[Synthèse] Les pratiques de design dans l'administration, étude de cas
Le mois de l’innovation publique, organisé par la Direction Interministérielle de la Transformation Publique (DITP) a été une formidable occasion de mettre un pied dans toute sorte d’administration publique et de comprendre leurs difficultés.
Je souhaite vous présenter ma petite semaine de l’innovation publique à moi, en mettant en valeur un article scientifique sur l’innovation publique par jour. Aujourd’hui ce sera cet article au nom un peu barbare mais très intéressant : « Le design est-il soluble dans l’administration ? Trois trajectoires d’institutionnalisation de l’innovation publique ».
Depuis une dizaine d’année, les administrations publiques lancent des « laboratoires d’innovation publique », entités chargées de (re)penser les politiques publiques en plaçant l’usager au cœur des préoccupations grâce aux méthodes de design.
Un tel organisme, prônant l’innovation et donc la prise de risque, dénote avec les principes administratifs d’efficience et de « justification au premier euro ». Comment faire en sorte de pérenniser - ou institutionnaliser - ces structures dans un environnement aussi différent voire opposé ? Les auteurs, se basant sur 3 études de cas d’un laboratoire de l’Etat, régional et départemental, décomposent la mise en place et l’installation de ces laboratoires dans leur écosystème.
Quelle origine ? Toutes issues d’entités plus classiques déjà existantes (observatoire, service de prospective), leur création résulte d’un changement politique suivi d’un soutien appuyé des nouveaux élus et directions administratives, leur permettant d’acquérir une légitimité et des moyens humains et financiers. L’article souligne le rôle important d’intermédiation et de diffusion des pratiques de l’association la 27ème Région pour ses trois cas.
Le démarrage ? Les choix d’organisation des équipes diffèrent. Pour l’Etat et le département, ce sera une équipe réduite mais à temps plein. Pour la région, ce sera une équipe transverse à temps partiel sur le projet. Ces organisations auront un impact sur la suite de leurs projets.
Doucement mais surement. Toutes ont à cœur de commencer à petits pas, s’acculturer aux méthodes, se lancer sur quelques projets et faire appel à des prestataires. Faire leurs preuves lors de ces premières interventions est essentiel pour se créer une place pérenne dans l’organisation.
A travers une activité de constitution et d’animation d’une communauté, l'équipe d'innovation se positionne comme nœud de réseau, lieu d’expertise, et plateforme ressource pour certains partenaires. Se constitue ainsi un milieu où se discutent et s’affinent les choix méthodologiques et les pratiques et où les innovateurs isolés dans leur administration trouvent des soutiens.
Les tactiques organisationnelles. La création de leur service étant acté, ils doivent tenir compte de certains déterminants pour s’implanter dans l’organisation : garantir un portage politique constant ; obtenir des moyens stables comme un personnel titulaire ou des locaux ; acculturer ses interlocuteurs à ses pratiques d’innovation/design ; et devenir « tête de réseau » en se positionnant comme référent, grâce à des événements et publications fédérant une communauté d’acteurs internes et externes.
Dans une dernière partie particulièrement intéressante, les auteurs rappellent que les « organisations absorbent, transforment et digèrent (diversement) le design ». A l’image de l’approche « à petits pas » de ces structures, les premières étapes sont de l’ordre de la sensibilisation au design. L’équipe du département s’est concentré plus sur l’approche design que sur la production de fond de ses prestataires lors de leur premier projet, afin de mieux comprendre son intérêt et le reproduire.
Ensuite, le design de service, qui est une discipline large et difficile à définir ne doit pas donner lieu à des malentendus voire des conflits sur la rédaction du cahier des charges, l’appropriation de la méthode, l’appellation de designer, au contraire, il dynamise les équipes, réduit l’effet d’organisation en silo… Il faut avant tout converger vers l’objectif commun du design et de l’administration : le bien-être de ses destinataires, usagers comme agents publics.
Les auteurs : @Emmanuel Coblence et @Elsa Vivant, merci ! Pour lire l'article :