Traitement médiatique des attentats : quand les chaînes de TV dérapent (Le Figaro.fr)
Au lendemain de l’attentat de Nice, le CSA a demandé aux chaînes de faire preuve d’une extrême prudence dans le traitement de l’information. Une recommandation qui fait suite à des polémiques passées.
>> L’Hyper Cacher: le cas d’école de l’erreur de BFMTV en janvier 2015
Dominique Rizet s’en veut encore terriblement et s’en est excusé à plusieurs reprises. Ce journaliste de BFMTV avait révélé en direct, pendant la prise d’otages de l’Hyper Cacher en janvier 2015, que des personnes se cachaient dans les lieux pour éviter les tirs meurtriers du terroriste Amedy Coulibaly. Une information capitale qui aurait dû rester confidentielle tant que la sécurité des victimes n’était pas assurée et qui aurait pu coûter la vie aux otages si le terroriste avait eu accès à BFMTV à ce moment-là. Une erreur journalistique qui aurait pu avoir une issue dramatique. D’ailleurs, six de ces otages avaient porté plainte contre BFMTV pour mise en danger d’autrui, une plainte qui avait ensuite été retirée alors que la chaîne s’était engagée à verser 60 000 euros au fonds social juif unifié pour le soutien des victimes du terrorisme.
La chaîne avait reconnu son «erreur» et Dominique Rizet avait présenté mon mea culpa: «Cette faute me hante. C’est vrai que cette phrase, je n’aurais pas dû la prononcer. [...] Les infos, je les avais [...]. J’avais absolument tout en temps réel. [...] Cette affaire m’a vraiment affecté. […] Bien sûr que je m’en veux et je m’en voudrai jusqu’à la fin de mes jours.»
>> 66 minutes, Zone interdite: après le 13 novembre 2015, M6 choque les téléspectateurs (et le ministère de l’Intérieur)
Le 15 novembre 2015, soit deux jours après les attentats, M6 avait diffusé sur son antenne, une édition spéciale de 66 minutes dans laquelle une caméra suivait l’intervention des pompiers, rue de Charonne dans le XI arrondissement de Paris. Or, les images montraient notamment des corps ensanglantés et sans vie jonchées sur le sol. Un contenu perturbant qui a été dénoncé par plusieurs téléspectateurs sur Twitter… ainsi que par le ministère de l’intérieur qui avait refusé que ces images passent à l’antenne. Un porte-parole avait expliqué: «Nous avons demandé à M6, au nom de la dignité humaine, de renoncer à ce sujet […]. Les conditions étaient exceptionnelles, l’émotion considérable. Ce n’était pas opportun, il y avait encore des victimes non identifiées. Nous n’étions absolument pas opposés à une diffusion ultérieure, dans une ou deux semaines. Mais pas seulement 48 heures après les attentats! M6 a écouté les consignes puis est passée outre, avançant le caractère exceptionnel du document qu’ils avaient entre les mains. Ce n’est pas acceptable». La chaîne s’était quant à elle justifiée par la voix de son directeur des magazines, Vincent Régnier: «À événement exceptionnel, traitement exceptionnel.»
Un reportage de Zone interdite diffusé en avril 2016 et relatant ces mêmes attentats avait également suscité l’émotion et la consternation d’une partie des téléspectateurs de M6. Dans l’une des séquences on voyait le kamikaze Brahim Abdeslam se faire exploser. Devant les nombreuses plaintes des téléspectateurs, le CSA avait... LIRE LA SUITE