Tellement d'envies et si peu de temps

Chaque jour s'offre à moi comme un vaste océan de possibilités, et pourtant, je me sens constamment comme un marin perdu en pleine tempête, luttant pour naviguer entre mes innombrables envies et obligations. Je suis (encore) jeune, identifié comme haut potentiel intellectuel, ce qui apporte son lot de défis et de perspectives uniques. J'ai été membres de multiples associations, sans jamais réussir à y trouver mon compte. Aujourd'hui, je préside une association dédiée aux personnes HPI tout en poursuivant mes études doctorales, et si cela ne suffisait pas, chaque fibre de mon être me pousse à explorer, créer, innover...

Entrepreneur dans l'âme, j'ai toujours une idée à développer, une start-up à monter, une formation à proposer... La photographie m'attire également ; je rêve de capturer le monde sous ses innombrables facettes. Mon esprit, toujours avide de nouvelles expériences, aimerait tisser des amitiés. Pourtant, les intrications des interactions humaines me sont souvent énigmatiques, ajoutant une dimension de défi à ma soif de liens sincères. Les cultures étrangères me poussent à l'aventure, les pays lointains à l'exploration, mais l'angoisse de me retrouver dans des foules me retient souvent au seuil de ces découvertes. Ma curiosité est sans limite : parlez-moi de votre passion, et elle attisera en moi un feu ardent pour comprendre et expérimenter, malgré les barrières que je dois surmonter.

Cependant, ma quête de la perfection et mon investissement total dans chaque projet consomment un temps et une énergie considérables, des ressources que je ne possède pas toujours en abondance. Récemment, par exemple, la musique a capté mon imagination, et je me voyais déjà devenir un compositeur célèbre. Hier, c'était la photographie qui m'attirait : sans hésiter, j'ai équipé un studio complet pour capturer les nuances du monde. En parallèle, mon engagement associatif me demande de jongler entre réunions, projets et engagements sociaux, tandis que mon désir de voyager me confronte à la planification et à la gestion logistique de nouvelles aventures à travers le globe. Mais le temps reste un maître impitoyable ; il refuse de s'adapter à nos ambitions et désirs incessants.

La réalité est que chaque jour ne compte que 24 heures, et je lutte pour tout concilier. Vouloir faire plaisir à tout le monde et répondre à chaque attente, m'amène souvent à sacrifier mes propres envies. J'ai expérimenté tant de choses que je peine à définir ce que j'aime vraiment, ce que je souhaite pour moi-même. Suis-je condamné à être un éternel débutant dans un monde où l'expertise est reine?

Ce perpétuel éparpillement me conduit à une introspection abyssale sur ma propre existence et les décisions qui en dessinent le contour. Comment hiérarchiser l'important quand chaque brin d'herbe du pré semble essentiel ? Comment m'accorder des instants volés sans succomber aux affres de la culpabilité, craignant de me montrer égoïste ou négligent ? La réponse à ces interrogations est aussi complexe que le dédale des intérêts et obligations qui tisse ma vie. Je continue d'arpenter ce labyrinthe, cherchant des repères dans le flot tumultueux du quotidien.

En tant que personne HPI, mon existence ressemble à une course éperdue contre la montre, un combat acharné pour équilibrer l'immensité dévorante de mes désirs avec la fuite implacable du temps. L'acronyme HPI, à mon avis, est une étiquette mal ajustée, évoquant des super-pouvoirs et des capacités surhumaines. Or, dans un monde taillé pour la majorité — ce qui est naturellement de mise —, être HPI se traduit souvent par une désynchronisation, un décalage qui peut freiner l'épanouissement personnel et professionnel. Loin d'avoir un chemin pavé d'exceptions, nous marchons sur le même sol rocailleux que tous, sans que des ajustements soient faits pour nos pas atypiques.

Nous sommes souvent vus comme des virtuoses, dotés de la faculté innée de tout accomplir avec brio. Pourtant, derrière ce masque d'excellence, se dissimule une quête inlassable de sens et une soif ardente de réalisation personnelle, contrariées par un monde dont les rythmes sont trop rigides, trop impérieux. Cette glorification de la « haute potentialité » occulte les véritables épreuves que nous affrontons, obstruant le chemin vers une compréhension authentique et un accompagnement vraiment adapté à nos besoins distincts.

Peut-être que le véritable défi de l'intelligence réside moins dans l'accumulation incessante de savoir, et davantage dans la capacité à choisir avec discernement ce qui mérite véritablement notre temps et notre passion ardente.