Stress au travail : de l’obstacle au levier de réussite

Stress au travail : de l’obstacle au levier de réussite

Le stress au travail est une réalité quotidienne pour de nombreux professionnels. Selon l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, environ 50 % des travailleurs européens déclarent ressentir régulièrement du stress lié à leur activité professionnelle. Pourtant, ce phénomène n’est pas intrinsèquement négatif : tout dépend de son intensité et de sa gestion. Faisons la distinction entre le stress utile, également appelé eustress, et le stress négatif, ou détresse, avant d’explorer des solutions pour mieux le gérer.

Le stress utile : un moteur de performance

Le stress utile, ou eustress, est une forme de pression qui nous pousse à sortir de notre zone de confort et à mobiliser nos ressources. Contrairement au stress négatif, il agit comme un stimulant et permet souvent de révéler nos meilleures capacités. Imaginez une compétition sportive : un athlète ressent un pic d’adrénaline juste avant de courir. Ce stress aigu mais temporaire lui permet de se dépasser, d’être plus rapide, plus précis, et de donner le meilleur de lui-même.

Dans le contexte professionnel, ce stress peut être bénéfique lorsqu’il est lié à des défis motivants. Par exemple, une échéance serrée pour rendre un projet peut inciter une équipe à travailler plus efficacement et à renforcer sa cohésion. Une étude de l’Université de Californie a montré que le stress modéré stimule la plasticité cérébrale, ce qui améliore les capacités de résolution de problèmes et la créativité.

Cependant, pour qu’un stress reste positif, il doit être géré de manière proactive. Cela implique de fixer des objectifs clairs et atteignables, de célébrer les petites victoires et de maintenir une vision optimiste des défis. Lorsque ce type de stress est reconnu et valorisé, il devient une force motrice pour la réussite individuelle et collective.

Le stress négatif : un frein à l’épanouissement

À l’opposé, le stress négatif ou détresse est souvent causé par des exigences excessives, un manque de contrôle ou une absence de soutien. Si l’eustress est comparable à un feu contrôlé qui éclaire une pièce, la détresse est un incendie qui ravage tout sur son passage.

Ses effets sont multiples et peuvent toucher la sphère physique, mentale et émotionnelle. Par exemple, des symptômes comme des maux de tête fréquents, des douleurs musculaires, des insomnies ou un sentiment constant d’épuisement peuvent apparaître. Au niveau psychologique, il n’est pas rare de voir des manifestations d’anxiété, de perte de motivation, voire de dépression. Une étude menée par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) en France a révélé que les troubles liés au stress représentent 50 à 60 % des journées de travail perdues. 

Un cas typique est celui du burn-out, où le stress devient si intense qu’il entraîne un épuisement émotionnel, mental et physique. Par exemple, imaginez un salarié constamment submergé par des tâches irréalistes et un manque de reconnaissance. En quelques mois, il peut perdre tout intérêt pour son travail et sa productivité chute. 

Pour prévenir ce type de stress, il est essentiel d’identifier les signaux d’alerte et de prendre des mesures correctives avant que la situation ne dégénère.

Mieux se connaître pour mieux anticiper

La connaissance de soi est la clé d’une bonne gestion du stress. En comprenant nos forces, nos faiblesses et nos réactions naturelles, nous pouvons anticiper les situations stressantes et y répondre de manière plus adaptée.

Des outils comme le MBTI et le DISC sont particulièrement utiles dans ce processus. Par exemple, le MBTI divise les personnalités en 16 types basés sur quatre dimensions : introversion/extraversion, intuition/sensation, pensée/sentiment, jugement/perception. Une personne introvertie, par exemple, pourrait trouver les interactions sociales prolongées plus stressantes et aurait besoin de moments de solitude pour recharger ses batteries.

Le DISC, quant à lui, aide à comprendre comment nous interagissons avec les autres. Une personne dominante (type “D”) peut être stimulée par les défis mais facilement frustrée par des retards ou un manque d’efficacité. En revanche, une personne influente (type “I”) pourra être motivée par la reconnaissance sociale mais stressée par un environnement de travail trop rigide.

Ces outils permettent également de mieux comprendre les autres, ce qui favorise des relations professionnelles plus fluides. Par exemple, si vous savez que votre collègue préfère travailler avec des consignes précises, vous pouvez adapter votre communication pour éviter des malentendus stressants.

Adopter des pratiques de management innovantes pour une meilleure gestion du stress

Dans un monde du travail en constante évolution, les managers jouent un rôle central dans la prévention et la gestion du stress. S’ils adoptent des pratiques modernes et innovantes, ils peuvent transformer leur équipe en un environnement où le stress est canalisé pour stimuler la créativité, la collaboration et la performance. Voici quelques approches pour un management résolument tourné vers l’avenir.

Encourager une culture de la flexibilité

Le temps où les salariés étaient tenus de respecter des horaires rigides dans des bureaux cloisonnés est révolu. Une flexibilité accrue, non seulement en termes de lieu (télétravail, espaces de coworking) mais aussi de temps, permet aux employés de mieux aligner leurs rythmes professionnels et personnels.

A titre d'exemple, certaines entreprises adoptent la semaine de travail de quatre jours sans réduction de salaire, comme expérimentalement testé par Microsoft au Japon. Les résultats ont montré une augmentation de 40 % de la productivité et une diminution significative du stress des employés.

Offrir des horaires souples, dans lesquels chacun pourra adapter son rythme professionnel et personnel en fonction de son contexte, de ses besoins, permet de trouver le bon équilibre. Cela doit bien entendu être cohérent avec le besoins de l'entreprise et bien articulé, mais lorsque l'engagement est là, chacun saura trouver les leviers de la réussite collective.

Mettre en place des rituels d’équipe orientés bien-être

Les routines d’équipe peuvent devenir un levier puissant pour réduire le stress et renforcer la cohésion. Cela va au-delà des simples réunions hebdomadaires. Il s’agit de rituels axés sur l’humain, visant à connecter les membres entre eux tout en les aidant à relâcher la pression.

Par exemple, Instaurer un “Check-in émotionnel” en début de réunion où chaque participant partage son ressenti en une phrase ou un mot est un rituel intéressant. Cela favorise l’empathie, renforce la transparence et permet aux managers d’identifier les tensions cachées.

Certaines entreprises ont aussi organisé des ateliers collectifs de micro-méditation, ou même des ateliers créatifs comme le dessin ou l’écriture spontanée pour évacuer le stress en groupe. Une approche plus classique mais également efficace est de favoriser l'accès à des salles de sports et créer des challenges internes autour d'activités physiques accessibles à tous.

Favoriser un management par la reconnaissance

La reconnaissance est souvent négligée, alors qu’elle est l’un des antidotes les plus puissants contre le stress. Mais pour qu’elle soit efficace, elle doit être sincère, personnalisée et intégrée dans le quotidien, plutôt qu’occasionnelle.

Créer un “Mur des réussites” numérique ou physique, où chaque employé peut partager ses petites et grandes victoires est une idée innovante pour répondre à cette ambition. L’objectif est de valoriser les efforts, même ceux qui semblent insignifiants.

Savoir s'arrêter sur un succès et le valoriser nourrit également le besoin de reconnaissance. En parler, donner du feedback positif, et en profiter pour bien identifier les facteurs de réussites est particulièrement utile pour les ancrer et en être fier, que cela soit à titre individuel ou en équipe. Ces gestes simples ont un impact profond sur le moral et l'estime de soi.

Instaurer une politique “fail forward”

La peur de l’échec est une source majeure de stress, souvent exacerbée par des environnements de travail compétitifs. Pour transformer cette peur en opportunité, les managers peuvent promouvoir une culture où les erreurs ne sont pas sanctionnées mais analysées et célébrées comme des étapes vers la croissance.

Dans certaines entreprise de la Tech, comme Google, les équipes organisent des “Réunions d'échec” où elles discutent ouvertement des erreurs commises, en se concentrant sur les apprentissages qui en découlent.

Lorsqu’un membre de l’équipe fait face à un échec, le manager peut organiser une discussion constructive avec des questions comme : “Qu’avons-nous appris ?” ou “Comment cette expérience peut-elle enrichir nos futures approches ?”. Cela réduit la culpabilité et stimule une mentalité de croissance.

Utiliser la gamification pour réduire la pression

 La gamification, ou l’intégration du jeu dans des processus professionnels, peut transformer des tâches stressantes ou ennuyeuses en défis motivants et amusants. Cette approche favorise l’engagement et atténue la perception de surcharge.

Une entreprise peut organiser des challenges et attribuer des badges, des points ou des récompenses pour chaque projet accompli ou objectif atteint. Les équipes peuvent aussi participer à des concours de résolution de problèmes ou des simulations de prise de décision en temps limité. Des processus d'intégrations de nouveaux collaborateurs, des formations, peuvent se faire via des jeux ou des outils ludiques en lignes.

La gamification stimule l’esprit d’équipe et offre des instants de légèreté, essentiels pour contrebalancer la pression du travail.

Former les managers au leadership émotionnel

Un bon manager ne se limite pas à gérer des plannings et des projets ; il doit également être un “catalyseur émotionnel”, capable de détecter et d’apaiser les tensions dans son équipe. La formation en intelligence émotionnelle (IE) est donc incontournable.

Les compétences qu'un manager doit savoir déployer :

L'Empathie : Savoir écouter activement et comprendre les préoccupations de chacun.

La Régulation émotionnelle : Garder son calme face à une situation stressante pour éviter de transmettre son anxiété à l’équipe.

La Motivation intrinsèque : Inspirer les employés en se connectant à leurs valeurs personnelles et professionnelles.

Donner du sens au travail pour réduire le stress

Le stress peut être amplifié lorsqu’un employé ne perçoit pas l’impact ou la finalité de son travail. Les managers doivent s’efforcer de relier chaque tâche quotidienne à une vision plus large.

Tout d'abord, communiquer la vision de façon claire montrer en quoi le travail des différents département va y contribuer est essentiel.

Ensuite des initiatives innovantes comme organiser des sessions “Impact” où les employés rencontrent des bénéficiaires ou des clients pour voir concrètement comment leur travail fait une différence, peuvent créer une vraie dynamique positive.

Une autre idée innovante peut être d'intégrer des récits inspirants dans les réunions pour rappeler aux équipes l’importance de leur contribution dans la réalisation des objectifs globaux de l’entreprise.

Encourager l’usage de technologies bien-être

Les nouvelles technologies offrent de nombreuses solutions pour mieux gérer le stress au travail. Les managers peuvent les intégrer de manière stratégique.

Voici quelques exemples d’outils innovants :

Des applications de bien-être proposées gratuitement aux employés, ou la mise en place de ogiciels de suivi de la charge de travail pour équilibrer les tâches et éviter la surcharge sont des exemples de pratiques intéressantes.

En adoptant ces pratiques, les managers peuvent non seulement réduire le stress de leurs équipes, mais aussi créer un environnement de travail où chacun se sent valorisé, soutenu et engagé. Le management ne se limite plus à la gestion des résultats : il devient un levier de bien-être et de performance durable.

Adopter les bonnes postures face au stress

Lorsque le stress survient, il est important de réagir de manière proactive plutôt que de se laisser submerger. Voici quelques stratégies pratiques :

            1.         Pratiquer des exercices de respiration : La respiration diaphragmatique aide à calmer instantanément l’esprit. En respirant profondément et en se concentrant sur l’expiration, on peut réduire la fréquence cardiaque et relâcher les tensions.

            2.         S’initier à la pleine conscience : Prendre quelques minutes par jour pour méditer ou simplement observer ses pensées sans jugement permet de mieux gérer les émotions liées au stress.

            3.         Adopter une perspective positive : Revoir une situation stressante sous un autre angle peut transformer la perception de celle-ci. Par exemple, au lieu de voir une critique comme une attaque personnelle, la percevoir comme une opportunité d’amélioration.

En outre, il est essentiel d’instaurer une routine de santé mentale : dormir suffisamment, pratiquer une activité physique régulière et maintenir un réseau de soutien social.  

Les bienfaits du coaching pour mieux gérer le stress : entre approche individuelle et collective

Le coaching professionnel est une approche puissante pour mieux comprendre et surmonter le stress au travail. Qu’il soit individuel ou d’équipe, il offre des outils pratiques et une perspective extérieure pour transformer les tensions en opportunités d’évolution.

Le coaching individuel : un chemin vers la résilience personnelle

Le coaching individuel repose sur une relation personnalisée entre le coach et le coaché, visant à clarifier les sources de stress, à renforcer la confiance en soi et à développer des stratégies adaptées.

Les objectifs du coaching individuel :

            1.         Identifier les sources du stress : Un salarié peut parfois ne pas percevoir clairement ce qui génère son stress, qu’il s’agisse de relations interpersonnelles, de gestion du temps ou d’un manque de reconnaissance. Un coach aide à dénouer ces éléments.

            2.         Améliorer la gestion émotionnelle : Les exercices d’intelligence émotionnelle permettent de mieux comprendre et maîtriser les réactions face aux situations stressantes.

            3.         Stimuler la proactivité : Le coaching aide à sortir d’une posture passive face au stress pour adopter une démarche proactive et orientée solution.

Un coaché qui apprend à mieux se connaître et à dépasser ses croyances limitantes accède à une meilleure gestion du stress. Je ne peux qu'insister sur l’importance de cultiver l’alignement entre les valeurs personnelles et les objectifs professionnels pour réduire la dissonance, une source majeure de stress. Par exemple, lorsqu'un salarié ressent un conflit entre son rôle et ses aspirations, le coach peut l’aider à redéfinir ses priorités et à aligner ses choix professionnels avec ses valeurs fondamentales.

L’un des exercices que je trouve intéressant dans ce registre est "ls niveaux logiques de DILTS".


Niveaux logiques de Robert DILTS

Le coach invite le coaché à remonter sur les différents niveaux allant de son environnement, à son identité et à redescendre en connectant ses comportements, compétences, à ce qui fait sens pour lui et son identité. Cela renforce le sens profond de ce qu'il est, en lien avec conscience de ses capacités et son sentiment d’autonomie, et comment il opeut le mobiliser au service de son enjeu.

Le coaching d’équipe : créer des dynamiques positives pour gérer le stress collectivement

Le coaching d’équipe ne vise pas seulement à résoudre des problèmes ponctuels. Il permet de créer des synergies et d’installer une culture collective de gestion du stress.

Les objectifs du coaching d’équipe :

            1.         Renforcer la communication : Des tensions non dites ou des malentendus au sein d’une équipe sont des facteurs de stress majeurs. Le coaching d’équipe favorise une communication claire et constructive. Les outils MBTI et DISC sont de puissants leviers pour renforcer la communication en permettant à chaque membre de l'équipe de mieux connaitre et comprendre ses collègues, de renforcer la confiance et d'apprendre à mieux travailler ensemble.

            2.         Clarifier les rôles et responsabilités : Lorsque les frontières des rôles sont floues, le stress peut s’intensifier. Un coach d’équipe aide à structurer et clarifier les contributions de chacun.

            3.         Créer une culture de soutien mutuel : Le stress devient plus gérable lorsque l’équipe devient un espace de coopération plutôt que de compétition.

Une équipe qui apprend à développer son intelligence collective est plus résiliente face aux tensions externes. Bâtir une vision commune et intégrer chaque membre dans un processus décisionnel inclusif, réduit le stress lié au sentiment d’exclusion ou de surcharge.

Lors d’un coaching d’équipe, on peut prévoir des ateliers où chaque membre partage ses défis personnels, suivis d’une réflexion collective sur les solutions potentielles. Cela réduit l’individualisation du stress et renforce la solidarité.

Un autre exemple est le jeu des scénarios stressants. Le coach présente des situations simulées de tension professionnelle (par exemple, un conflit entre collègues ou un objectif non atteint). Ensemble, les membres de l’équipe travaillent à élaborer des réponses communes, apprenant ainsi à gérer des défis réels avec plus d’efficacité et moins de stress.

  

Le coaching, qu’il s’adresse à un individu ou à une équipe, est un outil incontournable dans la gestion du stress professionnel. En mobilisant le savoir faire d'un coach professionnel, expérimenté et connaissant parfaitement le monde de l'entreprise le coaching permet non seulement de créer les conditions du bien-être, mais aussi celles de la performance collective et individuelle. Le coaching incarne une approche humaine et transformative, où le stress cesse d’être un ennemi pour devenir une opportunité d’évolution.

 

Conclusion

Le stress au travail, souvent perçu comme un poids, peut devenir un levier puissant de performance et d’épanouissement si les individus et les équipes apprennent à le gérer efficacement. Grâce à une meilleure compréhension des mécanismes du stress – utile ou négatif – et à l’intégration d’outils comme le MBTI ou le DISC, les collaborateurs peuvent développer une résilience collective et individuelle.

Les bonnes pratiques de management, combinées à un environnement de reconnaissance et de valorisation, permettent d’instaurer une dynamique où les efforts sont reconnus et les succès célébrés. L’accompagnement par le coaching, qu’il soit individuel ou d’équipe, renforce cette démarche en offrant des solutions adaptées à chaque personnalité et situation.

En fin de compte, aborder le stress de manière proactive et structurée permet non seulement de limiter ses effets néfastes, mais aussi de le transformer en opportunité de progrès et d’innovation. Chaque organisation peut, à travers ces pratiques, créer un cadre propice au bien-être et à la performance durable. C’est ainsi que le stress passe du statut de frein à celui de véritable moteur de réussite collective.

Claire Narcy

Manager de transition - Coach professionnelle certifiée, consultante senior stratégie R.H & Leadership

3 sem.

Merci Jean-Charles de ce point de vue complet sur ce phénomène naturel et universellement partagé qu'est le stress, et de cette belle mise en valeur de nos interventions sur le sujet en tant que professionnels du #coaching !

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