Transition numérique, quand le monde des startups rencontre celui du CAC 40
Grandes entreprises et startups se sont longtemps regardées en chiens de faïence, chacun campant sur ses positions, chacun s’évitant soigneusement. Aujourd’hui, la porosité entre les deux mondes s’avère une nécessité. Chacun des deux mondes a à apprendre de l’autre. A tous points de vues, y compris celui de la communication.
Les vents de la Silicon Valley
Faut-il que tout change pour que rien ne change, ou bien sommes-nous entrés dans une phase de transformation tellement radicale qu'il faut tirer un trait sur la vision du monde que nous avons toujours eue ? Un monde économique qui mutait, certes, mais dont les transformations se faisaient par petites touches impressionnistes, avec cette discrétion euphorisante, qui faisait que oui, nous avions la sensation du changement sans toutefois nous départir du confort de la solidité de nos modèles établis.
Les vents de la Silicon Valley ont bouleversé le monde. Ils ont radicalisé la notion même de transformation. La Silicon Valley a écrit son récit, à coup d'inventions qui faisaient entrer notre monde non plus dans le futur mais au-delà. Dans des dimensions que seuls les récits de science-fiction populaire avaient envisagées. Soudain, le futur n'était plus la projection imaginaire de quelques auteurs visionnaires plus ou moins hallucinés, mais une réalité qui bouleversait des secteurs entiers de l'économie. Il est fascinant de constater que les startups de la Silicon Valley ont leurs héros, leurs célébrations, leurs légendes. Elles sont entrées dans l’inconscient collectif, de façon plus durable, plus raisonnable que la première vague de la fin des années 90, balayées par la dépréciation brutale de la bulle au début des années 2000. Elles ont démontré leur résilience, leur capacité à se mettre en scène Elles ont instillé l’idée qu’être entrepreneur pouvait être un destin enviable, quel que soit le côté de l’Atlantique.
" Too big to fail" a été longtemps un mantra que les grandes entreprises se répétaient pour se rassurer.
L’esprit startup
La vision californienne a fait école, la philosophie diffusée par les Steve Jobs, Mark Zuckerberg ou Elon Musk a gagné l’Europe, y compris une France parfois frileuse. Elle a trouvé ses thuriféraires partout dans le monde. Nos entreprises, quelles qu'elles soient, quelle que soit leur taille, ont été placées au pied du mur. Il est loin le temps où l'on pouvait balayer d'un revers de main ou d'un mot sarcastique la notion même de transformation, d'innovation, de changement. La transformation numérique va au-delà même de la simple notion d'évolution. "Too big to fail" a été longtemps un mantra que les grandes entreprises se répétaient pour se rassurer. Preuve a été faite que même les plus solides capitalisations boursières pouvaient se voir fragilisées faute de savoir s'adapter au grand changement de paradigme de la révolution numérique. Les grands du CAC 40, pour ne parler que de la France, ont dû progressivement s'interroger sur leur capacité à coexister avec de nouveaux acteurs, moins bien élevés, moins policés et s'imposant dans des niches toujours plus importantes. Pouvaient-ils longtemps rester dans le déni ? Ou du moins la conviction profonde que non, les ruptures radicales c'était pour les autres, que les modèles validés, inscrits dans le marbre, patinés par le temps, solides, robustes et éprouvés, allaient perdurer ad vitam aeternam. Que ces nouveaux acteurs n'avaient pas les reins suffisamment solides pour s'inscrire dans le temps long, que ce n'était qu'une bulle qui allait exploser, qu'il fallait miser sur des valeurs durables. Les usages ont évolué, les mentalités aussi. Les grands ont finalement perçu certaines de ces évolutions majeures, des capitalisations boursières démesurées, un bouleversement de la hiérarchie des multinationales. Qui aurait anticipé le poids des GAFA dans l'économie mondiale ? Le temps de le réaliser et de l'accepter sont passés. Le temps de s'y adapter est venu.
Transformation et communication
Les métiers de la communication ont dû eux aussi prendre à bras le corps ce nouvel ordre mondial, essayer d’en comprendre les rouages, ne pas être en mode défensif, s’ouvrir, faire preuve de curiosité et intégrer tout ce qu'il y a à découvrir dans ce nouveau monde. La transformation numérique a amené les experts de la communication à jouer un rôle de passeurs ; comprendre le monde, comprendre ses mutations, nous en irriguer, transmettre cette compréhension des nouveaux enjeux à des acteurs de poids.
La fréquentation des startups nous permis de comprendre les mécanismes de la transformation numérique
C'est tout le sens de notre démarche en direction des startups. Nous avons fait le constat de leurs besoins de consolidation d'image, de la nécessité impérieuse d'un accompagnement dans la construction de fondations solides. Elles nous ont apporté leur fraicheur, leur approche décomplexée du monde des affaires, mais aussi leur sens de l'audace, de la conquête, du combat. La fréquentation des startups nous permis de comprendre les mécanismes de la transformation numérique, la volonté d'aller de l'avant, la remise en question des certitudes et des dogmes, mais aussi le besoin de s'appuyer sur les fondamentaux de l'entreprise. Comme toute entreprise elles ont besoin d’un récit fondateur. Un récit susceptible d’instiller l’esprit startups au sein des grosses organisations.
Il n’y pas d’avenir sans innovation. La seule différence, c’est son accélération.
Nous avons appris, nous avons initié notre propre processus de transformation numérique. Nous croyons en l'abolition des frontières entre startups et grandes entreprises. Les unes doivent s'inspirer de nouveaux modes de pensées, plus agiles, plus flexibles, plus réactives, plus dans l'anticipation, plus dans la détection de tendances. Les autres doivent se projeter dans un futur ou rien n'est impossible, où elles seront devenues des poids lourds tout en conservant leur capacité d'émerveillement et de remise en question permanente. Ce que j’aime chez les startups et ce qui a toujours guidé mon action à la tête d’Image Sept, c'est cette capacité à ne rien considérer comme acquis et cette fraîcheur presque adolescente de la conquête de nouveaux horizons. Nous redécouvrons une vérité simple : il n’y pas d’avenir sans innovation. La seule différence, c’est son accélération.
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Président chez BIPP-BIPP SA | Planification de projets
6 ansCela fait 40 ans que je me considère comme une startup cela me permet de réfuter la standarisation des produits Par contre nous avons encore les pieds sur terre
L’Ex-dirigeant qui coache les dirigeants | Transformons ensemble vos défis en opportunités
7 ansChez Fioulmarket, nous avons adopté l’esprit start-up dans un grand groupe comme Total. Aussi, nous nous appuyons sur la qualité de service et l'expérience du grand groupe tout en ayant une formidable agilité. C’est cet équilibre pas simple à trouver qui permet de prendre le meilleur des 2 mondes. Et ça marche ! Nous avons notre innovation, nos hackathons, notre équipe IT interne, notre culture très agile... j’ajouterai que ce modèle nous oblige à la fois à être innovant mais aussi fortement ROIste. Nous sommes la preuve vivante que ce modèle peut marcher 😊
Directeur Relation Client et Distributeur - Membre du COMEX AXA Banque
7 ansJe vais être contrarian. Les startups, c’est tendance. La culture startup (T-shirt / Babyfoot / coworking spaces) est sympa. Franchement le discours les grandes boites et les startups vont bien ensemble, c’est du prêt à tweeter main stream pour followers main Stream. Rien de nouveau le monde des startups a toujours rencontré celui des grands groupes. Il y a 50 ans, 40 ans, 30 ans, 20 ans, 10 ans. B to B et M&A obligent ! Ce qui est nouveau c’est la très forte acceleration de la révolution numerique et le risque pour les groupes de grande taille d’être kodakisés. Urgence donc d’être paranoïaque cf Seuls les paranoïaques survivent https://www.amazon.fr/dp/2744061050/ref=cm_sw_r_cp_api_0KpnAbTPNHJA6
Director for Public Relations à ESCP Business School
7 ansEt cela se confirme pour 2018: nous assistons en effet à l’émergence de nouveaux écosystèmes: la création de richesses émerge lorsque l’innovation technologique, la créativité et l’entrepreneuriat se déploient ensemble. La créativité est engendrées par des hommes et des femmes qui travaillent dans des structures de toutes tailles. De ce point de vue, la définition que donne le Professeur Michael Porter d’un business cluster est édifiante: des concentrations géographiques de sociétés interconnectées, de fournisseurs spécialisés, d’institutions qui y sont associées ( universités, agences...) qui sont parfois rivales mais coopèrent également. Une décision s’avère particulièrement critique: quand partager les idées et les moyens librement, quand s’en assurer la propriété ( intellectuelle et normative). Ce qui plaide en faveur d’équipes transversales et aux multiples compétences, dans le secteur privé comme dans le secteur publique.
Creative Strategist • Innovation Catalyst • Design "Syncing"® (Think-Do-Align) • Executive Coaching
7 ansBelle synthèse introductive. Il est troublant, en revanche, qu'à propos des métiers de la communication, vous n'évoquiez que votre rôle de compréhension des enjeux, de passerelles et votre relation avec ce nouveau type de clients que sont les start-ups, comme si votre métier sur le fond n'avait pas changé. Or, la "révolution numérique"me semble avoir profondément renouvelé le genre et on aimerait vous entendre sur les changements induits sur vos compétences, vos talents, la concurrence et l'inter-relation avec les bloggueurs et autres influenceurs hors de toute structure. Un prochain billet sans doute ? :)