Stratégie et Plans d’actions en zones montagneuses et forestières : Z.Sahli agroéconomiste
Synthèse –Recommandations du forum « e-montagne » que j’avais organisé à l’université de Blida, dans le cadre du projet SARD/FAO, en collaboration avec l’IAM Bari (Italie) en 2010
La gestion durable en forêt et en zone de montagne suppose un préalable de gouvernance inclusive pour la prise en compte des enjeux à la fois environnementaux, spatiaux et socio économiques.
L’enjeu environnemental reste lié à la gestion rationnelle et la protection des ressources naturelles, alors que du point de vue social, c’est le maintien de la symbiose entre l’homme et son milieu naturel, par la lutte contre la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des populations rurale. L’enjeu économique concerne, quant à lui, l’accroissement de la vitalité de l’économie forestière et montagnarde, à travers la valorisation des produits forestiers ligneux et non ligneux, des produits agricoles et services de terroir et la répartition équilibrée des ressources et des appuis, afin de réduire les disparités entre les zones rurales elles-mêmes et ces dernières et les villes.
Le monde rural montagnard a surtout besoin de confiance dans son environnement immédiat et de stabilité. Les populations paysannes, qui continuent à y pratiquer l'agriculture ou à utiliser les ressources forestières, ont surtout besoin d’être soutenues matériellement et financièrement
Il devient donc nécessaire :
- de poursuivre les actions de mise en valeur des terres ayant des vocations confirmées (après étude et évaluation précises);
- de compenser l’insuffisance et l’irrégularité des pluies par le développement de l’irrigation;
- d'augmenter les surfaces cultivables par des actions de conservation et d’assainissement des sols;
- d'investir dans l’organisation des ruraux : il faut faire en sorte que tout projet doit passer par une forme d’organisation, soit coopérative ou association ou autre, en partenariat avec les structures de l’Etat;
- d'apporter un appui beaucoup plus important aux populations rurales pour planter des arbres fruitiers rustiques en zones de montagne pour la création des vergers familiaux ;
- de régler le problème foncier et mettre en œuvre un instrument au niveau du foncier (restructuration et remembrement), comme il faut également prévoir une utilisation plus importante (droit d'usage) collective ou privée des espaces domaniaux (forêts) ;
- -de mieux soutenir la formation; celle-ci doit être une condition sin sine qua none avant toute réalisation de projet.
Par ailleurs, l’envasement des barrages implantés en aval des zones montagneuses est là pour nous rappeler que nous sommes face à une interdépendance des espaces montagneux et ceux en plaine. La durabilité des agricultures irriguées en plaine qui passe par la préservation des écosystèmes montagneux en amont doit être de ce fait fortement soulignée. Les possibilités de mobilisation de la ressource eau et la démocratisation des techniques d’irrigation économisatrices d’eau peuvent s’avérer aussi des outils permettant une diversification des systèmes de production.
Diverses autres questions ont été également soulevées et notamment celles :
-de la place des zones de montagne dans l’aménagement du territoire et la nature des synergies attendues entre les zones de montagne et leur environnement;
- -de la valorisation des travaux et des expériences ;
-de l’organisation de la communication ;
-de la révision des conditions et des méthodes d’action des institutions existantes au niveau des zones de montagne.
En fait, tout le monde était d’accord pour signifier que les actions de développement agricole et rural en zones de montagne devaient avoir pour objectifs essentiels :
- la conservation des systèmes agraires et des activités agricoles existantes ;
- le soutien aux activités non agricoles ;
-des efforts en matière de qualification produits de terroir local et leur promotion en tant que ressources "spécifiques", ayant les caractéristiques pédoclimatiques et techniques de la zone ; les produits de la zone sont économiquement porteurs et disposent d'un marché local et national de plus en plus en important..
-rechercher l'obtention d'un nouvel équilibre reposant sur la complémentarité avec l'agriculture et les autres secteurs économiques d'une part, l'économie rurale des zones de montagne et l'économie des zones de plaines, d'autre part.
D’autres recommandations :
- il serait utile et souhaitable d’avoir des projets présentés par des jeunes universitaires afin de susciter l’entrepreunariat en milieu rural montagnard ;
-il parait opportun d’envisager d’introduire les notions de développement durable et de l’éco tourisme et l’agrotourisme dans les programmes de formation ;
-il est venu le temps d’enclencher un processus pour faire en sorte que les bénéficiaires des projets prennent des initiatives de développement local durable.
La montagne n'étant pas bien cernée sur le plan physique ni sur le plan organisationnel, il faut aussi délimiter son espace et prévoir une structure de gestion ou de coordination au niveau national ou régional pour servir de cadre ou de réceptacle à l'ensemble des études et des actions menées dans ce domaine
On ne dispose actuellement d’aucune structure, d’aucune carte disponible, ni d’aucun programme clair en direction de ces territoires.
Une réelle politique de la montagne est donc devenue nécessaire et même urgente à mettre en oeuvre
Il est également urgent de réaliser des synergies et une coordination entre les différentes structures qui interviennent sur l'espace montagne, et prendre ainsi en charge le problème de manière globale et développer la communication dans ce sens.
Il faut en fin de compte que l'espace montagne sorte de sa marginalisation actuelle.