Transport sanitaire urgent : aller de l'avant après 20 ans d’hésitation !
La réforme de la garde départementale est de nouveau annoncée. Je saisis l'occasion pour publier quelques courts articles sur le transport sanitaire urgent. Une retrospective et des propositions : les ambulanciers sont des acteurs indispensables du secours à personnes !
2001-2009 : un bon en avant : la mise en place de la garde départementale
Mon parcours dans le transport sanitaire débute en 2001. Je travaille pour l’ATSU74 et participe à une expérimentation préalable à la généralisation de la garde départementale du transport sanitaire : un site dédié pour chacun des cinq secteurs de garde, un coordinateur ambulancier présent au centre 15 toutes les nuits et les week-ends, les transports secondaires pris en charge sous supervision SAMU pendant la nuit : ce sont les trois principes de cette expérience. Cette organisation est maintenue après la généralisation de la garde en 2003. Les résultats sont là : progression des missions et fiabilité de l’organisation ambulancière. Elle est pourtant exceptionnelle et le demeure. Ailleurs, l’organisation de la garde est très souvent beaucoup plus légère.
Globalement la garde résout les difficultés liées à l’absence de moyens ambulanciers dans les périodes de faible activité. Mais on atteint pas partout le même niveau d’efficacité :
- Il n’y a pas de méthode pour dimensionner les secteurs et les moyens : les différences sont flagrantes entre les départements qui avec une population similaire compte un nombre de secteurs allant du simple au double.
- Faute de concertation suffisante avec les acteurs opérationnels du secours, SAMU et SDIS, l’organisation ambulancière se superpose avec les dispositifs existants au lieu de s’articuler efficacement. Le niveau d’activité des moyens de garde sont alors faibles et parfois quasi inexistant.
- Les ATSU, dépourvues de moyens dédiés à leur fonctionnement, sont incapables de se professionnaliser et de prendre leur place d’organisatrices du secours ambulancier.
- Le mode de rémunération de la garde, identique partout, est beaucoup plus favorable dans les zones densément peuplées, beaucoup moins dans les métropoles très denses et dans les zones rurales. Cette situation créée rapidement des situations problématiques car la rémunération est inférieure aux coûts de revient d’un équipage ambulancier dans beaucoup de secteurs.
- Enfin, les objectifs qualité de la réponse ambulancière sont fixés de façon floue et hétérogène d’un département à l’autre.
La réforme de la garde départementale est incomplète et ses manques vont peu à peu entrainer une dégradation de la réponse ambulancière.
Le temps des référentiels
Successivement en 2008 et 2009 sont publiés les référentiels « organisation du secours à personnes et de l’aide médicale urgente » traitant des relations entre SAMU et SDIS et « organisation de la réponse ambulancière à l’urgence pré-hospitalière ». Alors que la mise en place du premier est rendue possible par les moyens dont disposent les SDIS, le second pêche par des ambitions qui ne peuvent être atteintes faute de volonté et de moyens.
Cette situation engendre une large déception pour les compagnies d’ambulances qui s’accompagne d’une démobilisation pour certaines.