Transformation numérique et ChatGPT
Si la quasi-totalité des entreprises dans le monde ont connu des échecs, des annulations ou des retards dans leurs projets de transformation numérique, une majorité d'entre elle estime qu’aujourd’hui, les progrès accomplis au sein de leur stratégie de transformation numérique sont substantiels.
C’est ce qu’il ressort d’une étude pour le compte de Couchbase, menée auprès de 600 décideurs TI à travers le monde. Les chiffres présentés ne sont pas aussi granulaires que j’aurais souhaité, mais permettent tout de même de faire un exercice comparatif entre États-Unis et Europe, que je m’apprête à vous livrer ici. Et le premier constat intéressant, c’est que depuis la sortie de la pandémie, les priorités liées aux projets de transformation numérique ont changé. Seuls 22 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles étaient restées les mêmes. Des priorités qui se renouvellent, mais aussi des budgets qui restent toujours conséquents, même si le contrôle des dépenses s'est renforcé : on parle d’une moyenne d’investissement dans la transformation numérique de 33M$ américains, qui sont dépensés là où le numérique est le plus pertinent pour l’entreprise, avec 57 % d’entre elles déclarant que leur principal objectif en matière de transformation numérique est d'améliorer la résilience et l'efficacité de l'entreprise, ce qui est somme toute logique dans une période de changement économique rapide. Et cette résilience et efficacité passe dans le changement lié aux modèles d’opération à 47% aux USA et 52% en Europe, par une réduction des coûts à 43% aux USA et 48% en Europe, par un remplacement d’infrastructure technologique et des processus à 51% aux USA et 39% en Europe, et enfin, constitue une opportunité de créer de nouvelles offres à égalité entre USA et Europe à 39%. C’est amusant de voir que les Américains considèrent qu’ils travaillent bien mais n’ont pas les bons outils, alors que les Européens sont plus critiques à l’égard de leurs façons de faire mais considèrent qu’ils ne sont pas si pires du point de vue technologique.
Maintenant, situation économique oblige, les entreprises sont conscientes de l'importance de réduire les coûts sans affecter les performances et misent sur l'importance des personnes en termes de compétences dans la stratégie de transformation numérique, leur permettant pour 54% d’entre-elles, d’aller chercher l’agilité nécessaire pour répondre aux évolutions du marché et faire face à la compétition, et pour 57% d’entre-elles d’améliorer leur résilience. Tout ça nous permet de constater que les projets de transformation axés sur la créativité, sont mis en veilleuse pour le moment, étant donné qu’ils ne génèrent pas des succès immédiats dans la plupart des cas. L’efficacité instantanée semble prendre le dessus dans l’ensemble des priorités, et selon cette étude, ce serait le cas pour les 12 prochains mois avec dans le viseur, l'augmentation de la rentabilité de l’entreprise, de la productivité des employés et de la performance des applications, le tout mixé avec la réduction des dépenses. L’expérience client ne venant qu’après tout cela, mais tout de même juste avant l’expansion géographique.
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Alors, si les budgets liés à la transformation numérique des entreprises semblent bien passer au travers le temps, cela ne veut pas dire qu’ils ne viennent pas avec un certain contrôle de la part des directions financières : 49% des responsables TI interrogés au niveau mondial sont ainsi confrontés à un contrôle renforcé des budgets et à davantage de questions venant de leurs collègues des finances sur les investissements TI. Toutefois, dans cette étude, les signaux positifs restent nombreux. D'abord et surtout, les budgets consacrés à la transformation numérique continuent de progresser, de quelques points de pourcentage en moyenne. Autre indicateur favorable : la pression de la haute direction n'apparaît pas parmi les principaux facteurs à l'origine des projets de transformation numérique, ce qui suggère que la plupart des directions générales font confiance au processus décisionnel dans les TI, selon les auteurs de l’étude. Autrement dit, la pertinence des décisions des CIO, des CDO ou CTO n'est pas remise en cause. D’ailleurs, 35 % des personnes interrogées déclarent que leur service informatique est plus sollicité aujourd'hui qu'il ne l'a jamais été au cours des cinq dernières années. Trouver les bonnes technologies modernes et rentables étant la clé pour relever ces défis, mais pas seulement. Avoir une bonne planification et une idée claire des principales priorités aidera également, mais malheureusement, il semblerait que pour 38% des personnes interrogées, ce ne soit pas le cas, bien au contraire. Et cela a des conséquences. En moyenne, les entreprises ont investi 14 % de leur budget de transformation numérique dans des projets qui ont échoué, ont été annulés ou qui ont subi des retards importants, soit l'équivalent de 4,4 millions de dollars. Et pour 68 % des organisations, ces échecs, annulations et retards ont repoussé les objectifs de la transformation numérique de plus de trois mois, ou pire encore, pour 24 % d'entre elles, de plus de six mois.
L’étude nous démontre bien que la transformation numérique reste un élément essentiel de la stratégie des entreprises ; qu'elle leur donne la résilience dont elles ont besoin. La question à présent est de savoir ce qui se passera à l'avenir. Quelles sont les technologies sur lesquelles les entreprises se concentreront-elles ? Lorsqu'elles planifient des projets de transformation numérique, les équipes informatiques sont souvent soumises à des pressions de la part du reste de l'entreprise pour qu'elles adoptent de nouvelles technologies, que ce soit pour atteindre des objectifs stratégiques spécifiques ou tout simplement pour suivre les tendances du secteur. Et là, je vous entends déjà, vous voulez certainement savoir si mondialement, les entreprises vont adopter la grande vedette de l’année j’ai nommé l’intelligence artificielle générative. Et bien sachez que, toujours selon cette étude, bien que l’IA soit très prometteuse dans sa capacité à accélérer et à transformer les entreprises, les équipes TI ne sont pas tant sous pression pour l’adopter rapidement. Et non. Il parait que les entreprises sont conscientes de la nécessité de comprendre pleinement ces technologies avant d'aller de l'avant. Alors c’est quoi qui arrive en tête ? Et bien sans surprise (et je mets un bémol ici étant donné la spécialité de l’entreprise en arrière de l’étude), c’est l’informatique dématérialisée avec 42% des équipes TI qui subissent la pression de l’adopter. Elle est suivie de près par l’informatique de proximité, à 40%, du « low code no code » à 39%. Même les bonnes vieilles réalité virtuelle et blockchain arrivent avant l’IA générative, avec respectivement 38% et 37%. Et effectivement, ChatGPT se contente que de l’avant avant dernière place, avec un 35% et ne bat que le Web 3.0 avec son 29% et les FinOps avec leur 27%, mais dans leur cas, elles ont une excuse, c’est juste parce que leurs bénéfices sont déjà clairs pour tout le monde.
Président chez JPL Solutions | Expert en Solutions Web et Marketing Numérique | Passionné de Technologie et Innovation | Conseiller en Stratégie Digitale | Créateur de Succès en Ligne
1 ansSimon Chamberland 🌳
Advisor - Digital Innovation/Digital Transformation ICT ------- MIT Sloan Executive
1 ansArticle très intéressant. Merci Stéphane Ricoul L’efficacité instantanée qui prend le dessus sur les priorités… c’est assez représentatif de la réalité. J’ai peur que cela ne nous rende complètement accro et que notre capacité de challenger tout ce contenu instantané ne soit diminué…
Prospectiviste, stratège et associé-fondateur de Coboom | Boutique de conseil en management d'impact certifiée B Corp (Score 142.6)
1 ansExcellent article Stéphane !
Leader de pratique, gestion du changement organisationnel | OCM Lead | Fière ambassadrice @ ESG UQÀM
1 ansStéphane Ricoul ta réflexion sur l'efficacité instantanée résume bien la tendance post-Covid dans les entreprises, en matière de stratégie affaires et TI, de plus en plus axée sur la transformation numérique des processus et la transformation opérationnelle pour atteindre la résilience dont elles ont besoin. Ce qui se passe dans la transformation de la chaîne d'approvisionnement en est un bon exemple. Les technologies basées sur la convergence qui standardisent et harmonisent les processus, optimisent le modèle opérationnel et les données pour une meilleure prise de décision et améliorent les performances ont le vent en poupe.
Consultant TI | devops, cloud
1 ansExcellent texte Stéphane Ricoul , merci de résumé cette étude. Juste une question d'ordre générale. Tu dis "L’efficacité instantanée semble prendre le dessus dans l’ensemble des priorités" et tu continue de parler de cette tendance en terme de "transformation numérique". Quel est ta définition de la transformation numérique? Est-ce un synonyme d'activité TI ou d'utilisation de la technologie en entreprise? Ou bien il y a des caractéristiques particulières qui permettent de qualifier une activité de transformation numérique et qui la distingue de la simple adoption d'une nouvelle technologie?