Transfert de compétences en bijouterie
En bijouterie, mais aussi dans d’autres domaines techniques, deux enseignements peuvent être tirés de l’effervescence technologique qui a caractérisé le dernier quart de siècle : la dématérialisation et la rapidité de diffusion de l’information. Dans ce contexte, l’information technique revêt une importance économique vitale. Elle devient un atout stratégique pour les entreprises, qui doivent la gérer et l’exploiter efficacement pour rester compétitives. Paradoxalement et malgré la compréhension des enjeux, le transfert d’informations techniques au sein des entreprises se heurte encore à de nombreux obstacles.
La réaction instinctive de nombreux bijoutiers face à une information qui implique un changement est souvent la suivante : « mais on a toujours procédé ainsi ». Ce réflexe conservateur qui s'exprime par une résistance aux changements trouve ses racines dans l’essence même de notre métier. La bijouterie est un domaine où la tradition et le savoir-faire artisanal jouent un rôle central. De génération en génération, les techniques et les pratiques se sont transmises, forgeant une identité forte. Cela peut conduire à une forme de psychorigidité situationnelle, par exemple face à un expert, et devenir vite un facteur limitant au développement de l'entreprise.
De plus, différentes formes de réticences à accepter l'information peuvent apparaître au sein du management, notamment si les informations fournies dévalorisent ce qui a été fait précédemment dans l'entreprise. Quant aux opérateurs, c'est souvent le manque de formation théorique qui ne leur permet pas d'apprécier l'information à sa juste valeur et donc d'adhérer pleinement au changement. Sans parler d’autres facteurs comme le manque de communication et de coordination au sein de l’entreprise ou encore la différence de cultures et de langues. C'est pourquoi le transfert de compétences est un processus qui doit être accompagné par une aide à l'assimilation « sur mesure ».
Essentiellement, le transfert technologique est le processus par lequel une technique, une compétence ou un savoir-faire développé par un individu ou une entreprise est transféré à une autre personne ou organisation. Un transfert réussi conduit généralement à l’amélioration d’un produit ou d’un processus existant. Parfois, il ne s’agit pas seulement d’optimisation ponctuelle mais aussi de réalisation de nouveaux produits et de poser des bases de nouvelles capacités. Ce type de transfert, appelé « transfert de capacité », ouvre la possibilité pour l'entreprise de poursuivre les améliorations une fois le transfert terminé et de s'engager dans une nouvelle trajectoire économique.
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Le transfert de compétences, bien que possiblement simple et direct en présence de moyens techniques adéquats et d'un esprit ouvert, s'avère souvent être un processus complexe et itératif. Il nécessite une communication ouverte et transparente, l’acquisition de nouvelles compétences, voire des changements d’attitude et de mentalité.
Par exemple, la question initiale « Comment fait-t-on la fonte ? », bien que légitime, ne représente que la surface d’un problème beaucoup plus complexe. La vraie question à se poser est : « Que faut-il savoir pour avoir une qualité de fonderie stable ? ». Cependant, la réflexion ne s'arrête pas là, car à terme, l'entreprise doit chercher à identifier les produits et le niveau de qualité qui lui permettront de se différencier positivement de la concurrence.
Enfin, pour être pertinente, la question qui définit le transfert de compétences doit non seulement apporter des réponses à des problèmes de production spécifiques mais également inclure des solutions aux préoccupations stratégiques de l'entreprise.