourtant pas forcément très cher. inclu dans une véritable stratégie de gouvernance, cela peut même être très rentable. Dans l’assurance par exemple, on ne crée pas de nouveaux produits, alors que l’assurance vie est par définition un placement de long terme. L’assurance « vie soutenable » n’existe pas, alors qu’une offre 100% verte, sans financement d’actif brun (fossiles), pourrait séduire de très nombreux clients et entrer en résonance avec leurs aspirations pour leur futur et celui de leurs proches.

Dans un marché aussi concurrentiel, ne pas se démarquer par une raison d’être propre, foncièrement adaptée aux nouveaux enjeux, c’est prendre le risque que d’autres le fassent et suscitent un engouement. Beaucoup d’entreprises ne comprennent pas la tectonique profonde de la conscientisation écologique, bien plus rapide que ce qu’elles anticipent. Le greenwashing ne dupe plus personne, et devient même, depuis 2 ans, une source de décrédibilisation sévère. Viendra bientôt la décrédibilisation de ceux qui ne sont pas proactifs, des tièdes, des suiveurs, des indifférents objectivement complices de l’inertie. Comme disait Einstein, Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire.

Charles de Geofroy

J’aide les entrepreneurs à structurer leur business pour atteindre une croissance naturelle - 7 ans d’expérience dans l’armée et de recherche sur les modèles de management bio mimétique 🌱

3 ans

Merci Pierre. Très éclairant. Si la transformation digitale était l’enjeu des 20 dernières années la transformation écologique est celui des 20 prochaines. Et en effet celles qui ne prennent-ils le train en marche maintenant risquent de devenir très rapidement anachroniques.

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